Petits pingouins en érable peint, réalisés au tour à bois ...sauf pour les ailes et le bec bien sûr ! |
Une varlope est un rabot qui possède une semelle allongée. Elle est utilisée par le charpentier, le menuisier et l'ébéniste pour aplanir le bois. Au Québec on utilise le verbe "varloper" dans son sens propre, c'est-à-dire aplanir du bois au moyen d'une varlope, mais lorsqu'il s'applique à une personne varloper signifie plutôt "critiquer sans ménagement " ou « subir une cuisante défaite aux mains d’un adversaire »
lundi 15 décembre 2014
Voeux des fêtes 2014
vendredi 12 décembre 2014
Secrétaire contemporain
Le projet de créer un secrétaire de style
contemporain m’est venu il y a deux ans quand j’ai réalisé qu’il serait très
agréable de disposer d’un petit coin travail près du foyer du salon. Dans les
années 80, j’avais déjà eu l’idée de fabriquer pour mon bureau un
secrétaire classique à cylindre en chêne rouge à partir d’un plan américain.
J’étais encore dans ma période « arts et traditions populaires » où
je reproduisais des meubles anciens. Pour mon bureau j’avais finalement abandonné
le projet du secrétaire à cylindre qui était difficile à adapter à mes besoins
informatiques, j’ai donc misé sur une surface ouverte en « L » où le
côté pratique et l’ergonomie l’ont emporté sur le style. Le projet d’un espace
travail au salon était différent cette fois, le meuble devait avoir du style,
car il est dans l’espace d’accueil de la maison, exposé à tous les regards. Par
ailleurs, comme c’est un espace de travail occasionnel je pouvais en réduire la
taille et mettre le style à l’avant plan du concept, sans toutefois trop
sacrifier sur l’ergonomie.
Secrétaire aux lignes contemporaine en érable, érable ondé et zébrano. |
Le caisson qui surplombe le plateau dissimule dans sa section centrale une barre électrique pour brancher portable et tablette. |
Le luminaire de DEL demeure très discret ...mais efficace ! |
Comme à mon habitude j’ai commencé le
travail de création par une recherche de style, autant sur le web que dans les
revues spécialisées. Dès le départ j’ai constaté qu’il était difficile de
réinventer complètement le secrétaire qui regroupe une surface de travail et un
certain de nombre de rangements pour le petit matériel de bureau et la
papeterie. À l’époque de Louis XIV, le secrétaire avait atteint un tel
degré de sophistication que sa réalisation nécessitait le travail concerté de
nombreux artisans, de l’ébéniste au ciseleur en passant par le doreur et
l’horloger. Modernité oblige, même si le secrétaire d’aujourd’hui n’est pas nécessairement
un poste informatique il doit faciliter l’usage d’un ordinateur portable, d’une
tablette et de différents outils de communication. Dans sa forme classique, le
secrétaire dispose de tiroirs en dessous et au-dessus du plan de travail et
d’un cylindre qui limite l’accès à la surface de travail et aux compartiments
supérieurs. On peut comprendre qu’avant l’informatique il était nécessaire de
limiter physiquement l’accès à sa comptabilité où à ses lettres d’amour, mais
aujourd’hui le secrétaire peut facilement se départir de ses entraves et
devenir un meuble attrayant, adapté à différents usages.
Dans la conception de mon secrétaire, j’ai
décidé de conserver le principe de placer du rangement en dessous et au-dessus
du plan de travail. Je voulais également trouver une solution pratique et
élégante pour le branchement des nombreux chargeurs de nos téléphones mobiles,
tablettes, liseuses et autres « bidules » électroniques. Plutôt que
de placer une horrible barre électrique au pied du secrétaire avec tous les
fils qui pendulent de la surface de travail, j’ai décidé de dissimuler la barre
dans un compartiment fermé au-dessus de la surface de travail, ainsi la barre
électrique demeure très accessible et à la hauteur des yeux, du coup, fini les
contorsions sous le meuble pour brancher les appareils. Le compartiment de la
barre électrique est lui-même placé au centre d’un petit caisson étroit qui est
accroché à deux supports à 5’’ (13 cm) de la surface de travail. En plus
de supporter le caisson, les deux supports latéraux, réalisés en zébrano, servent
à dissimuler le filage, le transformateur et le gradateur du luminaire DEL
placé à l’avant du caisson afin d’éclairer le plan de travail. La base du
secrétaire en érable et érable ondé demeure assez classique avec un piétement à
pattes effilées et trois tiroirs sous le plan de travail. Cette base acquiert
un trait distinctif grâce aux façades de tiroirs en zébrano (connu également sous le nom de zingana son nom botanique est "Microberlinia brazzavillensis") et l’insertion de
marqueterie placée à 4’’ (10 cm) de l’extrémité de chaque patte.
