Récemment j’ai réécouté avec délice le film
« Contact » mettant en vedette Jodie Foster, qui joue le rôle d’une
radioastronome dont l’objectif de carrière et de vie est de capter une émission
radio intelligible provenant d’une civilisation extraterrestre. Ce film
était inspiré au départ du roman de Carl Sagan, le célèbre astronome américain
qui à l’image d’Hubert Reeves a fait beaucoup pour vulgariser son domaine
scientifique auprès du grand public. Carl Sagan était persuadé de l’existence
d’une vie intelligente en dehors de notre propre système solaire, lui qui a
participé comme expert à plusieurs missions de sondes automatiques vers les
autres planètes de notre système solaire. Comme scientifique Sagan a cependant
pris ses distances face aux phénomènes OVNI, comme dans son roman Contact il
était persuadé que les premières preuves de l’existence d’une vie intelligente,
ailleurs dans l’Univers, se manifesteraient d’abord sous la forme de signaux radio. Cette hypothèse est très logique, car si l’on tient compte des
dimensions phénoménales de l’Univers, les voyages à bord de vaisseaux spatiaux
entre systèmes stellaires ou galactiques demeurent très improbables compte tenu
des lois de la physique. Comme
nous avons éliminé, au cours du dernier siècle, la possibilité qu’il puisse y
avoir une autre vie intelligente dans notre propre système solaire, le prochain
« arrêt d’autobus stellaire » se trouve donc à quelques centaines d’années
lumières de la Terre. Or sans la technologie du USS Enterprise dans Star Trek cet
objectif prendrait plusieurs générations d’astronautes à atteindre et cela, sans
jamais avoir une quelconque certitude qu’il y aura quelqu’un pour les accueillir
à l’autre bout du trajet. Restent donc les ondes radio qui sont moins rapides que
le USS Enterprise (qui dépassait la vitesse de la lumière) mais qui vont tout
de même à la vitesse de la lumière.
La terre, berceau de l'humanité... peu probable qu'elle soit la seule planète à être peuplée d'êtres conscients de leur existence. (crédit NASA) |
Certains dirons avec justesse que
l’humanité n’a pas fini de découvrir toutes les propriétés de la matière et que
la recherche fondamentale en physique nous permettra sans doute de faire de
nouvelles avancées, notamment en découvrant des particules qui peuvent dépasser
la vitesse de la lumière, permettant du coup de développer des systèmes de
communication qui se moqueront des distances interstellaires. On peut également
émettre l’hypothèse qu’une civilisation extraterrestre émet déjà de tels
signaux en utilisant les ondes gravitationnelles ou quelque chose du genre (!)
et que notre ignorance nous empêche tout simplement de capter! Encore là,
il faudra que l’humanité survive assez longtemps pour que ces moyens techniques
complexes puissent être mis en œuvre. Jusqu’à ce jour, aucun des efforts techniques
pour capter un « signal intelligent » à travers la
« friture » des ondes électromagnétiques émises par les étoiles n’a
donné de résultat... ou presque, car le 15 août 1977 un signal très distinct du
bruit de fond de l’Univers (baptisé WOW) et d’une durée de 72 secondes a été
capté par le radiotélescope Big Ear de l’université de l’Ohio. Malheureusement,
ce signal n’a jamais été réentendu depuis et sa signification demeure inconnue,
il peut provenir d’une civilisation extraterrestre comme d’un phénomène naturel
inexpliqué jusqu’à maintenant. Depuis, l’institut S.E.T.I. (Search for
Extraterrestrial Intelligence) poursuit les recherches d’un signal en analysant
les fréquences radio provenant de différentes constellations. J’ai d’ailleurs
contribué aux travaux de cette organisation en installant sur mon ordinateur l’application
(SETI@HOME) qui permet de mettre à la disposition du S.E.T.I. la capacité de calcul de plusieurs
ordinateurs personnels pour analyser différentes fréquences radio. Cette application
fonctionne comme un sauve-écran, elle se met en route dès que vous n’utilisez
pas votre ordinateur et transmet sur une base régulière au S.E.T.I. les résultats de son analyse.
La galaxie M104, contenant elle aussi des millions d'étoiles et de systèmes planétaires (crédit Space Telescope Science Institute) |
En parallèle aux efforts pour écouter ou
communiquer avec une civilisation extraterrestre, les astronomes ont continué de
rechercher des planètes autour d’étoiles lointaines et cela avec de plus en
plus de succès grâce à des techniques de détection de plus en plus raffinées.
Il y a à peine 10 ans, on ne pouvait que spéculer sur la présence de systèmes
planétaires autour d’étoiles éloignées. On se doutait bien que le modèle de
notre système solaire ne pouvait pas être unique dans notre galaxie ou dans
d’autres galaxies, mais nous n’en avions aucune preuve tangible puisqu’une
planète ne fait que refléter la lumière de son étoile ce qui la rend
pratiquement invisible dès que l’on s’éloigne de quelques années-lumière. Nous
avons maintenant la preuve que les systèmes planétaires autour d’étoiles
constituent plutôt la règle que l’exception. La liste des exoplanètes s’allonge
pratiquement chaque mois grâce à de remarquables outils de détection comme le
télescope spatial Kepler. Bien sûr, peu d’exoplanètes rencontrent l’ensemble
des exigences requises pour que la vie s’y développe à l’image de la Terre. Le
principal critère demeure la présence d’eau liquide à la surface de la planète,
elle doit donc être située ni trop près et ni trop loin de son étoile, de plus
elle doit être d’une taille suffisante pour retenir une atmosphère riche sans
toutefois avoir une masse trop importante qui aurait pour effet d’écraser les
délicates structures vivantes par sa force gravitationnelle. À cela s’ajoutent d’autres
critères comme la vitesse de rotation de la planète sur son axe et de son
déplacement autour de son étoile. Même en allongeant la liste des critères pour
qu’une planète devienne une candidate sérieuse à l’éclosion de la vie et qu’une
civilisation puisse y émerger un jour, cela nous donne au final plusieurs
millions de planètes potentielles puisque, doit-on le répéter, l’Univers possède
plusieurs milliards de galaxies dans lesquelles on retrouve plusieurs milliards
d’étoiles, à cette échelle la statistique joue donc en faveur des planètes où
la vie a pu apparaître.
Comme plusieurs terriens, j’aimerais bien que
l’on puisse capter un jour une « preuve radio » de l’existence d’une
civilisation extraterrestre, même si la chance d’y parvenir un jour demeure
encore faible. On peut difficilement imaginer quel serait l’impact réel d’une
telle découverte sur notre propre civilisation, mais il apparaît certain qu’elle
transformerait à jamais notre perception de l’Univers et de la place que nous y
occupons. La plupart de nos religions, qui reposent sur une relation
privilégiée entre un « Dieu créateur » et les hommes (lire les terriens!)
auront beaucoup de difficulté à sortir indemnes d’un premier « contact ».
Si Galilée a fait trembler les colonnes du temple catholique en affirmant que
la terre n’était pas au centre de l’Univers, quel séisme déclenchera le fait
que nous ne serons plus seuls à être conscients de notre existence dans
l’Univers? Les religions essaieront probablement alors de tordre la réalité à
leur avantage ou à faire comme les créationnistes en fermant les yeux sur des
évidences scientifiques.
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