mardi 25 décembre 2018

Maison de poupées



Lorsque ma petite-fille manifesta le désir d’obtenir une maison de poupée, grand-papa ne pouvait demeurer les bras croisés en espérant que les lutins du père Noël exaucent son vœu. Je devais donc relever ce défi qui illuminerait les yeux de ma petite-fille, car après tout une maison de poupée est une construction de bois et le bois demeure mon médium préféré ! 

Une maison de poupée doit être élaborée non pas comme une maquette, mais plutôt comme le décor d'une pièce de théâtre pour poupées ! Elle vise à mettre en scène des poupées qui permettront à l’enfant d’y développer son imaginaire en élaborant des rôles et des histoires. Ma petite-fille ayant hérité de la collection de Barbies de sa mère (et de tantes !), le projet devait donc s’adapter à l’échelle de 1/6e de la Barbie et de ses accessoires, ce qui peut occuper un espace assez imposant si l’on multiplie les pièces.

Comme la Maison de poupée est d’abord un « théâtre » où l’enfant est à la fois le metteur en scène et le spectateur, cette dernière est généralement présentée en plan coupe permettant de voir d’un coup d’œil tous les étages et toutes les pièces de la Maison. Cette configuration permet également de faire circuler facilement les poupées d’une pièce à l’autre et d’un niveau à l’autre. Elle présente toutefois un inconvénient, surtout à l’échelle 1/6e de la Barbie, car en alignant toutes les pièces sur un seul plan la Maison finit par occuper une grande surface murale dans la salle de jeu ! Par ailleurs, cette configuration ne permet pas de mettre en valeur l’extérieur de la maison, car il se trouve constamment derrière la scène principale, souvent adossé au mur de la salle de jeu. J’ai donc décidé de revoir le concept pour que la maison puisse se transformerfacilement et que l’extérieur soit mis en valeur au gré des jeux de l’enfant.




Trois aimants circulaires (commandés 
chez Lee Valley) permettent l'alignement 
des deux sections de la maison.  
Après de nombreux croquis, j’ai finalement décidé de concevoir la maison comme un coquillage qui s’ouvre par le centre pour dévoiler son intérieur. La maison est donc divisée en deux coquilles qui une fois refermées sur elles-mêmes permettent de voir la totalité du volume extérieur de la maison, du coup la maison est plus compact tout en devenant un élément décoratif dans la salle de jeu. Les deux coquilles de la maison n’ont pas de charnière ou autres liens mécaniques, à la limite elles pourraient donc constituer deux maisons une fois séparées. Des feutres (feltacs) sous chaque coquille permettent de les déplacer facilement (même par un enfant !) sur un couvre-sol dur. La façade arrière de chaque coquille est lisse et dispose de 2 ouvertures (pour le passage d’une pièce à l’autre), en collant ces façades on reconstitue donc la « scène théâtrale » de la maison de poupée qui comporte 6 pièces distinctes en incluant les combles. Trois aimants facilitent l’alignement et la retenue des deux sections de la maison. 

À l’extérieur, la maison a un style « vaguement » victorien, souligné par quelques éléments comme les chaînages aux coins avec leurs harpes en pierres taillées (quining en anglais) et par la toiture du porche supportée par trois poutres horizontales en saillies. Les murs et les planchers de la maison ont été taillés dans une feuille de fibre de bois (MDF) de 1/2’’ d’épaisseur (voir plan de découpage) les moulures, les chaînages et autres éléments décoratifs ont été fabriqués en pin et en chêne. Pour donner l’aspect du stuc aux murs extérieurs, j’ai utilisé une peinture en aérosol beige au fini texturé (Krylon natural stone). J’ai souhaité donner l’aspect des bardeaux d’asphalte aux toitures en utilisant le même type de peinture texturé, mais de couleur granite.