Comme pour mes autres projets, j’ai
modélisé le secrétaire avec Sketchup 8 et j’ai procédé ensuite à un rendu
photographique en utilisant Kerkythea. Avant même de découper une seule pièce,
j’avais donc un très bon aperçu du « look » final de ce meuble (voir
illustration). La complexité relative du projet nécessitait un plan assez détaillé,
surtout pour bien évaluer la quantité de bois requis et choisir les meilleures
stratégies d’assemblage pour chacune des pièces.
Les pattes effilées de la base ont constitué le point de départ du projet, car en plus de supporter l’ensemble du meuble elles contribuent par leur finesse à son élégance. Il est relativement simple de fabriquer ce type de pattes sur la scie à ruban ou le banc de scie grâce à un gabarit. Comme j’ai déjà réalisé ce type de pattes pour d’autres projets, j’avais déjà un gabarit pour ma scie à ruban. Ce gabarit artisanal (voir photographie plus bas) a la particularité de s’adapter facilement à la dimension de la patte à découper grâce à des ajustements à ses deux extrémités. Pour assurer une plus grande stabilité de la pièce, j’ai collé du papier abrasif (120) sur les surfaces de mon gabarit (voir photo).
Les pattes effilées de la base ont constitué le point de départ du projet, car en plus de supporter l’ensemble du meuble elles contribuent par leur finesse à son élégance. Il est relativement simple de fabriquer ce type de pattes sur la scie à ruban ou le banc de scie grâce à un gabarit. Comme j’ai déjà réalisé ce type de pattes pour d’autres projets, j’avais déjà un gabarit pour ma scie à ruban. Ce gabarit artisanal (voir photographie plus bas) a la particularité de s’adapter facilement à la dimension de la patte à découper grâce à des ajustements à ses deux extrémités. Pour assurer une plus grande stabilité de la pièce, j’ai collé du papier abrasif (120) sur les surfaces de mon gabarit (voir photo).
Gabarit artisanal pour couper un angle le long des pattes sur la scie à ruban. On peut ajuster l'angle de coupe en déplaçant le guide (au centre sur la photo ) à gauche ou à droite. |
Coupe à angle sur la scie à ruban grâce au gabarit que l'on glisse comme un chariot le long du guide parallèle de la scie. |
Plan Sketchup (version 8) du secrétaire en transparence . |
Dans le projet de secrétaire chaque patte
mesure 29 pouces (74 cm) elles font 1 ½ x 1 ½ (4 cm x 4cm) à la tête
et ¾ x ¾ (2 cm x 2cm) au pied. Les 5 premiers pouces de la tête de chaque
patte (section qui correspond à la ceinture du meuble), ont des côtés
parfaitement parallèles, c’est dans cette portion que sont découpés les
mortaises qui vont recevoir les tenons des longerons et des traverses. La coupe
à angle (sur la scie à ruban avec le gabarit) des 4 faces de chaque patte se
fait donc sur une longueur de 24 pouces. Pour faire disparaître les marques de
coupes laissées par la scie à ruban, j’ai raboté chaque face. Il est donc
important de laisser un peu d’espace (1/16’’ à 1/8’’) au-dessus des lignes de
coupe pour prévoir la perte d’épaisseur résultant du rabotage. Une lame de
rabot bien aiguisée laissera une surface très lisse nécessitant peu ou pas de
sablage.
Le longeron arrière de la base avec les 4 guides de tiroir latéraux |
L’assemblage de la base du secrétaire est
assez classique : tenon-mortaise
pour les longerons et traverses et double tenons-mortaises pour le longeron
avant et celui des tiroirs. J’ai réalisé la découpe de toutes les mortaises à
la mortaiseuse (installée sur une perceuse à colonne) alors que les tenons ont
été façonnés sur un banc de toupie. Les assemblages en queue d’aronde des
tiroirs (mi-aveugles en façade et traversants à l’arrière) ont été réalisés à
l’aide d’une toupie et d’un gabarit à queue d’aronde Porter-Cable. Le collage
de la base a été réalisé en trois étapes :
- Les longerons de façade et les deux séparateurs verticaux des tiroirs (voir photo)
- Le longeron arrière, les guides de tiroir avec l’ensemble 1 (voir photo)
- Finalement les 4 pattes, les traverses avec l’ensemble 1 et 2
Collage des longerons aux diviseurs de tiroir |
Collage des longerons arrière et avant et des guides de tiroir |
En procédant en 3 étapes cela permet de
réaliser un meilleur assemblage tout en réduisant le stress associé au temps de
prise de la colle PVA, qui varie généralement entre 15 et 30 minutes en
fonction du degré d’humidité de l’atelier. Le plateau est finalement fixé à la
base par trois vis situées sous le longeron avant et par 7 tasseaux de support
qui s’insèrent dans des rainures (réalisées à la toupie) dans le longeron arrière
et dans les guides latéraux de tiroirs, cette méthode d’assemblage permet de
compenser les mouvements saisonniers du plateau composés de plusieurs planches
laminées.
