lundi 16 décembre 2013







Table de salle à manger

 Il y a près de 35 ans, je réalisais ma première table de salle à manger. À cette époque, je vivais ma période « arts et traditions populaires », je m’intéressais aux belles maisons ancestrales et au mobilier de la Nouvelle-France. Ma production était à l’avenant, j’avais tendance à reproduire les meubles que l’on retrouvait dans « la bible » de l’époque : « Les meubles anciens du Canada français » de Jean Palardy
Reproduction d'une petite armoire rustique
du XVIIIe siècle...réalisée dans ma
période "arts et traditions populaires" !  
qui encore aujourd’hui demeure la référence de bien des conservateurs de musées et d’antiquaires québécois. Mais pour la table de la salle à manger, je n’avais rien trouvé de vraiment pratique dans ce répertoire de meubles anciens, j’ai alors décidé de m’inspirer d’un modèle campagnard assez répandu au Québec. Réalisée avec un minimum d’équipement, elle a tout de même bien résisté à l’épreuve du temps et aujourd’hui elle connaît une seconde vie chez mon fils. Sans délaisser complètement le meuble traditionnel disons que j’ai troqué mon côté « arts et traditions populaires » par un côté plus « zen et contemporain », il faut bien être de son temps! Il y a un an je me suis donc donné le défi de concevoir une nouvelle table de salle à manger aux lignes très contemporaines. 

Ma première table de salle à manger réalisée il y a plus de
35 ans avec un plateau de bouleau jaune de 1 1/2" d'épaisseur.
Mon principal défi dans ce projet était de concevoir une table qui pouvait s’agrandir à partir de l’une de ses extrémités, plutôt que par le centre et que l’on puisse dissimuler facilement, sous le plateau, la section pour allonger la table. Après une visite chez un réputé détaillant de mobiliers contemporains à Québec, j’ai vite compris que les manufacturiers qui proposaient ce type de table avaient développé leur propre quincaillerie qui le plus souvent s’articulait autour d’une structure métallique coulissante placée sous le plateau de bois. En plus du design de la table, je devais donc développer un mécanisme d’ouverture artisanale à partir de la quincaillerie disponible sur le marché. J’ai alors eu a l’idée de traiter la section coulissante comme un simple tiroir. Une structure


Modélisation 3D de la table extensible (dessin sketchup  et rendu photographique avec Kerkythea) dans ce plan le plateau est retiré pour faire voir la structure du mécanisme d'extension en érable et l'emplacement de la section qui permet d'allonger la table.
en érable placée sous le plateau sert de logement pour un cadre (également en érable) qui comme un tiroir glisse à l’intérieur de la structure, grâce à de simples coulisses de tiroir sur roulement à billes. La structure et le cadre en érable sont boulonnés après l’ensemble pattes/traverses à chaque extrémité de la table. Il faut préciser ici que les pattes sont reliées entre elles par une traverse et forment donc un portique qui est au même niveau que la surface du plateau. Les deux portiques assurent une grande stabilité à la table, l’assemblage des pattes à la pièce transversale est réalisé par des tenons traversants

Plan de la table de cuisine.  C'est en tirant sur le piètement d'un côté de la table que l'on peut libérer la section d'allonge dissimulée sous le tablier 


La section glisse d'un côté de la table grâce à deux coulisses de tiroir sur roulement à bille qui sont fixés à la structure en érable sous le plateau de la table.
qui en plus d’être très solides contribuent à l’esthétisme du meuble. Les coupes pour les tenons et les mortaises ont été réalisées avec une scie à ruban en utilisant le guide parallèle et 4 espaceurs en MDF de ¾ »’ d’épaisseur. Les espaceurs ont permis de réaliser les coupes à intervalles réguliers, sans le moindre risque d’écart d’une coupe à l’autre, ce qui est absolument nécessaire pour ce type de joints apparents. Une fois les coupes réalisées j’ai simplement évidé les mortaises avec un ciseau à mortaiser de ¾ »’.

Des joints à tenons traversants pour les pattes et les traverses ... à la fois solides et esthétiques.

La réalisation du plateau a demandé beaucoup d’attention, car je devais laminer plusieurs pièces de bois pour obtenir une surface de 41’’ x 96’’. Pour obtenir un plateau qui peut s’allonger avec une section amovible, il est nettement préférable de laminer les pièces en considérant la longueur totale du plateau une fois allongé et d’y découper par la suite la section qui deviendra amovible. On s’assure ainsi d’un mariage parfait du plateau et de la section amovible lorsque la table sera déployée à sa pleine longueur. Cette approche a soulevé un certain défi dans la préparation des planches qui forment le plateau, car dégauchir des planches de 96 « ’ sur ma dégauchisseuse qui n’avait que 46’’ longueur aurait pu donner de bien mauvais résultats. L’astuce que j’ai utilisée a été d’allonger la table d’alimentation et de sortie de la dégauchisseuse (jointer) et de la raboteuse d’épaisseur (planer) avec des tables d’allonge en contreplaqués permettant de supporter les planches sur toute leur longueur. J’ai utilisé un niveau de 48’’ pour m’assurer que les tables d’allonge étaient parfaitement au niveau avec les tables de la machinerie.