À l’intérieur les planchers ont simplement été vernis en conservant la couleur brune du MDF, alors que les plafonds ont été peints en blanc. Tous les murs ont été recouverts de tissus encollés (merci à ma conjointe !!)  rappelant des tapisseries. L’ameublement des pièces est une combinaison d’artisanat et d’accessoires Barbie achetés en grande surface. Les éléments que j’ai fabriqués sont les suivants :





  1. Le comptoir et l’évier de la cuisine
  2. L’armoire murale de la cuisine et son éclairage
  3. La table de la salle à manger
  4. Le lit de la chambre à coucher
  5. La toilette de la salle de bain
  6. Une table d’appoint ronde au salon






La plupart de ces éléments ont été réalisés avec des assemblages de petites pièces de bois. La toilette a été sculptée dans 2 pièces de bois (la cuve et le réservoir) et peinte en blanc, la clenche du réservoir a été taillée dans une garniture de plastique et collée.


Le comptoir, l'armoire murale et la table de salle à manger sont fait main. Les chaises sont en fait des crochets muraux décoratifs vendu chez Ikea, leur échelle est très près du 1/6e. Le four est un accessoires Barbie vendu dans un magasin de jouets.  Sous l'armoire murale j'ai collé une petite bande de lumières DEL alimentée par un transformateur 12v DC (l'ensemble ne dégage aucune chaleur, même après 24h d'ouverture).


Les plans de la maison ont été réalisés sur stekchup à l’échelle 1/6e (voir plan plus bas). Les ouvertures des fenêtres et des portes ont été découpées à l’aide de gabarits et d’une toupie à base plongeante. Les différentes sections de la maison ont été clouées (cloueuse, clous de 1’’) et collées avec une colle PVA. Les moulures extérieures et intérieures ont été collées.





Une fois les murs découpés, dans une feuille de MDF de 1/2",  j'ai collé (avec de la colle PVA) les moulures de chêne autour des embrasures de fenêtre . 



Des croisillons en chêne ont été collés à chaque fenêtre, ici la précision s'impose afin que les croisillons exercent une certaine pression sur l'embrasure des fenêtres, leur solidité en dépend.


Installation pour la peinture en aérosol des murs extérieurs. Du papier cache protège les moulures des fenêtres. 






La fabrication des chainages imitant la pierre de taille (harpe) sur les coins des murs extérieurs a été réalisé au banc de scie et une lame à dado de 3/4''. Les créneaux ont été taillés dans une planche de pin qui a ensuite et refendu en tranche mince de 1/8''. Les chainages ont été peints en gris et collés avec de la colle à moulure (colle "no more nails" de Lepage)



Peinture de la porte d'entrée.
Collage de la toiture avec la colle "no
more nails" de Lepage.
























Grand-maman a ajouté sa touche personnelle: 
une couronne de Noël brodée !

samedi 4 août 2018

Support de kayak de mer pour toit de véhicule






Comme plusieurs kayakistes j’utilisais, jusqu’à tout récemment,  des profilés de minicels (mousses) pour asseoir la quille de mes kayaks de mer sur les barres du porte-bagages de ma voiture, des sangles à cliquet et des cordages, arrimés aux pare-chocs avant et arrière de la voiture, complétait le dispositif.  Ce système était relativement stable, mais pour de longs trajets sur les autoroutes il était souvent nécessaire de vérifier la position des kayaks qui avaient tendance à glisser vers l’extérieur par la pression de l’air et les vibrations. Bref, un stress de plus à ajouter à la conduite automobile.  Une autre difficulté associée à ce système était de monter ou de descendre les kayaks de 17 pieds du toit de mon VUS (qui est plus élevé qu’un toit de voiture sedan).   Si l’exercice pouvait être réalisé sans trop de difficulté à deux, dès que j’étais seul cela exigeait beaucoup plus d’efforts, sans compter le risque d’échapper un kayak et d’abîmer à la fois le kayak et la voiture.  J’ai donc décidé de rechercher une solution qui réglerait à la fois la stabilité du transport et le chargement des kayaks.