La partie plus « innovante » de
ce projet demeure sans contredit son caisson qui est suspendu au-dessus du
plateau, accroché à deux supports en zebrano qui évoquent la forme de livres
fermés. Le caisson et ses supports ont un panneau arrière amovible ce qui
permet d’installer la barre électrique, le transformateur basse tension pour
alimenter le ruban de lumières DEL, le gradateur basse tension (12v) et de
faire circuler le filage nécessaire. Le panneau arrière des supports est
maintenu en place par deux aimants circulaires alors que celui du caisson est vissé.
Le ruban de lumière DEL est collé au fond d’un luminaire DEL en aluminium,
en fait il s’agit d’un profil d’aluminium sur lequel se fixe un diffuseur de
polymère, le profil est lui-même encastré dans une rainure de 11/16’’ (environ
20 mm) de largeur et de ¼’’ (6 mm) de profondeur et couvre la largeur
complète du caisson soit 36 pouces (91 cm). Les composantes de ce système
d’éclairage sont disponibles chez Lee Valley.
Assemblage d'un support en zébrano avec des goujons. |
La finition se résume à l’application de 3
couches de vernis acrylique semi-lustre. Ce type de vernis offre l’immense
avantage de conserver la teinte naturelle de l’érable et d’accentuer le
contraste entre l’érable et le zébrano.
jeudi 6 novembre 2014
Le rapport du GIEC 2014
Êtes-vous surpris ? Le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) confirme une
fois de plus que le réchauffement climatique, attribuable aux émissions de CO2
résultant de l’activité humaine, est d’une telle ampleur qu’il nous faut agir
avec vigueur pour simplement ralentir la tendance à défaut de l’inverser. Ce
qui est surprenant cette fois, c’est que les experts du GIEC affirment qu’il
sera possible d’agir sans réduire la croissance. Leur thèse repose sur le fait
que les efforts nécessaires pour diminuer les émissions de GES stimuleront plusieurs secteurs de
l’économie ce qui devrait
compenser les pertes associées à l’exploitation et à l’utilisation des énergies
fossiles. Bref, en reboisant les
forêts, en convertissant le parc automobile à l’électricité, en s’équipant
de sources d’énergie propre, en
rapprochant les producteurs d’aliments des consommateurs ou en développant de
nouvelles manières de séquestrer le carbone nous pourrions stimuler l’économie d’une manière
positive tout en s’attaquant de front au problème des émissions de GES et de
leurs conséquences dramatiques sur les écosystèmes de la planète. Je crains fort cependant que le GIEC
sous-estime l’inertie des gouvernements, et la capacité des individus à bien comprendre les enjeux qui
dépassent l’horizon de leur cour arrière. Soyons réalistes deux minutes : pour simplement ralentir le
réchauffement climatique, nous devrions dès maintenant réduire notre
dépendance aux énergies fossiles... Or partout où je porte mon regard, je
n’observe que le contraire : le parc automobile augmente (dans ma propre
rue il n’est pas rare de compter 2 et même 3 voitures par maison), le réseau autoroutier s’étend, les entreprises délocalisent
leurs productions ce qui ajoute du transport pour rejoindre les marchés, les
mégas navires de croisière se multiplient, l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité ne
cesse de progresser (60% des émissions mondiales de GES entre 2001 et 2013 sont
attribuables à la combustion du charbon), le trafic aérien n’a jamais été aussi
dense et je ferme les yeux sur
toutes les utilisations du pétrole associées aux loisirs ... Bref, le GIEC a du pain sur la planche pour
inciter les États à convertir leurs économies. En donnant une majorité aux républicains, lors des élections
de mi-mandat aux États-Unis, les Américains risquent maintenant de dire oui aux
sables bitumineux et à l’oléoduc Keystone XL .... rien de rassurant pour l’avenir de la planète !
Je ne crois pas qu’il soit possible de réduire les émissions
de GES sans renoncer au credo de la croissance économique, comme l’a soutenu Albert Jacquard
jusqu’à son dernier souffle en 2013.
Dans les faits, son message allait beaucoup plus loin, car pour lui il était impossible de
maintenir une croissance économique éternelle tout en soutenant que les
ressources de la terre étaient infinies, tôt ou tard l’humanité fera naufrage
si elle continue de naviguer dans cette direction ! Ce n’est pas avec des yeux
d’économistes qu’il faut continuer d’évaluer la portée de nos gestes, mais avec
ceux de terriens qui doivent agir en harmonie avec l’ensemble de la biosphère.