Voici le plan de l’installation pour dégauchir des planches de près de 100'' de longueurs. Il faut s’assurer que les 2 extensions en contreplaqué seront  parfaitement de niveau avec la table d’alimentation et la table de sortie de la dégauchisseuse.

 Finalement, pour faciliter le laminage des planches j’ai choisi de le faire par étape en collant d’abord trois sections de 12’’ de largeur qui correspondaient à celle de ma raboteuse d’épaisseur. Une fois bien collée, j’ai passé chacune de ces sections à la raboteuse pour m’assurer de leur parfaite égalité. Les trois sections de 12’’ furent finalement lamellées (avec des lamelles, ou biscuits, no 20) et collées entre elles et avec une planche de 5’’ pour atteindre la largeur totale de 41’’. Un ponçage à la sableuse rotative a finalement permis de faire disparaître toutes traces de colle et les petits écarts de niveau entre les sections.


Table de salle à manger contemporaine complétée - 

L'extension de la table est dissimulée sous le plateau. Sous les pattes (à gauche) il y a des patins en Téflon pour leur permette de mieux glisser sur le parquet  lorsque l'on tire pour dégager l'extension.


Le plateau et les pattes de la table ont été réalisés en cerisier tardif, un bois que j’aime bien en raison de sa coloration naturelle. Inutile de teindre ce bois, une couche d’huile de lin bouilli suffit pour faire ressortir sa belle teinte d’un brun rougeâtre qui foncera avec le temps sous l’action de la lumière. Une fois que la couche d’huile de lin fut complètement absorbée et que le bois fut sec au touché (48 heures après l’application), j’ai appliqué 4 couches de vernis au polyuréthane lustré afin d’accroître la résistance et l’imperméabilité de cette table à manger qui subira bien des outrages pendant sa vie utile! Pour assurer un fini uniforme, j’ai sablé entre chaque couche de vernis (papier fin 320), et j’ai poli la dernière couche avec des papiers extra-fins (papiers gris de grade 1000 et 2000, utilisés notamment pour polir la peinture des automobiles) en lubrifiant la surface avec un mélange d’huile et d’essence minérale (1 partie d’huile pour 3 parties d’essence) que je vaporisais avec un petit vaporisateur à eau. Cette façon de faire permet finalement d’obtenir un fini semi-lustre très doux sans marque de pinceau ou d’égratignure.

vendredi 6 décembre 2013

Décorations de Noël au tour à bois


Je ne sais pas si ce sont les origines allemandes de ma famille (l’ancêtre des Payeur d’Amérique, Christopher Bayer,  venait de la région de Hanau près de Frankfort) ou simplement mon cœur d’enfant, mais j’aime bien les rituels entourant le solstice d’hiver et la période de l’avent jusqu’à Noël. Au Québec, les traditions entourant cette période de festivité doivent beaucoup à l’apport combiné des Français, des Britanniques, des Irlandais et bien sûr des Allemands.  Ces derniers ont apporté avec eux le sapin de Noël et ses lumières (des chandelles au XVIIIe siècle), les couronnes de Noël, le calendrier de l’avent et bien d’autres traditions qui aujourd’hui sont intégrées à  notre « patrimoine festif ». Actuellement et jusqu’au 8 décembre, face à l’Hôtel de Ville de Québec,  il y a même un marché allemand, organisé en partie par la communauté allemande de Québec.

Pendant la période de l’avent, j’ai pris l’habitude,  depuis quelques années, de consacrer mon travail en atelier à la fabrication de petits objets pratiques ou décoratifs que j’offre en cadeau à mes proches.  C’est ma manière bien personnelle de m’inscrire dans l’esprit des fêtes et de me faire croire que je suis un peu comme le Nikolas du film « La véritable histoire du Père Noël » (titre original finlandais : Joulutarina du réalisateur Juha Wuolijoki) qui dans son atelier confectionnait des jouets de bois pour tous les enfants de son village de Laponie, un film magnifique à voir et à revoir !

La forêt enchantée

J’aime bien le tour à bois en décembre, car c’est l’outil idéal pour fabriquer différentes décorations de Noël... petits sapins, bonshommes de neige et boulles de Noël !  Le tour à bois est un outil magique,  car en partant d’un rondin de bois avec son écorce on peut réaliser toutes les étapes de fabrication jusqu’à la finition complète. De plus le tour à bois est un outil zen, car pendant le tournage d’une pièce vous devez constamment vous concentrer sur la position du ciseau, la moindre distraction peut ruiner la pièce ou blesser l’opérateur du tour!