Mon support artisanal  avec berceaux, s'adaptant à des barres de toit (ici des Thule)


Plusieurs grandes marques spécialisées dans le transport d’équipements de sports pour véhicules, comme Thule et Yakima, proposent effectivement des solutions intégrées pour le transport et le chargement de kayaks sur la toiture d’un véhicule.  Certains systèmes avec ressorts et piston hydrauliques permettent même de charger un kayak avec un minimum d’efforts… mais un maximum de dollars!  Les supports en « J »  offrent une bonne stabilité et demeurent abordables, mais il faut tout de même hisser les kayaks à bout de bras sur le toit du véhicule. Si pour un petit kayak de rivière cette solution demeure la meilleure, elle n’est pas idéale pour un long kayak de mer dont le poids peut varier entre 35 lb et 55 lb.  Pour un kayak de mer, le système à quatre berceaux qui épousent la forme de la coque offre une bien meilleure stabilité et si on ajoute à ces berceaux un rouleau de quille pour hisser le kayak à partir de l’arrière de la voiture, j'obtiens le système parfait !  Ce système existe sur le marché, mais il faut être prêt à débourser un peu plus de 450$ par kayak et pour deux la facture pourra donc dépasser les 1000$ en incluant les taxes !  Comme j’ai déjà construit un kayak de mer, j’ai donc décidé de concevoir et de réaliser mon propre système de transport, en me donnant le défi de le réaliser pour moins de 100 $.  Je dois cependant préciser que je possédais déjà des barres Thule qui s’adaptaient au porte-bagages de mon VUS, j’utilise surtout ces barres pour le transport de matériaux.  J’ai donc décidé d’utiliser les barres comme support de base à mon système.


Le support à kayaks a passé le test ! 100km/h sur l'autoroute et les kayaks sont demeurés solidement arrimés. Avec un kayak de bois, les supports de bois sont bien coordonnés en plus !! 
Les berceaux adoptent exactement la forme de la coque,  les deux sangles à cliquet complètent l'arrimage du kayak.

La sangle extérieure est fixée à l'extrémité de la barre de toit. Remarquez l'un des boulons en "U"
qui retiennent la base du support à la barre de toit. 


Les habitués de ce blogue auront déjà deviné que j’ai utilisé le logiciel Sketchup pour modéliser le système.  Comme je suis un artisan du bois, c’est donc à partir ce médium que j’ai imaginé l’ensemble du support.  Au départ, j’ai privilégié le contre-plaqué baltique, car ses couches de laminage à 1/16e de pouce d’épaisseur offre une résistance mécanique supérieure à celle d’une pièce de bois massive.  Durant la Deuxième Guerre mondiale l’avion  DH.98 Mosquito construit par de Havilland et que l’on appelait la « terreur de bois », a déjà fait  la preuve qu’un laminage de bois pouvait résister à des forces dynamiques importantes ! 

Comme la base de ce projet repose sur les berceaux, c’est donc par cette partie que j’ai débuté. J’ai d’abord pris l’empreinte de la coque des deux kayaks (avec une jauge de profil, voir photo plus bas) à l’avant et à l’arrière de l’hiloire, en tenant compte de l’écartement des barres de toits, soit 43 pouces pour mon véhicule. Comme mes deux kayaks n’ont pas la même forme de coque, je devais donc concevoir des berceaux adaptés à chacune. L’idée maîtresse était de concevoir un berceau qui permettrait non seulement de supporter le poids du kayak mais également de remonter légèrement sur les flancs de la coque pour bloquer les mouvements latéraux. De plus, les berceaux devaient être en mesure de pivoter sur un axe pour s’adapter encore mieux à l’angle entre la coque et la quille. Finalement, un coussin de minicel (mousse dense) devait ajouter de l’adhérence au berceau tout en protégeant la quille des éraflures.


Capture de l'angle de la coque avec une jauge de profil.

