vendredi 19 juillet 2013

Visite d'une coquille vide


Lorsque j'entends parler de sources thermales mon imaginaire s'active et je vois de l'eau chaude jaillir de la roche, des bassins naturels dans lesquels je peux me laisser tremper pour guérir mes vieilles blessures, des curistes qui se baladent en peignoir blanc près d'une piscine alimenter par une source thermale et surtout une ambiance reposante propice à la santé du corps et de l'âme.  Je savais depuis quelques années que le Parc de Banff devait son origine à la source thermale (le site connu sous le nom "Cave and Basin") que l'on retrouve pas très loin de Banff avenue et du célèbre Banff Spring Hotel.  Connue depuis très longtemps des Assiniboines, cette source a été redécouverte par un groupe de trois cheminots lors du développement du chemin de fer dans l'Ouest.  À l'époque cette découverte avait fait le tour du monde et motivé le gouvernement canadien à créer son tout premier parc national (la réserve créée en 1885 deviendra un parc national deux ans plus tard) pour préserver cette ressource et y développer le tourisme avec l'aide du Canadien Pacifique. Bien sûr, la région avait bien d'autres attraits pour attirer le tourisme, c'est d'ailleurs les hauts sommets enneigés et la beauté unique des lacs et des rivières qui deviendront le véritable moteur du tourisme à long terme !  

    Le site de Cave and Basin en 1893...admirez les maillots des curistes !
    La belle piscine en 1914 avec ses deux glissades...remplacée aujourd'hui par une cour
    de pavés imbriqués !

Mais revenons aux sources thermales et au site de "Cave and Basin" à l'intérieur du Parc National de Banff. En fait, ce site n'a plus rien à voir avec celui qui avait  connu son apogée dans les années 30...Ok ! c'est toujours le même lieu géographique mais ne cherchez plus les curistes en peignoir blanc et n'essayez même pas de guérir l'arthrite de votre petit orteil en faisant trempette dans les deux minuscules bassins qui existent encore, car des affiches et des caméras de surveillance vous rappellent à chaque instant que vous risquez ainsi de tuer le pauvre "physe des fontaines" une espèce d'escargot très rare et en voie de disparition...Pendant notre visite, j'avais même la vague impression que le pauvre escargot était déjà disparu, car en dehors d'une vague mousse grise peu ragoutante qui flottait à la surface du bassin extérieur, pas la moindre coquille pleine ou vide à l'horizon!  C'est pourtant le seul être vivant à être encore autorisé à faire trempette dans l'eau chaude....et quelques bactéries sans doute, car c'est une contamination bactérienne qui força les autorités du parc à interdire l'accès des bassins aux humains à partir de 1971... Depuis cette année maudite, le site "Cave and Basin" n'est plus que l'ombre de lui-même, au mieux un artéfact d'une époque révolue où même au cœur de l'hiver on pouvait faire trempette dans la belle piscine extérieure entourée d'un mur d'enceinte en pierre du pays. Même la belle piscine n'existe plus, le mur d'enceinte est toujours là mais dorénavant  il ne protège qu'une cour vide recouverte de pavés  imbriqués...c'est d'une tristesse sans nom! 

   Comme une pierre tombale... en souvenir d'un site qui a perdu son âme !

    Le pavillon principal qui donne accès à la caverne (cave) de la source thermale qui a été 
    découverte par  3 cheminots dans la deuxième moitié du XIXe siècle...avec l'Union Jack
    en façade, comme en 1885.

    La caverne et son bassin d'eau 

   Le bassin extérieur où se cache (très bien !) le "physe des fontaines"
    Une cour de pavés imbriqués à la place de la belle piscine, il ne manque que les voitures
    pour lui donner l'allure d'un stationnement.
   Le mur d'enceinte vu de l'extérieur...l'ouvrage date de 1911.

    L'une des deux tourelles que l'on retrouve en façade du bâtiment principal.

La visite est donc un peu décevante pour les nostalgiques dans mon genre qui s'attendent à revivre le romantisme de la belle époque. J'ai vraiment l'impression d'avoir visité un columbarium ! Ce ne sont pas les gentils guides ou les plaquettes d'interprétation dans les deux langues officielles du Canada qui vont me consoler et encore moins l'Union Jack qui flottent fièrement à l'entrée du bâtiment historique ...Oups ! c'est vrai, à la belle époque c'était bien l'Union Jack qui flottait sur ce bâtiment, comme la reine qui trône toujours sur le "loonie" !  Difficile de se débarrasser des vieux symboles de notre passé colonial. 


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