vendredi 3 juillet 2020

Un vestiaire familial






Ma fille va célébrer un anniversaire marquant cette année et pour souligner l’événement j’ai décidé de lui offrir le meuble qu’elle souhaitait. Pour marquer le temps qui passe, il faut parfois s’inscrire dans la matière, tailler la pierre comme les pharaons ou les bâtisseurs de cathédrale. Mais comme je suis qu’un humble artisan du bois, c’est donc dans cette matière que j’ai décidé de souligner son anniversaire. Après l’avoir consulté, nous nous sommes entendus sur un projet utilitaire, mais qui deviendrait comme le lieu d’accueil de sa demeure familiale. C’est ainsi que le projet de vestiaire a pris naissance. 


Comme à mon habitude, j’ai commencé le projet en parcourant Internet et surtout les pages de Pinterest afin de voir les tendances pour ce type de mobilier. Je savais au départ que j’avais besoin de quatre sections (1 par membre de la famille) et que je devais répartir le vestiaire en 2 modules de part et d’autre de l’entrée principale de la maison, car je n’avais pas l’espace nécessaire pour aligner les quatre sections dans la même portion de mur. Ainsi chaque module devait regrouper 2 sections de 24’’ de largeur. Après discussion avec ma fille, on n’a convenu que chaque section devait contenir de bas en haut une sous-section ouverte pour ranger souliers et bottes, un grand tiroir pour les accessoires (tuques, mitaines, gants, foulards, etc.), une penderie avec 5 crochets et finalement une armoire pour ranger les accessoires hors-saison. L’empilement de ses sous-sections donnait finalement une hauteur de 92’’ soit à peine 3’’ de moins que la hauteur de la pièce.





La principale difficulté de ce projet était de le réaliser dans mon atelier et de le rendre entièrement démontable pour être en mesure de le transporter dans mon « vus », de l’amener à destination, 265 km plus loin et finalement de le remonter. Je devais donc adopter « l’approche suédoise de la clé hexagonale » ! En fait pas tout à fait, car certains éléments devraient être vissés, collés ou cloués une fois sur place. Mine de rien, cet aspect du projet a complexifié le travail et m’a sortie de ma zone de confort, car le jointage classique pour lequel j’avais développé une certaine expertise devait être adapté. Les seuls éléments qui pouvaient être entièrement réalisés et assemblés en atelier étaient les deux caissons et leurs tiroirs qui constituent la base des deux modules. Ces 2 caissons de 17’’x 24’’ x 48’’ pouvaient entrer directement dans l’arrière de mon véhicule, alors que toutes les autres composantes pouvaient se glisser en pièces détachées au-dessus et sur les côtés des caissons.



Un véritable jeu de Tetris pour faire entrer l'ensemble du vestiaire dans le coffre arrière !



Rendu photographique de la première version du projet


J’ai décidé de réaliser le projet uniquement en pin massif autant pour sa beauté que pour le plaisir et la facilité de travailler ce beau résineux d’ici. J’ai trouvé dans ma région un marchand de bois qui avait des planches brutes de 4/4 en stock et dans une largeur de 6’’ et des longueurs variant de 6’ à 12’. Une bonne partie du projet a donc été consacrée au dégauchissage, au rabotage et au laminage des planches afin d’obtenir les largeurs de panneaux nécessaires à chaque composante du meuble. Pas loin de la moitié, du temps de travail a donc été consacré à la préparation du bois, il est certain que si j’avais utilisé du contreplaqué plutôt que du pin massif j’aurais épargné beaucoup de temps, mais la qualité du meuble n’aurait pas été la même !


Montage de la partie haute  sur la base



Le projet fait appel à plusieurs techniques d’assemblage dont celle de la « rainure et languette flottante en queue d’aronde ». Cette technique, qui est un peu complexe à mettre en œuvre, facilite le montage et le démontage des composantes qui doivent s’insérer entre deux montants. La partie la plus délicate est de tailler avec précision les languettes qui doivent s’insérer dans les rainures en queue d’aronde. Avec une toupie, une mèche en queue d’aronde et un petit gabarit artisanal (voir illustration plus bas) on taille d’abord les rainures sur les champs gauches et droits des composantes à insérer (essentiellement les tablettes et les bases d’armoire). Avec un autre gabarit artisanal et la même mèche de toupie en queue d’aronde, on coupe les champs des languettes pour leur donner la forme.