La complexité de ce projet était surtout liée à la fabrication des axes des berceaux.  Ces axes permettent au berceau de suivre l’angle de la coque et sont composés de trois pièces:  un bloc de soutien fixé à la base (une planche fixée à la barre de toit) et d’une fourche (composée de deux branches)  qui pivote autour du bloc de soutien grâce à un boulon de carrosserie à tête hexagonale . Ces trois pièces (bloc+ 2 branches) ont exactement la même forme (voir le plan plus haut) à cette différence près: le bloc de soutien est deux fois plus épais que les branches (il est composé de 2 épaisseurs de contre-plaqué laminées ensemble) et le trou de l’axe est légèrement décalé (1/8 ‘’ plus haut) par rapport à celui des branches.  Les branches sont vissées et collées (colle uréthane) en dessous et au centre du berceau (voir illustration, plus haut), alors que le bloc de soutien est vissé et collé à la base.
Pour découper les branches de la fourche et les blocs de soutien il est plus simple
de dessiner un patron à l'ordinateur et de coller ce patron avec de la colle en aérosol
directement sur le contre-plaqué








Il suffit par la suite de découper les pièces sur la scie à ruban et de préciser
le contour sur une sableuse fixe à courroie.
La précision du perçage de l'axe central est capital, réalisé ici à l'aide d'une
perceuse à colonne muni d'une mèche à pointe de centrage de 1/4''.
Le produit final un berceau solide dont les parties sont vissées et collées
à la colle uréthane.



Une fois que les branches sont fixées au berceau, on y attache la base avec un boulon de carrosserie à tête hexagonale de 1/4’’ x 2 1/2’’. Pour fixer le boulon, on ajoute une rondelle et un écrou à insertion de nylon (lock bolt). Il faut serrer le boulon juste assez pour que l’ensemble fourche-berceau pivote avec une légère résistance autour de la base.   Avant de fixer le bloc de soutien à la base, il est nécessaire de mesurer l’angle des berceaux en fonction de la forme du kayak, comme ce dernier se referme en pince à l’avant et à l’arrière de l’hiloire, les berceaux devront donc suivre l’angle de la pince (voir illustration plus bas) et demeurer perpendiculaires à la coque.




 La meilleure méthode pour trouver l’angle de chaque berceau est de procéder à un essai. Une fois que les berceaux seront vissés à leur fourche et que le bloc de soutien sera boulonné à la fourche, on place les 4 berceaux sur les deux bases ( des planches qui sont  attachées aux barres de toit avec des écrous en « U ») en les positionnant l’une de l’autre à la même distance que sur le véhicule (dans mon cas à 43’’ d’écart). Par la suite, on dépose délicatement le kayak sur ses  berceaux en serrant ces derniers contre la coque, il suffit alors de faire le contour du bloc de soutien sur la planche de base avec un crayon pour en déterminer l’emplacement précis.  Il suffit par la suite de fixer le bloc de soutien à la base avec 2 vis (No 8, 2 1/2 à têtes coniques) et un peu de colle uréthane.

Pour concevoir le système pour hisser ou descendre le kayak de la toiture du véhicule, j’ai pensé utiliser un rouleau de quille en caoutchouc qui est normalement vendu pour déplacer un bateau ou une chaloupe sur une remorque. On peut se procurer ce type de rouleau dans certaines grandes surfaces spécialisées de pièces d’automobile (dont Canadian Tire) ou chez un détaillant spécialisé en équipements nautiques. Le coût varie de 16$ à 25$ environ.  Le principe est simple : il faut d’abord placer le rouleau avec sa base (voir plan)  près de l’extrémité de la toiture du véhicule, ensuite il faut soulever la proue du kayak et venir l’appuyer sur le rouleau après, soulever la poupe du kayak et le pousser pour l’installer sur ses quatre berceaux.  Le rouleau est relié par deux bras au support arrière (voir plan plus bas)  afin de le stabiliser quand on manoeuvre le kayak, ces deux bras comportent à leur extrémité deux goujons de 3\8’’ de diamètre qui viennent s’encastrer dans deux orifices de même diamètre sous la planche de soutien du support arrière. Comme mon système a été conçu pour transporter 2 kayaks, j’ai donc ajouté deux autres orifices de 3/8’’ dans l’axe du deuxième kayak, il suffit donc de déplacer le rouleau pour hisser le deuxième kayak. Lors des déplacements avec le véhicule, le rouleau doit obligatoirement être rangé à l'intérieur de ce celui-ci, car il pourrait se détacher sous l'effet des vibrations, il ne peut servir qu'à hisser ou descendre les kayaks lorsque le véhicule est immobilisé.



