vendredi 30 août 2013

Retour dans l'atelier

La traversée du Canada est maintenant derrière moi, il était grand temps que je remette les pieds dans mon atelier puisqu’avant mon départ j’avais déjà une liste de projets à réaliser.  J’ai ouvert la « machine » avec un petit projet que mon fils m’avait « commandé » depuis quelques mois déjà : un petit tabouret à tout faire...pour  accéder à des armoires hautes ou s’asseoir à la hauteur des roues d’un vélo pour l’entretien.  Je me souviens qu’il y a très longtemps, lorsque j’étais sur les bancs d’école à Beauport dans les années 60, nous avions réalisé un petit tabouret en pin pendant le cours de menuiserie. Ce cours était obligatoire pour les garçons comme l’était le cours d’enseignement ménagé pour les filles... une autre époque me dites-vous ?  Au-delà de la question du renforcement des stéréotypes que nous pouvons dénoncer aujourd’hui, ces cours pratiques nous ont tout de même été utiles pour la suite de nos vies ! J’aurais bien aimé que le cours d’enseignement ménagé puisse également être accessible aux garçons à l’époque, car j’aurais pu y acquérir des bases en cuisine, nettement plus utile dans la vie que d’apprendre la liste des péchés capitaux au cours d’enseignement religieux !   Mais loin de moi l’idée de juger le passé avec les yeux d’aujourd’hui, je vais donc revenir à mes moutons.... le tabouret !
Ce n’est pas pour rien que nous réalisions un tabouret au cours de menuiserie, car dans ce projet simple il y avait plusieurs bases du travail du bois.  Bien réalisé un tabouret ou un « petit banc », comme nous disions à l’époque, peut survivre à un usage intensif sur plusieurs décennies et même être légué en héritage à la prochaine génération.  Dans un monde où le plastique et l’éphémère dominent, cette durabilité peut paraître démodée, mais lorsque l’on prend conscience que les déchets de matières plastiques envahissent  même le centre des océans et qu’ils ont des effets sur la santé animale et humaine, le « petit banc de bois » prend alors une tout autre valeur.  

Avant de concevoir un projet à partir de zéro j’ai l’habitude de consulter d’abord ma bibliothèque, pour un bibliothécaire de profession, rien de plus normal comme réflexe!  Pour le tabouret j’ai pensé immédiatement au mobilier Shaker, qui se caractérise par son côté utilitaire et pratique.  J’ai effectivement trouvé plusieurs modèles de tabourets dans le livre de John G. Shea, Making authentic Shaker furniture, Dover Publications inc, New York, 1971 (publié pour la première fois en 1922 !) entre les pages 106 et 109.  Mais finalement, aucun des modèles retrouvés dans ce livre ne me convenait vraiment, c’est plutôt dans le numéro 154 (février 2002) de la revue FineWoodWorking  (The Taunton Press) que j’ai trouvée un tabouret aux formes simples, très près des lignes du mobilier Shaker, mais un peu plus contemporain !  Pour les lecteurs assidus de Fine WoodWorking, l’article sur ce tabouret (A Sturdy Footstool... Un tabouret robuste en français)  est signé Mario Rodriguez un collaborateur régulier de la revue, dont on reconnaît à chaque fois le souci de la précision.   Le tabouret de M. Rodriguez est construit en acajou d’un pouce d’épaisseur (fini)  et comporte des « tenons traversants » qui sont bloqués dans les mortaises par des coins en noyer noir, ce qui ajoute du même coup un élément décoratif. 



    Le tabouret avec ses tenons traversants et ses coins en noyer noir.

    Les 3 tenons et les 3 mortaises de chaque côté sont inclinés à 10˚. Remarquez le petit 
    épaulement de 1/16e de pouce à la base des tenons.

