jeudi 6 novembre 2014

Le rapport du GIEC 2014

Êtes-vous surpris ? Le dernier rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) confirme une fois de plus que le réchauffement climatique, attribuable aux émissions de CO2 résultant de l’activité humaine, est d’une telle ampleur qu’il nous faut agir avec vigueur pour simplement ralentir la tendance à défaut de l’inverser. Ce qui est surprenant cette fois, c’est que les experts du GIEC affirment qu’il sera possible d’agir sans réduire la croissance. Leur thèse repose sur le fait que les efforts nécessaires pour diminuer les émissions de  GES stimuleront plusieurs secteurs de l’économie ce  qui devrait compenser les pertes associées à l’exploitation et à l’utilisation des énergies fossiles.  Bref, en reboisant les forêts, en convertissant le parc automobile à l’électricité, en s’équipant de  sources d’énergie propre, en rapprochant les producteurs d’aliments des consommateurs ou en développant de nouvelles manières de séquestrer le carbone nous pourrions  stimuler l’économie d’une manière positive tout en s’attaquant de front au problème des émissions de GES et de leurs conséquences dramatiques sur les écosystèmes de la planète.  Je crains fort cependant que le GIEC sous-estime l’inertie des gouvernements,  et la capacité des individus à bien comprendre les enjeux qui dépassent l’horizon de leur cour arrière.  Soyons réalistes deux minutes :  pour simplement ralentir le réchauffement climatique, nous devrions dès maintenant réduire notre dépendance aux énergies fossiles... Or partout où je porte mon regard, je n’observe que le contraire : le parc automobile augmente (dans ma propre rue il n’est pas rare de compter 2 et même 3 voitures par  maison),  le réseau autoroutier s’étend, les entreprises délocalisent leurs productions ce qui ajoute du transport pour rejoindre les marchés, les mégas navires de croisière se multiplient,  l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité ne cesse de progresser (60% des émissions mondiales de GES entre 2001 et 2013 sont attribuables à la combustion du charbon), le trafic aérien n’a jamais été aussi dense  et je ferme les yeux sur toutes les utilisations du pétrole associées aux loisirs ... Bref,  le GIEC a du pain sur la planche pour inciter les États à convertir leurs économies.  En donnant une majorité aux républicains, lors des élections de mi-mandat aux États-Unis, les Américains risquent maintenant de dire oui aux sables bitumineux et à l’oléoduc Keystone XL .... rien de rassurant  pour l’avenir de la planète !

Je ne crois pas qu’il soit possible de réduire les émissions de GES sans renoncer au credo de la croissance économique,  comme l’a soutenu Albert Jacquard jusqu’à son dernier souffle en 2013.  Dans les faits, son message allait beaucoup plus loin,  car pour lui il était impossible de maintenir une croissance économique éternelle tout en soutenant que les ressources de la terre étaient infinies, tôt ou tard l’humanité fera naufrage si elle continue de naviguer dans cette direction ! Ce n’est pas avec des yeux d’économistes qu’il faut continuer d’évaluer la portée de nos gestes, mais avec ceux de terriens qui doivent agir en harmonie avec l’ensemble de la biosphère. 


En passant, je vous donne la référence d’un site français extrêmement bien fait qui donne en « temps réel » des données statistiques sur l’ensemble de l’activité humaine de la planète, incluant les émissions de CO2, la mortalité, la natalité, la consommation de carburants, le recyclage des déchets, le nombre de prix littéraires (oui oui !) ...très complet et parfait pour s’extirper la tête du sable et faire les constats qui s’imposent : http://www.planetoscope.com/