En passant, je vous donne la référence d’un site français
extrêmement bien fait qui donne en « temps réel » des données
statistiques sur l’ensemble de l’activité humaine de la planète, incluant les
émissions de CO2, la mortalité, la natalité, la consommation de carburants, le
recyclage des déchets, le nombre de prix littéraires (oui oui !) ...très complet
et parfait pour s’extirper la tête du sable et faire les constats qui
s’imposent : http://www.planetoscope.com/
vendredi 31 octobre 2014
Le projet de terminal pétrolier à Cacouna ; vertu et écologie vs profits et pétrole
Face à la mobilisation citoyenne à Cacouna, deux motocyclistes
ont décidé de « rincer » leur moteur pour étouffer la voix de la
contestation... leur argumentaire : protester contre le fait que les
manifestants étaient en majorité des gens de l’extérieur de la région pour qui
la protection de quelques mammifères marins est plus importante que la création
d’emploi et la prospérité économique. Pendant ce temps dans la Capitale, le
premier ministre Couillard rappelait aux distingués membres de l’Assemblée nationale
que le Québec est encore une province du Canada et qu’il doit contribuer à la
richesse collective en facilitant la vente du pétrole albertain à l’étranger.
Pas très loin de là, à l’Université Laval, David Suziki recevait un doctorat
honoris causa pour l’ensemble de son œuvre et son engagement envers la cause
environnementale, Le Soleil qui a couvert l’événement publiait dans la même
page que l’article une publicité de TransCanada pipelines... Sans doute une
forme d’humour noir!
Nous vivons vraiment dans un monde schizophrène, ou notre
amour de la nature est confronté à notre désir de richesse et de confort, ce
qui nous amène invariablement à faire les pires compromis. Nous voulons de
l’eau pure, de l’air pur, un climat tempéré, des légumes sans pesticides, mais
en conservant notre notre grosse maison énergivore, nos voitures-bateaux-motos-4
roues-tondeuses-souffleuses à essence, nos millions de kilomètres de routes
asphaltées, nos kiwis de Nouvelle-Zélande, nos ananas du Honduras, nos tomates
du Mexique et nos millions de bidules made in china... Cherchez l’erreur :
la plupart des manifestants de Cacouna, incluant les deux motocyclistes et
l’auteur de ces lignes, font bel et bien partie de la même grande famille des
humains égocentriques. Tirez la pierre aux deux seuls motocyclistes serait
vraiment trop facile, car dans le groupe des défenseurs des bélugas il y a sans
doute autant de consommateurs de produits pétroliers qui sont venus soulager
leur mauvaise conscience en participant à cette « petite marche » par
un beau dimanche, après l’autocueillette des pommes! Mais aucun d’entre eux
n’est sans doute disposé à payer le véritable prix d’un monde sans énergie
fossile qui n’émet que très peu de gaz à effet de serre (GES). Dans les faits,
l’enjeu de Cacouna dissimule des enjeux planétaires.
Objectivement, la création d’un terminal pétrolier à Cacouna,
comme l’exploitation des gaz de schistes dans la vallée du Saint-Laurent, constitue
un risque environnemental totalement inacceptable. Dans les faits, il n’y a
aucun écosystème terrestre qui soit vraiment compatible avec l’extraction et
l’utilisation massive du pétrole ou de tout autre « produit » qui perturbe leur équilibre. La nature a mis des millions d’années à établir de fragiles
équilibres qui n’ont pas la capacité de s’ajuster en temps réel aux assauts répétés
que le lui fait subir genre humain, c’est d’ailleurs pour cette raison que nous
assistons présentement à l’une des pires extinctions d’espèces vivantes depuis celle
du Crétacé. Malheureusement, les êtres humains font preuve de myopie face à la
nature, ils ne voient que l’instant présent et le fond de leur cour arrière! Alors,
comment leur faire prendre conscience que le béluga, la morue, l’étoile de mer
ou l’oursin sont d’authentiques miracles dont l’apparition repose sur une
chaîne d’événements rares et uniques dans tout le système solaire et même
au-delà. Si les constructeurs de cathédrale du Moyen âge ne devaient guère
s’inquiéter de leur impact sur la nature il en va autrement des ingénieurs
d’aujourd’hui qui grâce à la technologie peuvent aplanir des montagnes, inondées
de vastes territoires, assécher des mers ou acidifier la pluie de tout un
continent et que dire des pêcheurs qui vident les océans de leurs poissons ou
des producteurs de bois d’œuvre qui peuvent raser une forêt entière en quelques
jours. Depuis le XXe siècle, notre capacité de création est devenue égale à
notre capacité de détruire, non plus à l’échelle d’un village, mais à celle de
la planète entière. Nous détruisons plus efficacement et de plus en plus
rapidement à un point telle que la nature n’est plus en mesure de se régénérer
complètement. Animées par le credo de la croissance économique, nos sociétés
foncent littéralement dans le mur, car tôt ou tard la pénurie de ressources et
la dégradation de l’environnement affecteront nos descendants. La Chine qui est
devenue la manufacture de la planète subit déjà à l’accéléré les contrecoups de
sa forte croissance, un exemple qui devrait pourtant alerter le reste de
l’humanité, car nous vivons toujours sur la même planète que les Chinois. Leurs
problèmes environnementaux sont maintenant les nôtres, car aucune pollution ne
respecte les frontières politiques, tôt ou tard nous finissons tous par nous
empoissonner mutuellement!