L’assemblage de la partie haute du vestiaire à la base a été réalisé avec des « ferrures à assemblage rapide » vendu chez Lee Valley. Ces ferrures comportent une goupille filetée d’une longueur de 1 1/2’’, elles sont vissées dans des insertions situées à la base des deux montants externes de la partie haute. Dans la base on retrouve 4 trous où les goupilles vont s’insérer. Au fond de chaque trou, on retrouve un écrou transversal et une vis hexagonale qui va s’insérer dans une cavité située à l’extrémité de la goupille… vous êtes mêlés ? Normal ! Ce n’est pas simple à expliquer avec des mots, je vous invite donc à voir les illustrations plus bas. Ce système d’assemblage est vraiment génial, car il permet surtout d’assembler ou de démonter des pièces tout en garantissant une grande 

solidité.


Composantes du système d'assemblage rapide de Lee Valley




La partie filetée à gauche est vissée dans l'extrémité d'un montant






Petit guide artisanal pour tailler à la toupie une rainure en queue d'aronde 
qui recevra un tenon flottant de la même forme. 


Un tenon flottant inséré dans sa rainure. Les tenons sont simplement
vissés à la surface d'un montant.




Vestiaire complété ... et le chien de la famille qui voudrait bien le voir!


J’ai intégré un système d’éclairage au vestiaire en utilisant un profilé d’aluminium vendu spécifiquement pour recevoir un ruban de lumières DEL. Ce profilé d’aluminium (que l’on retrouve chez Lee Valley et plusieurs plateformes de ventes en ligne) comporte un petit diffuseur en acrylique qui permet un éclairage plus homogène. Ce qui est vraiment intéressant avec ce type d’éclairage c’est qu’il est facile de l’intégrer à un projet tout en demeurant incroyablement discret. Dans ce projet, le profilé de 3/4’’ de largeur, 1/4’’ de profondeur et de 36’’ de longueur a été insérer dans une rainure située sous la ligne des armoires dans la patrie haute du vestiaire, ainsi les lumières DEL (blanc chaud) éclairent tous les vêtements placés sur les crochets. Un transformateur 12v a été dissimulé dans une des armoires de l’un des modules et un petit interrupteur circulaire placé dans chaque module.   

 

Quelques minutes plus tard... le vestiaire est déjà occupé !



dimanche 29 mars 2020

Atelier de couture



Mon plus récent projet n’est pas un meuble, mais plutôt un ensemble de meubles qui constitue l’atelier de couture de ma conjointe. Depuis plusieurs années nous avions converti l’une des chambres de notre maison en « walk in » et en « coin » couture. La vocation « walk in » a été réglée facilement en achetant des modules PAX de Ikea, de grandes armoires subdivisées en penderies et tiroirs. Le « coin » couture était moins aménagé et souffrait d’un manque criant d’ergonomie. J’ai donc décidé de concevoir un véritable atelier de couture fonctionnel qui respecterait à la fois le style scandinave des modules PAX. Quelques semaines de conception sur le logiciel Sketchup m’ont permis d’optimiser chaque centimètre de l’espace résiduel de cette pièce.  

Comme dans plusieurs ateliers de couture mon plan d’aménagement devait intégrer les éléments suivants :

  1. Un espace pour la machine à coudre.
  2. Une surface de travail pour la découpe et l’assemblage.
  3. Un éclairage adéquat des surfaces de travail.
  4. De grands tiroirs pour entreposer des tissus et autres matériels.
  5. Un tableau mural pour les bobines de fil.
  6. Une surface d’accrochage mural pour des bacs de rangement et patrons
  7. Une suspension pour grande pièce de tissus et séchage
  8. Une planche à repasser murale rétractable. 



Au final l’atelier devait être fonctionnel tout en demeurant polyvalent, car ma conjointe qui pratique la couture comme loisir devait pouvoir utiliser son atelier pour d’autres formes d’artisanat. Ainsi, la machine à coudre devait pouvoir être déplacée facilement pour libérer la surface de travail central. 