Le sapin tourné demeure mon classique de Noël... Quand je dis « sapin » je devrais plutôt parler d’un conifère, car je m’amuse à faire varier les formes de ces petits arbres miniatures.  Sans plan trop précis, je tourne des rondins qui ont un diamètre variant entre 5cm et 10cm et d’une longueur de 8 cm à 24 cm.  Autant pour les sapins que pour les bonshommes de neige je commence toujours par dégrossir la pièce en tournant  ce qui ressemble d’abord à un gâteau étagé, un empilage de cylindres du plus grand à la base au plus petit au sommet  . Par la suite je donne une forme concave ou convexe à chaque étage en utilisant une plane oblique ou un grattoir arrondi.  Des heures de plaisir !  (voir aussi mon article du 26 novembre 2015 sur le Père Noël en bois flotté)

Réunion au sommet de bonshommes de neige !
Du rondin de bois jusqu'à la forme finale

Ce gâteau étagé en bois deviendra bientôt un bonhomme de neige...en bois!

dimanche 1 décembre 2013



Après un long silence, jamorce aujourdhui un nouveau chapitre à lintérieur de ce blogue. Comme je pratique l’ébénisterie depuis quelques années (je nose mettre le nombre dannées!) jai eu loccasion dexpérimenter plusieurs techniques dassemblage avec une grande variété dessences de bois pour réaliser des projets très variés, du coffret à bijoux jusquau Kayak de mer! Jai acquis la majorité de mes connaissances techniques par la lecture de livres et de sites web comme celui-ci. Je dois lavouer, ce nest pas la manière la plus simple dapprendre l’ébénisterie, car rien n’égalera lenseignement dun maître qui est au sommet de son art. Encore faut-il en connaître un et surtout avoir du temps pour suivre son enseignement, ce qui n’était pas mon cas jusqu’à lannée dernière, car j’étais bibliothécaire à temps plein! Je ladmets demblée, la bibliothéconomie et l’ébénisterie ont peu de chose en commun, si ce nest le meuble qui sert à ranger les livres. Il y a également très peu de bibliothécaires-ébénistes ou vice et versa, car le profil des deux professions nest pas très apparenté... vous laurez facilement deviné! Pour ma part je dois sans doute mon profil hybride au fait que je viens dune famille ou la curiosité intellectuelle et le travail manuel ont été revalorisés de la même manière. Comme la bibliothéconomie est une discipline qui embrasse toutes les connaissances de lhumanité, je nai pas tardé à bâtir des ponts entre ma carrière professionnelle et celle de mon autre vie! Dune lecture à lautre et avec beaucoup dessais et derreurs, je suis doucement passé du statut de bricoleur du dimanche à celui d’ébéniste!
Je conçois et dessine la majorité des meubles que je réalise dans mon atelier. La conception dun meuble demande beaucoup de temps, il nest pas rare que cette étape soit même plus longue que la réalisation du meuble en atelier. Selon ma propre appréciation, un meuble bien fait doit répondre à quatre critères :

1.  Il doit combler efficacement le besoin pour lequel il est destiné; 
2.  Il doit être solide et résister à lutilisation normale à laquelle il est destiné;
3.  Il doit être bien proportionné et répondre à un style;
4.  Il doit être fini avec soin, incluant ses parties moins visibles.

Ces critères peuvent paraître évidents à première vue, mais si vous avez déjà magasiné sérieusement des meubles vous savez parfaitement ce que je veux dire, des meubles sans style, fragiles ou inconfortables il y en a plein les grandes surfaces!   Une fois que jai bien cerné lutilité réelle dun meuble, je débute toujours par une recherche de style. Si le meuble doit être intégré au décor dune maison ancestrale ou à celui dune maison contemporaine aux lignes épurées il faudra décider si le nouveau meuble devra se fondre au décor ambiant ou sy intégrer par contraste, le mélange des styles est toujours possible, tout étant une question d’équilibre au final. Si je dois minspirer dun style en particulier je vais orienter ma recherche vers des livres qui présentent ce style avec ses principales caractéristiques et qui donnent de nombreux exemples en photos. Avant de me lancer dans la conception dun meuble de style, je dois dabord bien assimiler ce qui caractérise le style auquel il est censé corresponde et le type dassemblage que lon doit utiliser pour bien respecter ce style. Il arrive rarement que je reproduise à lidentique un meuble d’époque, car pour moi le meuble nest pas que meublant, il a dabord une fonction, or il est rare quun meuble conçu à une autre époque puisse bien sadapter aux besoins daujourdhui. Une fois le style identifié, je dessine quelques esquisses au crayon pour camper la forme générale et les proportions du meuble. Lesquisse est la véritable étape de création, car elle permet de laisser libre court à son imagination sans être freiné par les calculs ou les aspects plus techniques dun plan datelier. Comme plusieurs ébénistes jutilise également le logiciel Sketchup (développé initialement par Google et distribué aujourdhui par Trimble) à l’étape de lesquisse, car contrairement à dautres logiciels de CAO comme Autocad, Sketchup permet autant de réaliser une esquisse rapide quun dessin datelier aux dimensions précises. Sketchup est disponible en version française et gratuite à ladresse suivante:


Après lesquisse vient l’étape du dessin datelier qui permettra cette fois de déterminer les dimensions de chaque pièce du meuble et leur méthode dassemblage. La précision du dessin est essentielle pour réduire au minimum les erreurs lors de la fabrication et pour estimer correctement les matériaux requis. L’étape de conception se termine par une liste complète des matériaux (incluant le débitage), très utile pour estimer le coût de fabrication et commander les matériaux.

Une armoire à épices


1. Armoire à épices contemporaine en érable et
 satiné rubané
Le projet que je vous présente aujourd’hui est une armoire à épices de style contemporain, mais inspiré par le style Shaker à la base. À leur apogée, au début du XIXe siècle, les communautés Shaker de Nouvelle-Angleterre étaient reconnues pour leur inventivité et leur mobilier aux lignes minimalistes sans ornementation, un mobilier d’abord conçu pour répondre à une fonction précise. Ce style préfigurait en quelque sorte la modernité, il a influencé de nombreux ébénistes jusqu’à aujourd’hui. Pour le projet actuel, j’ai donc retenu la sobriété des lignes et l’efficacité du meuble à répondre aux besoins exprimés. J’ai déjà réalisé, il y a plusieurs années, une armoire à épices dans le style victorien tout en acajou (voir photographie 2). À l’époque je m’étais donné le défi de réaliser un projet en étant le plus fidèle possible à un style classique. Cette fois je voulais simplement m’inspirer d’un style comme point de départ et me donner la liberté de créer quelque chose de nouveau.


2. Armoire à épices victorienne
En m’inspirant de petites armoires murales Shaker, j’ai conçu une armoire à épices permettant de contenir aussi bien des épices en vrac que celles contenues dans des petites bouteilles de verres cylindriques (diamètre = 1 ¾” hauteur = 3 ¾”). Contrairement aux ébénistes Shaker qui utilisaient surtout le cerisier tardif dans leurs projets, j’ai décidé pour ma part de combiner deux bois au contraste élevé soit l’érable à sucre qui est très pâle et le satiné rubané un bois d’exception qui est d’un beau rouge vif aux reflets chatoyants. L’objectif était d’utiliser l’érable pour le corps principal de l’armoire et d’utiliser le satiné rubané pour tous les éléments en façade.


Autant par solidité que par esthétisme, j’ai choisi d’assembler en queues d’aronde le corps de l’armoire ainsi que les quatre tiroirs pour le vrac. L’assemblage en queues d’aronde ajoute un niveau de complexité au projet, mais au final on obtient un assemblage très robuste et décoratif à la fois. En utilisant le satiné rubané en façade des 4 petits tiroirs et l’érable pour leurs côtés, l’assemblage en queues d’aronde traversantes donne un effet de dentelle qui fait alterner la couleur de l’érable et celle du satiné rubané.


La partie supérieure de l’armoire contient les épices conservées dans des bouteilles de verre. Le panneau qui donne accès à ce compartiment est en fait une coquille qui en recouvre une autre, ainsi une fois ouvert, on peut voir l’ensemble de la collection d’épices.


Assemblage en queues d'arondes....très solide et esthétique !



Les planchettes du fond sont embouvetées à mi-bois.
D'un seul coup d'oeil tout est visible  !



dimanche 29 septembre 2013

Et si la vie intelligente et consciente n’était qu’une erreur de la Nature ?

Comme la majorité des humains, face à la remarquable capacité de notre cerveau à résoudre des problèmes et  à nous faire prendre conscience de notre existence, j’arrivais facilement à la conclusion que notre émergence comme être pensant constitue une sorte d’aboutissement ultime du processus évolutif de la nature nous plaçant au sommet du règne animal.  Comme je n’adhère plus à aucune religion, j’ai bien sûr écarté l’hypothèse d’un Dieu créateur qui aurait fait l’homme à son image,  comme l’ont affirmé quelques illuminés (lire prophètes !)  qui avaient la prétention d’être branchés directement sur le téléphone céleste ! Mais dans un cas comme dans l’autre est-ce que l’on peut vraiment affirmer que la vie intelligente et consciente est un si « bon coup » pour l’ensemble de la Nature ? La capacité de l’espèce humaine à s’adapter à presque tous les environnements est sans doute extraordinaire pour sa propre survie, mais en quoi est-elle bénéfique à la biodiversité et à l’équilibre de la planète? Force est de reconnaître que l’avidité de l’espèce humaine est  à l’origine de l’une des plus grandes extinctions d’espèces animales et végétales que la planète a connues ! On peut donc s’interroger sur la valeur réelle de sa contribution.