Le Saint-Laurent, un écosystème fragile à protéger sans compromis ! |
Reliques vivantes de la dernière glaciation, les bélugas du
Saint-Laurent sont-ils plus importants qu’un terminal pétrolier, vecteur de
richesse et de croissance économique? Face à une telle question truquée, la
majorité des gens auront tendance à dire non! Normal, on n’arrivera jamais à
compenser par des croisières aux bélugas les revenus que pourra générer la
vente du pétrole albertain sur les marchés internationaux, que le gouvernement
Couillard souhaite récupérer, en partie (!), via la péréquation sans doute. Il
est vrai que le béluga ne sera jamais un vecteur de richesse, il est à peine
visible l’été et quasiment invisible entre les glaces blanches l’hiver! Vous
aurez compris que j’utilise ici la voie de l’ironie, car aucune richesse ne
pourra nourrir l’humanité si l’air, le sol et l’eau n’ont plus la capacité de
bien supporter le vivant. Le béluga comme la morue demeurent de puissants
indicateurs qui nous renseignent sur l’état de santé du Saint-Laurent. Le
maintien des populations de ces espèces animales devrait donc constituer une
priorité, non seulement pour les riverains du Saint-Laurent, mais pour
l’ensemble des populations de la planète.
Que faire alors? Allez protester à Cacouna ou à Sorel chaque
week-end avec sa voiture à essence, ou adopter un mode de vie qui rendra les
énergies fossiles inutiles ou du moins beaucoup moins utiles qu’elles le sont
présentement? Honnêtement je crois que nous n’avons plus le choix, car si notre
protestation n’avait comme résultat que de déplacer le transport du pétrole
vers d’autres territoires ou d’autres cours d’eau, nous ne pourrions crier
victoire. Même si le pétrole albertain est plus polluant que celui de la mer du
nord ou du golfe du Mexique (qui parvient déjà par pétroliers à la raffinerie
Valero en face de Québec!), à terme les deux types de pétrole contribuent au
réchauffement climatique et présentent un risque environnemental inacceptable
lors de leur transport. Mais peu d’entre nous sont vraiment disposés à réduire
leur confort pour abaisser de manière significative la consommation d’énergies
fossiles et la production de GES qui en découle, c’est pourtant la seule
manière d’y parvenir! Si le problème est planétaire, la solution ne peut être
que local et individuel, elle passe par une prise de conscience de notre impact
sur la nature, mais surtout par un changement radical de notre manière de vivre
et de consommer. Mais est-ce vraiment possible? Suis-je en proie à une forme
d’angélisme ou de rêve éveillé? Est-ce bien réaliste de penser que nous
pourrons opérer un changement qui implique une décroissance de l’économie et un
retour à une vie plus simple basée sur une plus forte autonomie des régions?
Devrons-nous attendre que le dernier puits de pétrole suinte sa dernière goutte
d’ici 60 ou 100 ans pour agir,
alors qu’il sera impossible de réparer le gâchis environnemental? À ce jour, aucune
civilisation n’a renoncé volontairement au « progrès » (lire
croissance), les seuls reculs sont attribuables à des catastrophes naturelles,
aux guerres, à des crises boursières ou à de grandes pandémies. Par ailleurs
l’être humain a une vilaine propension à contourner ses propres règles et lois
pour tirer des avantages personnels ou s’accaparer des richesses. Sous cet
angle, la « simplicité volontaire » à l’échelle planétaire apparaît
donc comme parfaite utopie, même dans les pays qui aspirent au développement.
Répétons la question : que faire alors? La parole la
plus sage que j’ai entendu jusqu’à maintenant a été dite par le « très
respectable » David Suziki lors de son passage à Québec au début du mois.