J’ai pris certaines libertés par rapport au plan de la revue.  J’ai d’abord remplacé l’acajou par de l’érable à sucre, moins dispendieux, mais surtout plus dur (densité de 0,72 comparativement  à 0,54 pour l’acajou) et plus résistant au marquage. Pour sauver un peu de temps dans la préparation des planches j’ai acheté des planches en format 4/4 (ou 4 quarts) que j’ai ramené à 7/8e de pouce fini avec la raboteuse d’épaisseur.  Pour obtenir 1 pouce fini de planche, comme dans le plan d’origine, j’aurais dû me procurer des planches en format 6/4 me laissant alors plus de perte de bois au final.  Cette petite modification d’épaisseur a entraîné quelques modifications sur le plan d’origine, mais rien qui ne compromette le design général et encore moins la robustesse de l’ouvrage.  J’ai toutefois conservé les coins en noyer noir, qui sur le fond pâle de l’érable se détachent encore mieux.
Comme le mentionne l’auteur de l’article, la clé de ce projet repose sur deux éléments essentiels : l’utilisation d’un dessin grandeur nature du tabouret et de gabarits simples permettant d’obtenir la précision voulue pour réaliser des tenons et mortaises traversants inclinés à 10˚. En effet, même avec ses formes simples le défi de ce projet réside dans son piètement incliné à 10˚ qui assure la stabilité du tabouret. Trois gabarits permettent d’obtenir la précision nécessaire dans l’assemblage tenons/mortaises : 1. un petit guide de bois pour tracer l’emplacement des tenons et des mortaises sur les pièces; 2. une rampe inclinée à 10˚ pour percer avec la perceuse à colonne des trous guides pour les mortaises; 3. un gabarit, également incliné à 10˚, pour tailler les mortaises avec l’aide de ciseaux à bois. 
Une rampe inclinée à 10˚ permet de percer des trous guides pour les mortaises, Les trous sont percés à l'aide d'une mèche Fostner de 3/4"

  Voici le gabarit pour guider les ciseaux qui servent à équarrir les mortaises en conservant      un angle de 10˚.

Le résultat final est un tabouret robuste et stable qui peut s’intégrer à un décor moderne comme à un décor plus traditionnel. J’ai appliqué un vernis satiné à l’eau de qualité plancher ... quatre couches en semblant  entre chaque couche avec un papier 220.




jeudi 15 août 2013

De la 401 à la 20...















Après avoir exploré la région de Niagara, nous avons mis le cap sur Toronto en nous « tapant » à nouveau le réseau autoroutier de la Ville Reine.  Bon, avant de me lancer sur la 401 je me répétais intérieurement que je n’avais pas à stresser, puisque j’avais déjà conduit une voiture sur le périphérique de Paris et que j’avais même contourné l’Arc de triomphe en pleine heure de pointe !  Dans ma tête, il ne pouvait pas y avoir pire sur la surface de la Terre comme épreuve de conduite!  Après réflexion, je me suis rappelé un court arrêt à Mexico où la circulation automobile pouvait être un brin plus cauchemardesque qu’à Paris, mais je n’ai pas pris le volant lors de ce voyage... C’est une impression seulement !   Mais cette fois je devais affronter la circulation avec un « train routier », petit sans doute, mais qui demeure un peu plus encombrant qu’une berline 4 portes ! J’avais déjà eu un aperçu de la densité de la circulation, lorsque nous approchions de Toronto par le nord via l’autoroute 400 pour emprunter par la suite l’autoroute à péage 407 en direction de Niagara.  D’abord à 2 voies, l’autoroute est devenue à 5 voies au niveau de Vaughan et le nombre d’entrées et de sorties se sont densifiées à un point tel que la pauvre Charlotte, la voix féminine de notre GPS,  a eu de la difficulté à suivre le rythme, elle en bégayait parfois !