En terme proprement scientifique on ne peut affirmer que l’espèce humaine est une « erreur » de la nature. La notion d’erreur est humaine,  la science se contente plutôt d’observer et de faire des constats. Dans le passé lointain de la Terre, il y a eu d’autres extinctions massives d’espèces attribuables à des météorites ou des éruptions titanesques de volcans, des phénomènes tout aussi naturels que l’on ne peut pas qualifier « d’erreurs ». La différence aujourd’hui c’est que l’extinction massive est attribuable à une espèce pensante et supposément « consciente » de l’impact de ses actions. En fait, les humains sont effectivement conscients de leurs actions, mais à une échelle qui est loin d’englober la planète et qui est surtout orienté en fonction d’une satisfaction immédiate sans égard aux conséquences sur l’environnement.  Malgré son organisation collective, ses lois et ses règlements, l’espèce humaine n’arrive pourtant pas à agir de manière à préserver les véritables ressources naturelles qui sont essentielles au soutien de la vie (ce qui exclut le pétrole !) incluant la tienne ! Comme l’humain est le roi de la triche et de l’opportunisme, il arrive constamment à enfreindre ses propres lois et traités. Ainsi, malgré le protocole de Kyoto (signé en 1997), malgré tous les beaux discours sur la nécessité de réduire les gaz à effet de serre, la quantité de gaz émis augmente chaque année. Entre 1990 et 2006, la production de CO2 a progressé de 33,4% à l’échelle mondiale. À part quelques rares pays, dont l’Allemagne, qui ont réussi à abaisser (-13,4%) leur émission de GES pendant la même période, d’autres pays comme la Chine (+151,7%), le Canada (+28%) et les États-Unis (+16%) ont haussé leurs émissions de GES de manière significative. Il en va de même pour les quotas de pêches, d’exploitation des forêts ou de chasse des espèces menacées. En fait, la tricherie est présente un peu partout où les humains agissent, au Québec nous n’avons qu’à penser à certains  bureaux d’ingénieurs et à certains élus municipaux qui ont eu recours à la collusion et à la corruption pour contourner les règles d’attribution des contrats par les villes !

Plus jeune, j’imaginais que l’être humain avait été créé par l’Univers (dans l’hypothèse où l’Univers est une entité quelconque  consciente de son existence! ...on n’est pas loin de Dieu  bref !) pour se doter d’un observateur conscient, car je me disais à quoi bon mettre au monde des galaxies, des étoiles,  des systèmes planétaires et une nature vivante,  si en fin de compte il n’y a aucun observateur conscient pour apprécier le spectacle ?  Mais la science nous enseigne que l’apparition de l’espèce humaine est le résultat d’une longue chaîne évolutive qui a probablement démarré par une algue bleue au bord de l’océan. Nous devons donc notre émergence du néant à un cocktail chimique à base de carbone et brassé par différentes forces et par beaucoup de hasards sur quelques millions d’années. Bref l’espèce humaine n’est pas le résultat d’un « dessein intelligent » comme certains le prétendent (les créationnistes  entre autres) mais bien le fruit de la chimie organique et de la sélection naturelle des espèces  comme l’a démontré Charles Darwin.  Notre conscience d’exister et de devenir un observateur de l’Univers est apparue progressivement par le développement de notre cerveau. Mais cette conscience d’exister est en quelque sorte un « effet secondaire » de l’intelligence, car nos capacités mentales étaient d’abord et avant tout requises pour assurer notre survie et notre reproduction,  à l’image de nos cousins les autres primates.  On peut observer la progression de la conscience dans le développement d’un nourrisson qui commence par découvrir que la main qui s’agite devant ses yeux lui appartient et qu’il peut la contrôler, par la suite sa motricité se développera et il commencera par explorer son corps, son berceau, sa chambre et le reste de la maison en se traînant puis en titubant et très graduellement, dans la petite enfance,  il deviendra un observateur du monde qui l’entoure en prenant d’abord conscience de sa propre existence,  en se reconnaissant dans un miroir par exemple(entre 1 ½ an et 2 ans).