En gros il a dit que l’espoir de la terre repose maintenant entre les mains de
nos jeunes enfants. C’est effectivement sur eux que nous devons miser en espérant
qu’ils pourront oublier les travers de l’humanité et adhérer à de nouvelles
valeurs centrées sur le respect de l’environnement et les capacités réelles de
la terre à supporter l’activité humaine. Cela dit, contester les projets
pétroliers n’est pas un geste inutile si cette contestation revêt un caractère
global au même titre que le réchauffement climatique affecte l’ensemble de la
planète... le « pas dans ma cour » est complètement absurde si nous
ne sommes pas prêts également à réduire notre dépendance aux carburants
fossiles. Comme bibliothécaire, j’oserais ajouter que l’éducation sera toujours
le plus puissant facteur de changement, mais l’éducation sans contaminant,
c’est-à-dire débarrassé des bêtises véhiculées par les religions, le politique,
les pouvoirs financiers, les nationalismes et tous les autres obstacles à la
véritable connaissance. Dans ce contexte quoi penser du gouvernement Harper qui
muselle nos scientifiques, endosse des thèses mystico-religieuses tout en
favorisant l’industrie pétrolière... un bel exemple de bêtise politique! Malgré leurs défauts, propre à l’ensemble
du genre humain, j’ose croire que
les Québécois sont plus près des valeurs de la Nature et qu’ils sauront prendre
le virage qui s’impose... mais
l’état fédéral pourrait leur faire avaler de force le pétrole de l’ouest, la
richesse l’emportant, encore une fois, sur la vertu et l’écologie !
lundi 8 septembre 2014
Perdre contact avec la réalité.... mais quelle réalité ?
Suis-je bien réel? Est-ce que la lune, mon jardin et toutes
les personnes que j’aime sont bien réels? Les personnes atteintes de schizophrénie
qui ont des hallucinations qui leur semblent « très réelles » doivent
sûrement se demander où s’arrêtent leurs hallucinations et où débute le réel. Mais
est-il normal de questionner la « réalité du réel » (ouille!) sans
être schizo et sans être sous l’effet d’aucune drogue? C’est pourtant ce que la
physique quantique nous a appris au XXe siècle! À l’échelle de Plank (c’est très
très petit... 10-35 mètre) la réalité telle que nous la
« percevons » n’existe pas, c’est le domaine des particules élémentaires
qui doivent leur existence à l’excitation d’un champ quantique! Pas simple à
comprendre, je vous le jure! Je ne suis pas physicien, mais un humble
bibliothécaire qui essaie de comprendre la nature profonde des choses, sans le
lourd bagage mathématique que nécessite un tel exercice. Heureusement, il y a
de bons vulgarisateurs pour nous permettre à nous, simples-mortels-dépourvus-de-la-bosse-des-maths,
d’entrevoir l’envers du décor de l’Univers visible.
L’identification du boson de Higgs dans le super
collisionneur de hardons du CERN m’avait obligé à relire des livres de ma
bibliothèque et quelques articles dans la presse spécialisée pour bien saisir
l’importance de cette découverte. Du même coup, je dois avouer que cette mise à
niveau m’a permis de jeter un regard nouveau sur la mécanique quantique. Je retiens
notamment une chose importante : les particules élémentaires ne sont pas des
petites billes de matières qui flottent dans le vide de manière indépendante
dans un univers en expansion. En fait depuis le tout début du bing bang, il y a
13,8 milliards d’années, jusqu’à aujourd’hui, l’ensemble des particules
élémentaires (hardons et leptons) de l’univers font partie d’un ensemble fortement
intriqué qui défini l’espace/temps et les quatre forces (les forces atomiques
faible et forte, l’électromagnétisme et la gravité) qui assurent la cohésion de
la matière. Maintenant je me représente l’Univers comme un tapis tissé, assez
plat, où il y a une trame qui réunit l’ensemble. Bref, « tout est dans
toute », comme l’exprimait à sa manière le poète et chansonnier Raoul
Duguay. Comme être humain, composé d’un amalgame complexe de protéines, de
molécules et d’atomes, je suis donc en lien avec l’ensemble de l’univers qui
est lui-même composé « de rien » et de lois qui s’apparentent à un
gigantesque programme informatique où les mathématiques constituent le langage
de base. Pire encore, selon certains physiciens l’essence même de l’Univers
serait purement mathématique, c’est un choc pour moi, issu des sciences
humaines et pour qui la beauté de l’Univers s’exprime d’abord par les mots et
la poésie.
"La lune existe-t-elle quand nous ne la regardons pas ?" |
Dans son numéro spécial de juillet-août dernier (no 489)
la revue La Recherche titrait sur sa
page couverture « La réalité n’existe pas », une déclaration plutôt
troublante pour un lecteur comme moi qui se croit ancré dans la réalité! J’ai
bien sûr consulté ce numéro, car si j’étais vraiment dans un monde irréel,
comme le personnage de Néo dans le film « la Matrice », je pourrais
sans doute contracter l’espace-temps et me soustraire à la banalité du
quotidien! Mais le monde quantique est encore plus étrange que je ne le croyais
et l’un des aspects les plus étranges concerne sa simple observation. En effet,
il semble que le seul fait d’observer une particule, comme un photon, détermine
sa localisation et son comportement!