Le pire finalement ce n’est pas tant la largeur des autoroutes ni le nombre des entrées-sorties, mais plutôt le comportement de trop nombreux camionneurs et automobilistes, qui comme au Québec ne respectent pas les règlements de la route à moins de faire face à une « menace réelle » comme un radar photographique ou une voiture de patrouille.  Je suis d’un naturel prudent et la roulotte  m’a imposé ses propres limites durant le voyage, elle  m’a obligé notamment à éviter les manœuvres trop brusques,  à surveiller un peu plus mes angles morts lors d’un changement de voie ou à prévoir une distance de freinage plus importante.  Mais sur la route, où la délinquance semble pour plusieurs une vertu ou l’expression de leur machisme (mon « char » va bien plus vite que le tien !),  mon comportement prudent n’a fait qu’exacerber cette perception, pour le moins discutable.  À plusieurs reprises des tracteurs avec leur remorque de 53 pieds (16 mètres) m’ont dépassé à une vitesse que j’estime supérieure à 130 km/h.  Un camionneur, sans doute irrité de suivre une « maudite-roulotte-qui-respecte-la-limite-de-vitesse » (je roulais très près du 100 km/h à ce moment) , nous a même dépassé en utilisant l’accotement à notre droite juste avant une entrée sur l’autoroute 401, une manœuvre hautement risquée qui a permis à ce conducteur irresponsable de gagner 3 misérables places dans la circulation, car peu après son dépassement un bouchon a ramené la vitesse de tous les véhicules à 10 km/h sur une bonne vingtaine de kilomètres. Je pourrais disserter longuement sur le comportement des automobilistes et des camionneurs qui me semble pire à l’est qu’à l’ouest du Canada...Mais bon, à quoi bon faire monter ma pression pour de parfaits imbéciles ! Un fait demeure, des villes comme Toronto, Montréal, Paris ou Mexico vous font prendre conscience que le parc automobile/camion  et le réseau autoroutier qui le supporte ont atteint un niveau  développement qui n’a plus rien de très raisonnable, bref qui défi le bon sens !  J’assume par ailleurs mes propres contradictions avec « mon auto » et « ma roulotte » (petit format toutefois), je pourrais bien sûr faire du vélo-tourisme et limiter mes déplacements et ainsi contribuer à réduire la pression sur le réseau autoroutier et mes émissions de GES...mais à l’orée de mes 60 ans, j’avoue manquer un peu de courage et d’énergie pour me lancer sur la Transcanadienne en risquant d’être écrabouillé par un automobiliste distrait par la lecture sur  son téléphone intelligent ! 
Notre périple sur la 401 a été ponctué d’un arrêt de 24 heures dans le quartier de Scarborough au parc de la Rivière Rouge, non loin du Zoo de Toronto.  Le seul camping du secteur, Glen Rouge, nous a accueillis pour deux nuits.  Nous avons rapidement su que nous n’étions plus à la campagne, car lors de notre inscription au camping qui n’a duré que 5 minutes (nous avions réservé notre site)  un voleur a profité d’une portière non verrouillée  de notre véhicule pour nous subtiliser notre GPS... à l’endroit où nous en avions le plus besoin ! ...Un après-midi de perdu pour retrouver le même modèle dans le Future Shop du coin ...bienvenue à Toronto !  Le lendemain, en bons citoyens écoresponsables nous avons décidé d’utiliser le « Go Train » pour nous rendre au centre-ville de Toronto, une ballade agréable d’une quarantaine de minutes entre la station Hill Rouge et la Gare Union près de la tour du CN.  Le Day Pass du Go Train nous a coûté un gros 11$ , pas cher pour oublier le stress de l’autoroute et de chercher des stationnements au centre-ville dont le coût est prohibitif !  Nous avons fait le même parcourt que de nombreux touristes en explorant à pied les rues autour de la Gare Union (en rénovation) et bien sûr en montant au sommet de la tour du CN,  dont  apercevions déjà la silhouette de l’autre côté du lac Ontario lorsque nous étions à Niagara-on-the-Lake .  Nous avons d’ailleurs dîné au restaurant de la tour, au menu un excellent poulet aux chanterelles avec en prime une vue sur le lac Ontario, la marina et l’aéroport Bishop.  En après-midi nous avons marché jusqu’au St-Lawrence Market  pour revenir souper à la marina juste en face de la tour du CN.  Une journée qui nous a vraiment fait oublier la précédente !


 
La station Rouge Hill du Go Train, à moins de 10  minutes de notre camping, Glen Rouge.



 Le merveilleux Go Train, à toutes les 30 minutes, le 2e étage est une "quite zone" aux heures de pointe...pas de bruit svp, cool ! 


Plutôt génial ce stationnement couvert pour les vélos avec caméras de surveillance !


Incontournable comme la tour Eiffel à Paris... un peu dispendieuse l'ascension au sommet, 32$ pour un adulte et un rabais de 15%  si vous achetez votre billet en ligne.



Le petit aéroport Billy Bishop vue de la tour du CN et la marina un peu plus bas.


Le coeur de Toronto, Bay street et  Young Street et les tours à bureaux où se brassent bien des affaires.


La cathédrale anglicane Saint-James... dans le même style que  l'église Saint-Matthew à Québec...mais à une toute autre échelle !!!...pas très loin du Ste-Lawrence Market, le marché Jean-Talon de Toronto.

La tour du CN entre les buildings de Bay Street.

L'art public est omniprésent à Toronto.

La marina de Toronto, un bel endroit pour un repas sur une terrasse en fin de journée...




...et voir les avions atterrir sur le petit aéroport Billy Bishop.  