De la naissance jusqu'à la fin de nos jours  notre conscience d'exister évolue

 Bien sûr,  le développement de la conscience ne s’arrête pas à la petite enfance,  en fait chaque être humain raffine tout au long de sa vie sa perception du monde grâce aux connaissances qu’il accumule et aux relations qu’il développe avec ses semblables et l’ensemble des êtres vivants de la planète. Nous sommes donc assez différents sur le plan de la conscience,  car notre manière d’appréhender le monde dépend énormément de notre degré de curiosité, de notre éducation et de l’influence de notre milieu.  Bref l’univers de certains peut se terminer au bout d’une ruelle alors que pour d’autres il s’étend à l’infinie,  au-delà des plus lointaines galaxies ! Mais dans un cas comme dans l’autre c’est souvent le cerveau reptilien qui prend le dessus de telle sorte que notre conscience du monde extérieur se trouve inféodé à nos besoins primaires et à des décharges d’hormones ! De plus, chaque individu doit composer avec un bagage génétique qui prédétermine plusieurs variables qui auront une profonde influence sur son comportement et sa perception du monde extérieur. Si la conscience d’exister peut apparaître aux yeux de certains comme un « miracle » pour d’autres elle sera ressentie comme une véritable calamité au point de vouloir s’en soustraire par tous les moyens,  incluant le suicide.  La conscience individuelle est parfois altérée par la maladie mentale ou physique et un rien peut nous faire basculer de la « normalité » à un état pathologique et souvent de manière très insidieuse. Ainsi, des hommes d’État ont gouverné des pays pendant des années avec des problèmes psychologiques graves qui ont affecté leur perception et leur jugement au point de provoquer des conflits et des crises humanitaires majeures...les exemples ne manquent pas, même au XXIe siècle!

Dans un monde idéal, nous devrions tous développer un genre de « conscience universelle » qui nous permettrait de mesurer constamment  la portée réelle de nos gestes. Mais dans la réalité cet objectif est complètement utopique, car il est impossible d’harmoniser les consciences individuelles qui sont autant de mondes parallèles. La conscience d’exister amène certains à créer de la beauté par la peinture ou la littérature et d’autres à mettre le feu et à tuer leur semblable au nom d’une croyance ou d’une idéologie.  Pourtant la vérité n’appartient à personne, car « la vérité » est une autre invention humaine dont le sens varie en fonction du point de vue comme la notion de bien et de mal.

Poser la question sur le sens de la conscience nous amène invariablement à poser la question sur le sens de l’Univers et de son existence.  La science demeure impuissante à répondre à cette grande question, elle peut expliquer en partie le fonctionnement de l’Univers et de son origine jusqu’au temps de Plank,  soit une fraction de seconde après le Bing Bang (10-43 sec.), mais elle ne peut voir au-delà du  Bing Bang et encore moins donner un sens à tout ce déferlement d’énergie émergent d’une singularité ou toute la matière de l’Univers était contenue dans une minuscule tête d’épingle.  Une réalité physique difficile à cerner par notre « petite conscience humaine » qui n’apprécie bien les choses uniquement lorsqu’elles sont à sa portée et qu’elles ont des dimensions finies.  On peut alors comprendre nos ancêtres qui ont littéralement « inventé » un sens spirituel à l’Univers afin de calmer leurs angoisses face à la mort et à l’absence de réponse sur le sens profond de leur existence et celui de l’Univers. Les religions sont alors  nées et comme toujours les tricheurs les ont utilisés pour mieux dominer leurs semblables ou justifier leurs pires actions. 

Si la conscience d’exister est une variable positive pour l’Univers, la race humaine aura un avenir dans le cas contraire c’est la Terre elle-même qui effacera cette « erreur », non pas par vengeance, car elle n’a pas de sentiment,  mais uniquement par principe d’équilibre. En modifiant le climat par les GES, en vidant les océans par la surpêche ou en rasant les forêts pour accroître les monocultures, l’espèce humaine démontre par le fait même que sa conscience d’exister n’a vraiment rien d’universel et qu’elle est plutôt toxique pour l’environnement, car elle en sabote constamment l’équilibre. Ce que j’observe autour de moi m’amène à penser que l’espèce humaine pourrait très bien disparaître comme les dinosaures, laissant derrière elle des ossements,  de vieux oléoducs rouillés et des tonnes de matière plastique dispersés dans des océans sans vie. Le dernier rapport du GIEC ne fait d’ailleurs que confirmer que l’espèce humaine se dirige tout droit dans le mur si elle ne fait pas « consciemment » marche arrière rapidement... Mais comment persuader une civilisation de tricheurs de suivre ce conseil ?


Finalement, je crois bien que mon  intuition de jeunesse était la bonne :  la conscience d’exister n’aura un sens uniquement lorsque nous deviendrons des observateurs sensibles et admiratifs de la nature et que cet état nous amènera à vivre en harmonie avec notre environnement... Mais aujourd’hui je doute que nous puissions y parvenir, la conscience intelligente n’aura donc été qu’un autre essai raté pour l’Univers.

samedi 7 septembre 2013

Sommes-nous seuls dans l’Univers?