Plan complet du système de transport de kayaks



Toutes les pièces en bois du système ont été vernies avec un vernis extérieur. Pour plus de résistance à l’eau et aux rayons du soleil j'aurais pu utiliser un vernis marin lustré (de type Épifanes), mais cela demeure optionnel, le support étant moins exposé à l’eau que le kayak. La peinture noire extérieure demeure également une autre option, là c’est une question de look !








Pour retenir les kayaks sur leurs berceaux lors des déplacements, il faut bien sûr ajouter au système des sangles à cliquet (voir photo plus bas) ou à boucle à came. Les sangles à cliquet sont souvent vendues par paire dans plusieurs quincailleries et à un prix très abordable.  Pour faciliter le « bouclage » des kayaks, j’ai installé deux anneaux d’arrimage au centre de chaque planche de soutien et j’ai fait coudre l’extrémité de chaque sangle autour de l’anneau d’arrimage (elles y restent donc fixées en permanence). Du côté extérieur des kayaks, j’ai installé le cliquet qui grâce à une ganse  (cousue elle aussi)  se place à l’extrémité de la barre de toit qui dépasse de la planche de soutien (voir photo plus bas).  Ce système d’attaches est rapide à mettre en place et combiné avec les berceaux il assure une très grande stabilité à l’ensemble. Terminées les inquiétudes durant les longs déplacements, les kayaks vont suivre sans bouger d’un poil  !!! 



La sangle du cliquet a été modifiée. Une ganse a été
cousue solidement  pour que la sangle puisse entourer
l'extrémité de la barre de toit.

Une ganse permet de fixer la sangle du cliquet à
l'extrémité de la barre de toit.

Les sangles intérieures sont fixées à des anneaux
d'arrimage boulonnées au centre de la base.



J’ai réussi mon pari, car j’ai dépensé uniquement 55$ pour réaliser ce support double (rouleau+quincaillerie+minicel). Je dois préciser que j’avais déjà les barres de transport Thule qui s'arrime au porte-bagages de ma voiture, les sangles à cliquet et que j’ai pu utiliser les chutes de bois de mon atelier  (planches et pièces de contre-plaqué baltique) pour réaliser les quatre berceaux et les deux planches de soutien et  bien sûr... Un bricoleur ne compte pas son temps, puisque c’est un loisir ! 


Ce projet,  qui s'adapte bien à mon propre matériel, pourrait nécessiter des modifications pour s'adapter de manière sécuritaire à d'autres types de véhicules, de barres de toits ou de kayaks. Je partage donc ce projet sur mon blogue uniquement afin d'exposer ma démarche de conception et de fabrication. Libre à chacun de s'en inspirer ou de concevoir son propre système !  



