Êtes-vous surpris ? Le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) confirme une
fois de plus que le réchauffement climatique, attribuable aux émissions de CO2
résultant de l’activité humaine, est d’une telle ampleur qu’il nous faut agir
avec vigueur pour simplement ralentir la tendance à défaut de l’inverser. Ce
qui est surprenant cette fois, c’est que les experts du GIEC affirment qu’il
sera possible d’agir sans réduire la croissance. Leur thèse repose sur le fait
que les efforts nécessaires pour diminuer les émissions de GES stimuleront plusieurs secteurs de
l’économie ce qui devrait
compenser les pertes associées à l’exploitation et à l’utilisation des énergies
fossiles. Bref, en reboisant les
forêts, en convertissant le parc automobile à l’électricité, en s’équipant
de sources d’énergie propre, en
rapprochant les producteurs d’aliments des consommateurs ou en développant de
nouvelles manières de séquestrer le carbone nous pourrions stimuler l’économie d’une manière
positive tout en s’attaquant de front au problème des émissions de GES et de
leurs conséquences dramatiques sur les écosystèmes de la planète. Je crains fort cependant que le GIEC
sous-estime l’inertie des gouvernements, et la capacité des individus à bien comprendre les enjeux qui
dépassent l’horizon de leur cour arrière. Soyons réalistes deux minutes : pour simplement ralentir le
réchauffement climatique, nous devrions dès maintenant réduire notre
dépendance aux énergies fossiles... Or partout où je porte mon regard, je
n’observe que le contraire : le parc automobile augmente (dans ma propre
rue il n’est pas rare de compter 2 et même 3 voitures par maison), le réseau autoroutier s’étend, les entreprises délocalisent
leurs productions ce qui ajoute du transport pour rejoindre les marchés, les
mégas navires de croisière se multiplient, l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité ne
cesse de progresser (60% des émissions mondiales de GES entre 2001 et 2013 sont
attribuables à la combustion du charbon), le trafic aérien n’a jamais été aussi
dense et je ferme les yeux sur
toutes les utilisations du pétrole associées aux loisirs ... Bref, le GIEC a du pain sur la planche pour
inciter les États à convertir leurs économies. En donnant une majorité aux républicains, lors des élections
de mi-mandat aux États-Unis, les Américains risquent maintenant de dire oui aux
sables bitumineux et à l’oléoduc Keystone XL .... rien de rassurant pour l’avenir de la planète !
Je ne crois pas qu’il soit possible de réduire les émissions
de GES sans renoncer au credo de la croissance économique, comme l’a soutenu Albert Jacquard
jusqu’à son dernier souffle en 2013.
Dans les faits, son message allait beaucoup plus loin, car pour lui il était impossible de
maintenir une croissance économique éternelle tout en soutenant que les
ressources de la terre étaient infinies, tôt ou tard l’humanité fera naufrage
si elle continue de naviguer dans cette direction ! Ce n’est pas avec des yeux
d’économistes qu’il faut continuer d’évaluer la portée de nos gestes, mais avec
ceux de terriens qui doivent agir en harmonie avec l’ensemble de la biosphère.
En passant, je vous donne la référence d’un site français
extrêmement bien fait qui donne en « temps réel » des données
statistiques sur l’ensemble de l’activité humaine de la planète, incluant les
émissions de CO2, la mortalité, la natalité, la consommation de carburants, le
recyclage des déchets, le nombre de prix littéraires (oui oui !) ...très complet
et parfait pour s’extirper la tête du sable et faire les constats qui
s’imposent : http://www.planetoscope.com/