Récemment j’ai réécouté avec délice le film « Contact » mettant en vedette Jodie Foster, qui joue le rôle d’une radioastronome dont l’objectif de carrière et de vie est de capter une émission radio intelligible provenant d’une civilisation extraterrestre. Ce film était inspiré au départ du roman de Carl Sagan, le célèbre astronome américain qui à l’image d’Hubert Reeves a fait beaucoup pour vulgariser son domaine scientifique auprès du grand public. Carl Sagan était persuadé de l’existence d’une vie intelligente en dehors de notre propre système solaire, lui qui a participé comme expert à plusieurs missions de sondes automatiques vers les autres planètes de notre système solaire. Comme scientifique Sagan a cependant pris ses distances face aux phénomènes OVNI, comme dans son roman Contact il était persuadé que les premières preuves de l’existence d’une vie intelligente, ailleurs dans l’Univers, se manifesteraient d’abord sous la forme de signaux radio. Cette hypothèse est très logique, car si l’on tient compte des dimensions phénoménales de l’Univers, les voyages à bord de vaisseaux spatiaux entre systèmes stellaires ou galactiques demeurent très improbables compte tenu des  lois de la physique. Comme nous avons éliminé, au cours du dernier siècle, la possibilité qu’il puisse y avoir une autre vie intelligente dans notre propre système solaire, le prochain « arrêt d’autobus stellaire » se trouve donc à quelques centaines d’années lumières de la Terre. Or sans la technologie du USS Enterprise dans Star Trek cet objectif prendrait plusieurs générations d’astronautes à atteindre et cela, sans jamais avoir une quelconque certitude qu’il y aura quelqu’un pour les accueillir à l’autre bout du trajet. Restent donc les ondes radio qui sont moins rapides que le USS Enterprise (qui dépassait la vitesse de la lumière) mais qui vont tout de même à la vitesse de la lumière.

La terre, berceau de l'humanité... peu probable qu'elle soit la seule planète à être peuplée d'êtres conscients de leur existence.  (crédit NASA)

Chaque jour notre propre activité radio (télévision, radio, échanges de données par voie hertzienne, etc.) se disperse dans l’espace interstellaire laissant une trace de notre existence à d’autres civilisations. Et puis il y a ces quelques signaux que nous avons dirigés volontairement vers des systèmes stellaires pour manifester clairement notre existence à d’autres civilisations. Ainsi, le 5 février 2008, dans le cadre des célébrations de son cinquantième anniversaire de création, la NASA a dirigé un message vers l’étoile Polaire qui contenait notamment le succès des Beatles : Across the Universe. Envoyé via les antennes du Deep Space Network, ce message prendra 430 années pour se rendre à destination. Dans l’hypothèse qu’une autre civilisation capte ce message et réussit à en saisir le contenu, elle pourra nous répondre, mais le message prendra un autre 430 années à nous parvenir, un échange qui aura donc duré 860 ans au total... Il peut arriver plein de choses en 860 ans, si nous reculons 860 ans en arrière nous sommes en 1153, à l’époque des Croisades sans autre moyen de communication que la parole et les signaux de fumée, à l’inverse si nous nous projetons 860 années dans le futur on peut se demander si nous aurons réussi à survivre aux changements climatiques, à l’épuisement des ressources de la Terre ou à notre propre folie meurtrière? Bref, pas très simple d’envoyé un SMS interstellaire! 


La galaxie en spirale barrée NGC 6217 telle que photographiée par le télescope spatial Hubble. Chacun des bras de cette galaxie comporte un nombre incalculable d'étoiles et de systèmes planétaires,or il y a des milliards de galaxie comme celle-ci dans l'Univers...la statistique plaide donc en faveur d'une vie extraterrestre ! (crédit Space Telescope Science Institute)


Certains dirons avec justesse que l’humanité n’a pas fini de découvrir toutes les propriétés de la matière et que la recherche fondamentale en physique nous permettra sans doute de faire de nouvelles avancées, notamment en découvrant des particules qui peuvent dépasser la vitesse de la lumière, permettant du coup de développer des systèmes de communication qui se moqueront des distances interstellaires. On peut également émettre l’hypothèse qu’une civilisation extraterrestre émet déjà de tels signaux en utilisant les ondes gravitationnelles ou quelque chose du genre (!) et que notre ignorance nous empêche tout simplement de capter! Encore là, il faudra que l’humanité survive assez longtemps pour que ces moyens techniques complexes puissent être mis en œuvre. Jusqu’à ce jour, aucun des efforts techniques pour capter un « signal intelligent » à travers la « friture » des ondes électromagnétiques émises par les étoiles n’a donné de résultat... ou presque, car le 15 août 1977 un signal très distinct du bruit de fond de l’Univers (baptisé WOW) et d’une durée de 72 secondes a été capté par le radiotélescope Big Ear de l’université de l’Ohio. Malheureusement, ce signal n’a jamais été réentendu depuis et sa signification demeure inconnue, il peut provenir d’une civilisation extraterrestre comme d’un phénomène naturel inexpliqué jusqu’à maintenant. Depuis, l’institut S.E.T.I. (Search for Extraterrestrial Intelligence) poursuit les recherches d’un signal en analysant les fréquences radio provenant de différentes constellations. J’ai d’ailleurs contribué aux travaux de cette organisation en installant sur mon ordinateur l’application (SETI@HOME) qui permet de mettre à la disposition du S.E.T.I.  la capacité de calcul de plusieurs ordinateurs personnels pour analyser différentes fréquences radio. Cette application fonctionne comme un sauve-écran, elle se met en route dès que vous n’utilisez pas votre ordinateur et transmet sur une base régulière au S.E.T.I.  les résultats de son analyse.