Sceptique face à cette
réalité quantique, Albert Einstein a soulevé la question suivante à l’un de ses
collègues physiciens : « La lune existe-t-elle quand nous ne la
regardons pas? » Comme la
lune est constituée de particules quantiques, il serait donc logique que
l’observateur en détermine la présence et la position exacte dans le ciel...
Après la lecture de l’article, je suis sortie à l’extérieur de chez moi
observer la « super lune » de septembre, question de me rassurer sur
sa présence et même en la photographiant à distance avec un retardateur sur mon
appareil photo... rien à faire! Même sans moi derrière la caméra, la super lune
brillait de toute sa lumière sur l’écran LCD de mon appareil... la lune devait
donc savoir que je l’observais, même caché dans ma maison!
P.S. Je vais publier la suite de l’article sur le Kayak de
mer dans les prochaines semaines
Libellés :
Albert Einstein,
boson de Higgs,
CERN,
hardons,
la Matrice,
leptons,
Lune,
Max Planck,
physique quantique,
Raoul Duguay,
Réalité,
Univers
samedi 9 août 2014
(3e Partie)
KAYAK DE MER
Latte par latte le kayak prend forme....
Pour fabriquer un Kayak en bois latté, on peut
acheter les lattes d’un fournisseur (voir les références dans l’article précédent) ou les machiner soi-même. La première option est plus
dispendieuse, mais plus rapide et la deuxième est beaucoup
plus longue, mais offre des possibilités quasi infinies si l’on
souhaite ajouter une note artistique à son kayak.
Traditionnellement, les kayaks et canots en lattes de bois ont surtout été fabriqués en cèdre de l’ouest
(thuya plicata, l’arbre symbole de la Colombie-Britannique) et en cèdre blanc (thuya
occidentalis L. ou thuya du Canada) que l’on retrouve au Québec, plus
rarement on retrouve également des embarcations faites en acajou (swietenia humilis). On
utilisait surtout ces bois en raison de leur légerté, de leur
coloris et du fait qu’ils résistent très bien à la putréfaction. L’utilisation de la fibre de verre et des résines époxy
permet toutefois aujourd’hui d’utiliser plusieurs essences de résineux et de feuillus qui ne sont pas
aussi résistantes à
la putréfaction que la famille des thuyas. Puisque le bois sera littéralement « encapsulé » dans
la fibre de verre et la résine époxy, le choix de l’essence peut donc donner préséance à des critères esthétiques, mécaniques
ou de poids. Les essences de thuyas demeurent malgré tout un très bon
choix pour obtenir une embarcation performante et esthétique, de plus les
thuyas résisteront mieux à
une infiltration d’eau accidentelle provoquée par une égratignure
profonde de la quille. Sur le pont du kayak et sur les côtés
(au-dessus de la ligne de flottaison), on peut toutefois se permettre d’être un
peu plus audacieux dans le choix des essences, notamment pour créer des
motifs.
Plusieurs dessins pour en arriver à la dernière version ci-haut, une fois dans l'atelier j'ai toutefois augmenté la taille du cerf-volant sur le pont arrière. |
Pour réaliser le Fou de l’île, j’ai d’abord
acquis chez un marchand de bois des planches (en format 4 quarts) de cèdre de l’ouest et de pin blanc de 6’’
de largeur et de 12 pieds de longueur. J’ai ensuite
dégauchi (à la dégauchisseuse) chaque planche que j’ai ensuite passé à la
raboteuse d’épaisseur pour ramener leur épaisseur à près de 7/8’’. À noter que
pour réaliser ces deux étapes j’ai dû allonger les tables
(avec des tables d’appoint en contreplaqué) de la dégauchisseuse et de
la raboteuse d’épaisseur en raison de la longueur des planches. Une fois à la bonne épaisseur j’ai découpé à la scie
à ruban chaque planche en tranche de 5/16e d’épaisseur
(on peut également utiliser un banc de scie pour cette opération, mais la
largeur de la lame augmentera la perte de bois). Les lattes brutes ainsi
obtenues ont ensuite été ramenées à leur épaisseur finale (1/4’’) par un léger passage raboteuse d’épaisseur. Finalement chaque latte a été machinée sur un
banc de toupie pour obtenir un chant convexe et un chant concave, pour cela, j’ai utilisé une paire
de mèches de toupie spécialement conçue pour façonner les lattes de kayak ou de canots (voir photographie plus bas).