Le lendemain nous avons repris la fameuse 401 en direction du Parc Presqu’Île à 126 km à l’est de Toronto. À partir de Scarborough, la 401 devient un peu plus « civilisée »  le nombre de voies devenant progressivement à deux dans chaque direction et la circulation étant plus fluide au fur et à mesure que l’on quitte la grande banlieue de Toronto.  Le parc de Presqu’Île est aux  portes de la région Prince Edward,  une région agricole et viticole où l’on retrouve également le Parc provincial de Sandbank qui comme son nom l’indique est réputé pour ses dunes et ses plages de sable.  Le camping de Sandbank est très achalandé, au point où je n’ai jamais été en mesure d’y réserver un site même 6 mois avant notre passage. C’est donc au camping de Presqu’Île que nous avions établi notre « camp de base »  pour explorer la région Prince Edward et son chef-lieu,  Picton à 60km.  La région se démarque notamment par les efforts des agriculteurs pour mettre en valeur les produits locaux. Les kiosques de fruits et légumes abondent un peu partout sur les routes secondaires de la région qui forme une grande presqu’île au bord du lac Ontario.  La rue principale de Picton est très animée, on y retrouve une bonne variété de petits commerces et de restos, mais rien de comparable à la « Main » de Niagara-on-the-Lake. Une bonne amie m’avait recommandé un petit resto à Picton dont la spécialité est le fish and ship :  le Schooners' Fish & Chips (un schooner est un type de goélette de commerce qui naviguait sur les Grands Lacs jusqu’au début du XXe siècle) .  Effectivement plusieurs commerçants de Picton m’ont confirmé la réputation de ce petit resto situé en face de l’épicerie Metro du coin ...Mais comme j’avais déjà « fait le plein »  de Fish and Chips dans un autre resto à Canmore (le Georgetown) , nous avons plutôt essayé le  «Painted Peppercorn » , situé au 9 Elizabeth street. Une agréable surprise nous y attendait, car tout était excellent et fait maison comme l’annonçait l’affiche du resto « creative home cooking » ,  même la bière locale rousse (dont j’ai malheureusement oublié le nom)  en apéritif  était pleine de saveur.  Si  l’extérieur du resto n’annonçait rien de formidable a priori, de l’intérieur nous avons eu accès à une petite terrasse à l’ombre et loin des clameurs de la rue...Vraiment ce resto valait le détour.




Notre site au camping du parc provincial de Presqu'Île... beaucoup d'espace, de beaux  arbres et à quelques pas des berges du Lac Ontario. Camping presque parfait, mais sans buanderie...d'où la corde à linges à gauche !

A la brunante sur le Lac Ontario...en face de notre site.


La "Main" à Picton.

La charmante bibliothèque publique "old style" de Picton.

La plage de Sandbank... qui n'a rien à envier à celles de la Nouvelle-Angleterre et à l'eau douce en plus ! 

De retour sur les plages de Presqu’Île en fin d’après-midi, une moins bonne surprise nous attendait.  Profitant du soleil et du vent qui soufflait de manière constante à plus de 20 km/h nous avons décidé de sortir le « cerf-volant acrobatique » que nous avions acheté il y a trois ans aux Îles de la Madeleine, question de ne pas perdre le tour de main que nous avions déjà acquis sur l’archipel.  La plage de Presqu’Île fait quelques kilomètres de longueur et un bon 100 mètres de largeur, les baigneurs étant concentrés sur le premier 10 mètres près de l’eau, ce qui laisse un bon 90 mètres de libres pour faire voler un cerf-volant en toute quiétude. Cet après-midi-là,  nous étions trois à faire voler nos cerfs-volants dans le ciel de Presqu’Île, chacun étant espacé d’un bon 200 mètres.  Nous avons eu beaucoup de plaisir  pendant  une bonne heure, la force du vent permettant de faire virevolter notre cerf-volant dans tous les sens sans perdre de vélocité ... génial !!!  Jusqu’au moment où, du coin de l’œil,  j’aperçois une constable du parc s’approcher de nous d’un air déterminé avec sa veste pare-balle et son ceinturon de patrouilleur truffé d’équipements de répression. Sur le coup j’imagine qu’elle souhaite simplement nous saluer et nous remercier de mettre de si belles couleurs dans le ciel, car notre cerf-volant est vraiment beau avec sa longue queue multicolore. Malheureusement, son discours était tout autre et presque surréaliste ; « Sir, it is forbidden to fly a kite on this beach, a sign at the entrance indicates it clearly. You could strike and hurt somebody with your kite! »  


    Attention !!! cette chose est une arme redoutable pouvant menacer la vie des baigneurs... notre cerf-volant photographié ici aux Iles de la Madeleine.