La galaxie M104, contenant elle aussi des millions d'étoiles et de systèmes planétaires (crédit Space Telescope Science Institute)

En parallèle aux efforts pour écouter ou communiquer avec une civilisation extraterrestre, les astronomes ont continué de rechercher des planètes autour d’étoiles lointaines et cela avec de plus en plus de succès grâce à des techniques de détection de plus en plus raffinées. Il y a à peine 10 ans, on ne pouvait que spéculer sur la présence de systèmes planétaires autour d’étoiles éloignées. On se doutait bien que le modèle de notre système solaire ne pouvait pas être unique dans notre galaxie ou dans d’autres galaxies, mais nous n’en avions aucune preuve tangible puisqu’une planète ne fait que refléter la lumière de son étoile ce qui la rend pratiquement invisible dès que l’on s’éloigne de quelques années-lumière. Nous avons maintenant la preuve que les systèmes planétaires autour d’étoiles constituent plutôt la règle que l’exception. La liste des exoplanètes s’allonge pratiquement chaque mois grâce à de remarquables outils de détection comme le télescope spatial Kepler. Bien sûr, peu d’exoplanètes rencontrent l’ensemble des exigences requises pour que la vie s’y développe à l’image de la Terre. Le principal critère demeure la présence d’eau liquide à la surface de la planète, elle doit donc être située ni trop près et ni trop loin de son étoile, de plus elle doit être d’une taille suffisante pour retenir une atmosphère riche sans toutefois avoir une masse trop importante qui aurait pour effet d’écraser les délicates structures vivantes par sa force gravitationnelle. À cela s’ajoutent d’autres critères comme la vitesse de rotation de la planète sur son axe et de son déplacement autour de son étoile. Même en allongeant la liste des critères pour qu’une planète devienne une candidate sérieuse à l’éclosion de la vie et qu’une civilisation puisse y émerger un jour, cela nous donne au final plusieurs millions de planètes potentielles puisque, doit-on le répéter, l’Univers possède plusieurs milliards de galaxies dans lesquelles on retrouve plusieurs milliards d’étoiles, à cette échelle la statistique joue donc en faveur des planètes où la vie a pu apparaître.


Le message qui a été gravé sur une plaque et fixé sur les sondes Pioneer 10 et 11 lancées en 1972 et 1973...au cas où ces "bouteilles cosmiques" seraient repêchées par une civilisation extraterrestre.  (crédit NASA)
Pour plusieurs astronomes, il ne fait plus de doute que nous ne sommes pas seul dans l’univers une opinion que je partage totalement. Croire que la Terre est la seule planète de l’univers ayant permis l’émergence d’un être conscient de son existence tient plus de la religion que de la pensée scientifique. Il faut cependant admettre que l’émergence de la vie et par la suite d’un être conscient doit demeurer un phénomène rare et complexe puisqu’il dépend au départ d’une très étroite fenêtre d’opportunités. Pour cette raison, les « planètes vivantes et peuplées d’êtres conscients » sont probablement très éloignées les unes des autres, à un point tel que leur rencontre demeure très improbable. Mais il est également probable qu’ailleurs dans notre propre galaxie, un ou plusieurs systèmes planétaires comportent deux ou trois planètes ayant développés une vie intelligente, tout étant possible à l’échelle de milliards d’étoiles!


Comme plusieurs terriens, j’aimerais bien que l’on puisse capter un jour une « preuve radio » de l’existence d’une civilisation extraterrestre, même si la chance d’y parvenir un jour demeure encore faible. On peut difficilement imaginer quel serait l’impact réel d’une telle découverte sur notre propre civilisation, mais il apparaît certain qu’elle transformerait à jamais notre perception de l’Univers et de la place que nous y occupons. La plupart de nos religions, qui reposent sur une relation privilégiée entre un « Dieu créateur » et les hommes (lire les terriens!) auront beaucoup de difficulté à sortir indemnes d’un premier « contact ». Si Galilée a fait trembler les colonnes du temple catholique en affirmant que la terre n’était pas au centre de l’Univers, quel séisme déclenchera le fait que nous ne serons plus seuls à être conscients de notre existence dans l’Univers? Les religions essaieront probablement alors de tordre la réalité à leur avantage ou à faire comme les créationnistes en fermant les yeux sur des évidences scientifiques.