Notre belle jeunesse prend conscience que les changements climatiques sont la conséquence directe de l’activité humaine des générations qui l’ont précédé. Partout sur la planète elle dénonce l’utilisation massive des carburants fossiles qui transforme graduellement notre atmosphère en serre chaude. Le coupable est bien identifié, les scientifiques de la planète sont unanimes : sans une réduction significative des GES, l’humanité court à sa perte ou au mieux se réserve un avenir chaotique et totalement imprévisible. Face à ce tsunami de preuves scientifiques, s’élèvent pourtant des armées de climatosceptiques qui au nom de l’économie ou du déni sont près à déchirer tous les traités et les mesures mises en place pour simplement ralentir la catastrophe. Pour plusieurs d’entre-nous la véritable « cause écologique » c’est celle-là : mettre un terme à l’ère du pétrole le plus tôt possible et adopter des énergies renouvelables, en espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard. Mais est-ce vraiment la bonne cible ?
Le premier levée de terre photographié par l'équipage d'Apollo 9. Une petite boule bleue dans la noirceur du cosmos. |
Le premier équipage d’astronautes (Apollo 9) qui a contourné la Lune a vite saisi que cette petite boule bleue qui apparaissait au-dessus de l’horizon lunaire était le seul et unique habitat de l’humanité. Une petite boule bleue où un événement hautement improbable se produisit il y a 3,5 milliards d’années : l’apparition de la vie. Collés sur notre quotidien, sur nos obligations de citoyens, de parents, d’employés, de patrons ou de politiciens, nous oublions que même notre propre existence est l’aboutissement d’un processus hautement complexe et d’une très grande fragilité. D’autre part, plus notre connaissance de l’Univers s’approfondit et plus nous prenons conscience de notre unicité, car même si chaque étoile de l’Univers semble accompagnée d’un cortège de planètes, très peu d’entre elles répondent à la très longue liste des conditions favorables à l’apparition de la vie et par-dessus tout à celle d’une vie intelligente et consciente de sa propre existence. Ainsi, une planète aura peu de chance de devenir un terreau favorable à la vie si elle est trop éloignée ou trop près de son étoile, recèle peu d’eau sous forme liquide, possède une gravité trop forte ou si faible qu’elle ne peut retenir une atmosphère et plus on creuse la question et plus la liste s’allonge, même la présence ou l’absence d’une lune ou la vitesse de rotation de la planète feraient également partie des critères essentiels ! Certes, vu l’immensité de l’univers avec ses milliards de Galaxies, il est possible qu’un autre système planétaire puisse répondre à l’ensemble des critères et que la vie puisse s’y épanouir, mais force est de constater que nos voisins galactiques seront toujours très éloignés de nous, tellement loin qu’un simple signal électromagnétique prendra des siècles pour les atteindre. Comme les lois de la physique sont les mêmes d’un bout à l’autre de l’Univers, on doit également admettre que les voyages interstellaires vont demeurer confinés au rêve et au cinéma. Cinquante ans
Apollo 11 le premier débarquement de l'humanité sur la Lune. |
après l’alunissage d’Apollo 11, les voyages dans l’espace demeurent limités à notre voisinage immédiat. Même la conquête de Mars ne semble pas pour demain, car plus on se rapproche de l’objectif plus on prend conscience des risques énormes associés à une telle odyssée et aux ressources gigantesques à mettre en œuvre pour y parvenir… et pourquoi y aller au juste? Mars est visiblement une planète hostile à la vie et si certains rêvent encore de « terraformation » pour cette dernière, rien n’est aussi démesuré ou improbable. Mars ne pourra jamais devenir un vaisseau de secours pour l’humanité, au mieux cette planète deviendra un sommet à atteindre pour quelques astronautes en mal de défi, comme le fut la conquête de l’Everest à une autre époque.
Mars ne sera jamais un vaisseau de sauvetage pour l'humanité. |
Une simple jacinthe d'eau peut incarner à elle-seule la beauté et la complexité de la vie sur terre. |
Fragile, fragile... prière de manipuler avec soin ! |
La difficulté principale du virage vers la simplicité réside dans le fait que nous vivons dans un monde profondément asymétrique où les valeurs individuelles et collectives évoluent de manière parallèle. Difficile dans ce contexte de rêver d’un monde égalitaire et respectueux du vivant et des ressources de la planète. De plus il faut composer avec tous les travers de la nature humaine et parmi ceux-ci il y a : la tricherie. La tricherie est sans doute le plus grand travers de la nature humaine, car elle s’oppose à toutes les structures, à tous les lois et règlements et à toutes les bonnes intentions. La tricherie est partout dans l’activité humaine comme : Dépasser les limites de vitesse au mépris de la sécurité des autres, cacher ses revenus pour ne pas payer d’impôt, truquer les émissions de GES des voitures pour répondre aux exigences des gouvernements, interner ou éliminer des journalistes qui scrutent d’un peu trop près les activités des états ou de groupes industriels, rejeter dans les lacs et rivières des polluants, se droguer pour gagner une compétition sportive en fait la liste est infinie et chacun d’entre-nous a utilisé, à différents niveaux, une forme de tricherie pour parvenir à ses fins. La tricherie est même glorifiée ! Tricher démontre sa débrouillardise et sa capacité à dépasser les autres, seuls les gens naïfs ou les timides obéissent aux règles aveuglément, les « gens malins » eux n’hésiteront pas à contourner lois et règlements pour parvenir à leurs fins, incluant pour devenir chefs d’État ! Les journaux et les livres d’histoire sont d’ailleurs remplis d’exemples ! Lorsque les « gens malins » versent en plus dans le copinage, le népotisme, la corruption ou la collusion, la planète n’est jamais gagnante : des forêts disparaissent, des milieux humides sont asphaltés, des lacs deviennent des réservoirs d’eau acide et des terres agricoles sont transformées en quartier de bungalows, rien de réjouissant bref !
Alors que faire ? Instaurer une dictature verte pour contraindre les « gens malins » à entrer dans le rang et devenir des apôtres de la simplicité volontaire? Utopie ! L’histoire nous apprend que toutes les dictatures, même les plus angéliques, conduisent aux pires excès et finissent inévitablement par disparaître ! En fait il n’y a qu’une avenue possible pour sauver la planète : l’éducation ! Acquérir une sensibilité face au vivant ne s’improvise pas et c’est donc dès l’enfance que cette acquisition doit se faire. Les marches pour sauver la planète ne régleront rien si dans la vie de tous les jours nous foulons du pied la diversité biologique par la somme de nos actions et de nos inactions. Malgré l’optimisme de certains, il faut voir la vérité en face : la transition sera longue, très longue, probablement sur quelques générations, car elle nous oblige à abandonner une partie de notre confort matériel et à évoluer vers une forme de gouvernance planétaire qui permettra de coordonner toutes les actions visant à corriger les erreurs du passé et éviter celles de demain ! D’ici là, nous aurons à subir la colère de la Terre. Espérons que nos enfants et arrières petits enfants vont acquérir la sagesse qui nous fait si cruellement défaut et qu’ils auront la volonté de mettre en œuvre toutes les mesures qui s’imposent pour redresser le climat et sauver les espèces en péril, incluant la nôtre !
Jean Payeur
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