Liste des matériaux
(à titre indicatif seulement)

  • 2 pièces de bois de 3 1/2’’ x 3/4’’x 47’’  (base qui sera fixée aux barres de toit)
  • 2 pièces de bois 1’’x1’’x 24’’ (bras qui retiendront le rouleau de quille à la base arrière)
  • 2 pièces de bois de 1 1/2’’ x 3’’ x 4’’
  • 1/4 d’un panneau de contreplaqué baltique de 1/2’’ d’épaisseur (normalement vendu en panneau de 60’’ x 60’’) 
  • 4 boulons en U de 1/4’’ avec écrous à insertion de nylon (lock bolt)
  • 8 boulons de carrosserie de 1/4’’ à tête hexagonale avec rondelle et écrou à insertion de nylon
  • 48 vis de patio (brune ou verte)  à tête conique de 2’’ (ou idéalement en acier inox)
  • 1 rouleau de quille (de 10 1/2’’ de largeur)
  • 1 goujon de 3/8’’ x 12’’ (axe du rouleau de quille, le diamètre peut donc varier en fonction du rouleau)
  • 4 anneaux d’arrimage + 8 boulons de carrosserie de 3/16’’ x 1’’ avec 8 écrous à insertion de nylon (lock bolt)
  • 4 kits de sangles à cliquet
  • 1 feuille de minicel 3/8’’x  d’épaisseur (pour recouvrir les berceaux)
  • Vernis extérieur lustré ou vernis marin lustré (type Épifanes), peut également être peint en noir lustré… question de look !



mercredi 21 mars 2018

Armoire d'ébénisterie



Autrefois, à l’époque des maîtres et des apprentis, chaque ébéniste fabriquait son coffre à outils. Ce coffre contenait généralement la totalité des outils de l’artisan. Avant l’apparition des premiers outils électriques et pneumatiques, ce coffre ne contenait bien sûr que des outils manuels comme des rabots, des bouvets, des vastringues, des varlopes, des guillaumes, un vilebrequin, des trusquins, des ciseaux à bois et bien sûr des égoïnes ! Le coffre à outils était non seulement un meuble de rangement bien organisé où chaque outil y occupait une place en fonction de sa fréquence d’utilisation, mais il était également le reflet du savoir-faire de l’artisan. Aujourd’hui, certains de ces coffres sont d’ailleurs exposés dans des musées. 

Au fil de l’histoire, le coffre à outils était également le reflet de la pratique du métier. Au XVIIIe siècle, avant l’avènement de l’ère industriel, le coffre à outils accompagne l’artisan dans tous ses déplacements. Le coffre doit être robuste, car il est transporté d’un chantier à l’autre en charrette sur des routes souvent peu carrossables. Le coffre contient l’essentiel du patrimoine de l’artisan, pour cette raison il est légué à ses héritiers et le plus souvent, au fils qui suivra les traces de son père. À partir de la deuxième moitié du XIXe, les outils fabriqués de bois, comme les rabots et les serre-joints, cèdent en partie leur place à des outils complètement métalliques. La guerre de Sécession aux États-Unis ouvre une nouvelle ère où des industriels comme Frederick Trent Stanley vont déposer de nombreux brevets d’outils en acier qui vont accroître la précision du travail du bois. Ces nombreuses innovations font toutefois augmenter le nombre d’outils dans le coffre de l’artisan l’obligeant à faire preuve d’ingéniosité pour maximiser chaque centimètre carré de son coffre. Un bel exemple demeure le coffre d’Arthur Sorrill, un artisan anglais, qui appartient à la collection du Musée canadien de l’histoire à Gatineau, à voir sur le site du musée à l’adresse suivante : www.museedelhistoire.ca/cmc/exhibitions/tresors/treasure/140fra.shtml. D’autres exemples de coffres des périodes pré et post-industriels sont présentés dans le magnifique ouvrage de Jim Tolpin publié chez Taunton Press sous le titre « The Toolbox Book » (1995, 200 pages).