Comme les modules PAX déjà présents étaient en mélamine blanche, j’ai donc décidé de combiner ce matériel au bois dans la conception de l’atelier. Pour les surfaces de travail j’ai utilisé le contreplaqué russe (merisier), alors que les tiroirs et les caissons des armoires sont en mélamine blanche de 5/8e d’épaisseur. Pour les armoires qui sont au-dessus du plan de travail, j’ai décidé de fabriquer des portes avec montants et traverses en érable et panneau en verre clair. Les panneaux de verre des portes permettent donc de voir facilement le contenu des armoires sans les ouvrir tout en allégeant visuellement ce volume. Deux blocs d’armoires sont séparés par un espace tablette pour y placer un haut-parleur wifi et quelques souvenirs ! Pour compléter l’intégration visuelle au module PAX, j’ai choisi pour les armoires les poignées « hishult » dans le catalogue IKEA. De même, la surface murale d’accrochage sous les armoires est le système modulaire « skådis » qui permet d’y accrocher de petits contenants, des pinces et supports de différentes formes. Sous les armoires j’ai installé un bandeau de lumières DEL pour fournir un éclairage direct sur plan de travail. Au plafond, un rail de 5 projecteurs DEL fournit l’éclairage général de la pièce.

La surface de travail et ses panneaux de support ont été réalisés en collant deux feuilles de contreplaqués russes de 1/2’’ d’épaisseur. J’ai utilisé de la colle à construction et de nombreux serre-joints pour assurer leur collage uniforme. La surface de travail formant un « U » j’ai cherché une solution pour la construire en 3 sections démontables, un peu comme un meuble Ikea ! Sur le site de Lee Valley j’ai trouvé un système de montage très bien adapté à mon besoin, il s’agit d’une goupille métallique qui assure la jonction des surfaces. La goupille s’insère dans un trou traversant dans un écrou transversal et se fixe en place à l’aide d’une vis de blocage (voir les 3 illustrations plus bas). Ce système est métrique, le trou pour insérer l’écrou doit être percé avec une mèche Forstner de 15 mm alors que celui de la goupille nécessite une mèche Forstner de 10 mm. Il est préférable d’utiliser une perceuse à colonne, car l’enlignement des pièces doit être parfait, la moindre déviation de l’axe provoquera un blocage et la goupille qui ne pourra s’insérer correctement dans l’écrou.











Sous la section droite de la surface de travail j’ai intégré un petit séchoir, très utile pour faire sécher des articles délicats, il peut également servir à suspendre des pièces de tissus. Ce séchoir est composé d’un cadre et de quatre goujons de 1/2’’ de diamètre, deux coulisses permettent de glisser le séchoir sous la surface de travail qui prend l’aspect d’un tiroir une fois fermé. Sous la section gauche de la surface de travail, j’ai intégré une petite commode à 4 tiroirs. Placés au plus près de la couturière, les tiroirs de cette commode regroupent des pièces de tissus, des patrons, des règles, etc.















Le présentoir à bobines de fil est également situé à gauche au-dessus de la surface de travail. La base du présentoir a été réalisée dans un masonite de 1/4’’ d’épaisseur sur lequel j’ai vissé par l’arrière les barrettes à goujons (1/4’’ de diamètre) où sont insérées les bobines. Les barrettes sont inclinées à 45 o pour que les bobines demeurent bien en place et pour que leur couleur soit bien visible d’un seul coup d’œil. Si jamais la couturière compte ajouter plus de bobines à son e, il suffira d’ajouter un ou des présentoirs supplémentaires. Pour les petites bobines de 3/4’’ de diamètre (comme celles de la marque Gütermann) l’espacement entre les goujons est de 1 1/8’’ alors que pour les bobines de 1 1/4’’ (comme celles de la marque Coasts) l’espacement est de 1 3/4’’ (voir illustration).




Une planche à repasser murale vient compléter l’installation. Ce modèle (acheté en ligne) est monté sur ressort ce qui permet de la rabattre sur le mur sans effort. Son look industriel convient parfaitement à cette pièce atelier.