Mèches de toupie indispensables pour façonner les chants des lattes: un chant concave et l'autre convexe. Ce tandem de mèches est notamment disponible chez LeeValley (www.leevalley.com). |
Le lattage débute à la ligne de démarcation entre la coque et le pont et il est généralement plus simple de débuter par le lattage de la coque (voir photo ci-haut), car elle est moins complexe à réaliser, une bonne manière de se « faire la main » avant « d’aborder » le pont! La méthode la plus rapide consiste à agrafer les lattes sur les profils avec une agrafeuse d’atelier (voir illustration plus bas). Les agrafes ne doivent pas pénétrer complètement le bois, car on doit être en mesure de les retirer en glissant un tournevis (ou mieux une dégrafeuse, voir illustration) sous l’agrafe. Avec une agrafeuse manuelle, l’agrafe ne devrait pas pénétrer trop profondément dans la latte et le profil, laissant donc l’espace nécessaire pour la retirer, si ce n’est pas le cas il suffit de glisser une petite latte de bois mince au centre et sous l’agrafeuse pour empêcher l’agrafe de trop pénétrer.
Une méthode alternative aux agrafes, une petite cale de bois en U maintenue temporairement par un petit serre-joint en C... nécessite un peu plus de temps et une bonne quantité de serres-joints ! |
Le lattage des bords est le plus simple, après avoir
fixé la première latte on enduit son chant d’un fil de colle sur toute sa
longueur, ensuite on vient coller la deuxième latte sur le
chant de la première en exerçant une certaine pression afin de s’assurer qu’il n’y aura pas
d’espace libre au fond du joint. Il faut y apporter une grande attention,
car la forme concave/convexe du joint ne permet pas de vérifier
visuellement si les lattes sont toujours bien collées, c’est
souvent en voyant le surplus de colle sortir du joint que l’on a la confirmation
que les chants sont bien en contact. Si un espace vide persistait, vous allez
malheureusement le découvrir lors du sablage des lattes, car dès que les lèvres de la
forme concave seront amincies des fissures pourront apparaître dans le
bordage, vous obligeant à
effectuer des réparations avec de la pâte de bois
ou de petites insertions de bois.
Comme les lattes ont rarement la longueur totale
du kayak, il sera donc nécessaire de réaliser quelques joints entre deux lattes. Pour y parvenir, on choisira
des lattes qui proviennent de la même planche et dont le colorie et le dessin (lignes de croissance) sont
les mêmes. Le « truc » est de réaliser une coupe en biseau sur l’extrémité des deux
lattes à unir en utilisant un petit guide à onglet artisanal (voir illustration plus bas), un peu de colle à
bois et la pression d’un serre-joint suffiront à
créer un joint solide et pratiquement invisible. N’oubliez pas que les lattes seront encapsulées dans la fibre
de verre et la résine époxy, si bien qu’au final les joints de lattes
seront aussi solides que le reste du kayak.
La réalisation des motifs sur le pont d’un kayak peut se faire de trois manières : 1. Par alternance des essences de bois en suivant un patron 2. Par superposition d’un placage de bois sur
la surface du pont. 3. Par découpage du pont (une fois assemblée) pour créer des espacements
de formes variées qui seront ensuite comblés par l’insertion de lattes de différentes essences. Ces trois techniques
peuvent être utilisées sur un même kayak. Ainsi, pour le « Fou de l’île », j’ai utilisé la 1 et
la 2, la 1 pour l’avant du kayak, en
alternant simplement des lattes de cèdre de l’ouest à des lattes de pin blanc, et la 2 pour réaliser le
cerf-volant sur le pont arrière. La 2e technique s’apparente étrangement
à la marqueterie que l’on pratique en ébénisterie, à cette
différence près que les pièces de placage n’ont pas à être
encastrées dans le support, elles sont donc simplement collées
par-dessus la surface du pont, car une fois encapsulées dans la fibre
de verre et la résine époxy elles feront corps avec le reste et on ne sentira aucune différence de
niveau entre le motif et le reste de la surface, car le sablage final de la
couche de résineépoxy aura égalisé l’ensemble de la surface. La technique 3 est beaucoup plus complexe, mais elle permet notamment de réaliser des
motifs en courbe et en lacet. Je n’ai pas utilisé cette
technique pour le Fou de l’île, car je la trouvais un peu complexe à réaliser.
Cela dit il y a plein d’exemples sur le web d’artisans très habiles qui ont réussi de véritables chefs-d’œuvre en utilisant cette
technique (voir des exemples sur le site de Guillemot kayaks: http://www.guillemot-kayaks.com/guillemot/kayak/43/pics)
...Recouverte de la fibre de verre et de la résine. |
La marqueterie est collée directement sur la surface... |
Dans la suite de l’article nous verrons comment se réalise le lattage qui ceinture le trou d’homme et l’hiloire et comment préparer les surfaces avant de les recouvrir de fibre de verre et de résine d’époxy..... à suivre!
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