Si le coffre à outils demeure encore présent dans les ateliers modernes d’ébénistes, il ne contient plus la totalité des outils de l’artisan ! En effet, l’électrification des ateliers a multiplié le nombre des outils dont le banc de scie occupe une place centrale entourée de la dégauchisseuse, de la raboteuse d’épaisseur, de la scie à ruban ou de la perceuse à colonne. Aujourd’hui, « le coffre » prend plutôt la forme d’une ou de plusieurs armoires murales situées à proximité de l’établi. Dans plusieurs ateliers, les outils les plus utilisés sont simplement accrochés sur des panneaux muraux afin d’en accroître l’accessibilité ou sur des chariots pouvant se déplacer près de l’établi. C’est le cas des serre-joints, des grandes équerres, des marteaux et maillets, des règles et des guides, etc. Il existe toutefois des groupes d’outils que chaque ébéniste qui se respecte aime bien retrouver toujours au même endroit. Ainsi, les outils de mesure et de marquage comme les règles, les équerres, les verniers, les équerres à combinaison, les compas et les trusquins qui sont essentiels à toutes les étapes d’un projet, devront être à la hauteur des yeux dans une armoire située à portée de main. Comme il s’agit d’outils de précision, chacun aura son support évitant qu’ils puissent s’entrechoquer, une équerre dont les extrémités sont endommagées est moins précise et peut induire des erreurs dans la réalisation d’un projet. 






Dans mon propre atelier j’ai opté pour une combinaison de système de rangement : des tiroirs profonds pour remiser les outils électriques portatifs comme les toupies, sableuses, rabot, scie à découper, scie circulaire, biscuiteuse, etc. et de grandes armoires pour remiser la quincaillerie, les peintures et vernis, les adhésifs, etc. Sous la surface de mon établi on retrouvait également des tiroirs où je plaçais notamment, les instruments de mesures et de marquage, les forets, les mèches de toupie, les ciseaux à bois, les limes, les pierres à aiguiser, les guides d’aiguisage, les rabots, les vastringues et les guillaumes. Avec le temps, je trouvais ce dernier rangement peu pratique, car les outils étaient répartis dans 6 tiroirs ce qui m’empêchait de les repérer rapidement, voire même de me souvenir de leur existence ! De plus, je devais continuellement me pencher pour ouvrir les tiroirs, prendre l’outil et le replacer. Bref de la manipulation supplémentaire qui augmentait le temps consacré à un projet. J’ai donc pris la décision de concentrer le contenu de ces tiroirs dans une armoire murale peu profonde où d’un seul coup d’œil je pouvais localiser l’instrument ou l’outil dont j’avais besoin.  




Inspirée en partie des cabinets de curiosités d’autrefois ma nouvelle armoire se divise en deux : à gauche, une vitrine regroupe les rabots, guillaumes, vastringues, guides d’aiguisage et tous les instruments de mesures et de marquages. À droite on retrouve une section dont le panneau est d’une profondeur égale à la partie murale afin de répartir l’accrochage des outils sur une plus grande surface. Lorsque le panneau est complètement ouvert, on peut donc voir facilement l’ensemble des outils. Dans cette partie on retrouve les forets, les mèches de toupie, les ciseaux à bois, les râpes, les limes, les racloirs et les scies japonaises. Une fois fermé, le panneau de cette section d’armoire devient un tableau noir avec une zone magnétique dans le haut pour y suspendre un plan ou une liste de matériaux. Le tableau s’avère très utile dans l’atelier pour noter des mesures ou dessiner un croquis. La zone magnétique a été réalisée en encastrant dans le panneau 4 petits aimants sur une ligne horizontale près de la bordure supérieure du panneau. Sous cette section on retrouve également deux petits tiroirs, celui de gauche contient les pierres d’aiguisage et celui de droite des accessoires de toupie et les craies pour le tableau !






L’armoire a été fabriquée avec du cerisier tardif de 3/4’’ d’épaisseur (caisson et cadre des panneaux) et du contreplaqué russe de 1/2’’ d’épaisseur (pour le fond, les tablettes et le tableau). Les joints du caisson ont été réalisés en queue d’aronde comme ceux des tiroirs. La finition du cerisier a été réalisée avec une couche d’huile de lin bouillie et trois couches de vernis au tampon.