Suis-je bien réel? Est-ce que la lune, mon jardin et toutes
les personnes que j’aime sont bien réels? Les personnes atteintes de schizophrénie
qui ont des hallucinations qui leur semblent « très réelles » doivent
sûrement se demander où s’arrêtent leurs hallucinations et où débute le réel. Mais
est-il normal de questionner la « réalité du réel » (ouille!) sans
être schizo et sans être sous l’effet d’aucune drogue? C’est pourtant ce que la
physique quantique nous a appris au XXe siècle! À l’échelle de Plank (c’est très
très petit... 10-35 mètre) la réalité telle que nous la
« percevons » n’existe pas, c’est le domaine des particules élémentaires
qui doivent leur existence à l’excitation d’un champ quantique! Pas simple à
comprendre, je vous le jure! Je ne suis pas physicien, mais un humble
bibliothécaire qui essaie de comprendre la nature profonde des choses, sans le
lourd bagage mathématique que nécessite un tel exercice. Heureusement, il y a
de bons vulgarisateurs pour nous permettre à nous, simples-mortels-dépourvus-de-la-bosse-des-maths,
d’entrevoir l’envers du décor de l’Univers visible.
L’identification du boson de Higgs dans le super
collisionneur de hardons du CERN m’avait obligé à relire des livres de ma
bibliothèque et quelques articles dans la presse spécialisée pour bien saisir
l’importance de cette découverte. Du même coup, je dois avouer que cette mise à
niveau m’a permis de jeter un regard nouveau sur la mécanique quantique. Je retiens
notamment une chose importante : les particules élémentaires ne sont pas des
petites billes de matières qui flottent dans le vide de manière indépendante
dans un univers en expansion. En fait depuis le tout début du bing bang, il y a
13,8 milliards d’années, jusqu’à aujourd’hui, l’ensemble des particules
élémentaires (hardons et leptons) de l’univers font partie d’un ensemble fortement
intriqué qui défini l’espace/temps et les quatre forces (les forces atomiques
faible et forte, l’électromagnétisme et la gravité) qui assurent la cohésion de
la matière. Maintenant je me représente l’Univers comme un tapis tissé, assez
plat, où il y a une trame qui réunit l’ensemble. Bref, « tout est dans
toute », comme l’exprimait à sa manière le poète et chansonnier Raoul
Duguay. Comme être humain, composé d’un amalgame complexe de protéines, de
molécules et d’atomes, je suis donc en lien avec l’ensemble de l’univers qui
est lui-même composé « de rien » et de lois qui s’apparentent à un
gigantesque programme informatique où les mathématiques constituent le langage
de base. Pire encore, selon certains physiciens l’essence même de l’Univers
serait purement mathématique, c’est un choc pour moi, issu des sciences
humaines et pour qui la beauté de l’Univers s’exprime d’abord par les mots et
la poésie.
"La lune existe-t-elle quand nous ne la regardons pas ?" |
Dans son numéro spécial de juillet-août dernier (no 489)
la revue La Recherche titrait sur sa
page couverture « La réalité n’existe pas », une déclaration plutôt
troublante pour un lecteur comme moi qui se croit ancré dans la réalité! J’ai
bien sûr consulté ce numéro, car si j’étais vraiment dans un monde irréel,
comme le personnage de Néo dans le film « la Matrice », je pourrais
sans doute contracter l’espace-temps et me soustraire à la banalité du
quotidien! Mais le monde quantique est encore plus étrange que je ne le croyais
et l’un des aspects les plus étranges concerne sa simple observation. En effet,
il semble que le seul fait d’observer une particule, comme un photon, détermine
sa localisation et son comportement!
Sceptique face à cette
réalité quantique, Albert Einstein a soulevé la question suivante à l’un de ses
collègues physiciens : « La lune existe-t-elle quand nous ne la
regardons pas? » Comme la
lune est constituée de particules quantiques, il serait donc logique que
l’observateur en détermine la présence et la position exacte dans le ciel...
Après la lecture de l’article, je suis sortie à l’extérieur de chez moi
observer la « super lune » de septembre, question de me rassurer sur
sa présence et même en la photographiant à distance avec un retardateur sur mon
appareil photo... rien à faire! Même sans moi derrière la caméra, la super lune
brillait de toute sa lumière sur l’écran LCD de mon appareil... la lune devait
donc savoir que je l’observais, même caché dans ma maison!
P.S. Je vais publier la suite de l’article sur le Kayak de
mer dans les prochaines semaines