Après les requins,  voici maintenant le cerf-volant tueur pouvant menacer l’intégrité physique des pauvres baigneurs innocents. Surpris et surtout incrédule face à ce règlement farfelu j’ai eu une réaction de soumission, manquant malheureusement de mots en anglais pour ironiser sur l’absurdité du règlement ... Sorry Officer , we stop immediately !   Je remballe le cerf-volant dans sa gaine,  penaud comme un jeune enfant que l’on vient de gronder et qui retourne dans sa chambre ! Pendant ce temps la « charmante constable » se dirigea avec son armement vers les deux familles inconscientes  qui comme nous menaçaient la vie des baigneurs avec leur terrible cerf-volant tueur...  Pour soulager notre peine, nous décidons alors de marcher le long de la plage au milieu des baigneurs, le cerf-volant bien rangé et en ruminant des insanités contre ce foutu règlement stupide et la constable qui le fait appliquer sans aucun discernement.  Jusqu’au moment ou nous apercevons trois gaillards qui jouaient au baseball au beau milieu des baigneurs, non pas avec une balle de caoutchouc et un bâton en plastique, mais avec une authentique balle de baseball avec ses coutures rouges bien apparentes et un bâton d’aluminium ... Où est la constable alors ?  Elle revient du bout de la plage avec la fierté du devoir accompli, sa journée est bien remplie, car elle a sécurisé « sa plage » ! Nous la surveillons du coin de l’oeil, car elle doit passer en face de nos trois gaillards.... Rien ! Elle ne dit strictement rien,  affichant même un sourire complaisant en passant à la hauteur des trois gars, car les jeux de balles sont sans doute permis sur cette maudite plage (une autre affiche que nous avons loupée à l’entrée !) , tout le monde sait qu’en frappant sur une balle de baseball un gaillard de plus de 90 kilos n’a aucun risque de propulser la balle sur un baigneur innocent  suite à un mauvais frappé, alors qu’un cerf-volant acrobatique relié par deux cordes à son pilote peut à tout moment devenir hors de contrôle et percuter la tête d’un passant et lui fracasser le crâne ....Non, mais, j’hallucine  !!! Cette fausse note demeure cependant l’une des rares que nous pouvons reprocher à l’organisation des parcs de l’Ontario et cela  après avoir visité 4 des parcs de la province : Chutes, Pancake Bay, Killbear et Presqu’Île. Le système de réservation en ligne est simple d’utilisation  et les infrastructures sont impeccables.  Pancake Bay, au bord du lac Supérieur, demeure cependant notre coup de cœur, pour la beauté sauvage de sa plage et la qualité des sites.


Après trois nuits à Presqu’Île, il est maintenant  temps pour nous de mettre fin à notre périple de 63 jours et de regagner le Québec. La 401 devient l’autoroute 20 et après un arrêt d’une nuit chez mon frère à l’île Perreault , un dernier segment de route de  280 km nous amène enfin chez nous à Québec,  la tête pleine de beaux souvenirs et de moments uniques.

jeudi 8 août 2013

Ma chute est plus haute que les tiennes !

Depuis ma tendre enfance, mes parents, mes éducateurs et mes amis m'ont répété tout au long de ma vie que la Chute Montmorency était plus haute et tout aussi spectaculaire que les chutes du Niagara. Objectivement pour la hauteur ils avaient tous raison, car la Chute Montmorency fait 83 mètres de hauteur alors que les chutes du Niagara ne font que 57 mètres.  Maintenant que j'ai vu de mes propres yeux les chutes du Niagara, je dois avouer que ma perception du côté spectaculaire de la Montmorency vient de "chuter" un tantinet ! Au départ,  je dois faire totalement  abstraction de tout ce qui entoure les chutes du Niagara, car la ville de Niagara Falls au complet est d'une laideur sans nom selon mes propres critères d'esthétisme. Comme me l'a déjà dit ma fille : "Niagara Falls c'est Hollywood ! tu adores ou tu détestes"...pour ma part, je déteste !   Du "bling-bling" du début à la fin: casino, parc d'attractions, restaurants à l'ambiance de carnaval, boutiques de souvenirs, vendeurs de bébelles sur les trottoirs, parcs de stationnement à perte de vue ... bref tout ce qu'il faut faire pour gâcher un site que la nature a mis quelques dizaine de milliers d'années à façonner !  La chute en elle-même et la rivière Niagara sont pourtant  de véritables effets spéciaux de la nature qui n'avaient pas besoin d'un tel écrin d'artifices pour éblouir davantage. Mais comment empêcher les vendeurs du temple de parasiter un site qui dès sa découverte par les premiers Européens (des Français : Champlain (et son équipe), René Robert Cavelier, Sieur de la Salle et le moine Belge Louis Hennepin qui en fit une description détaillée en 1678) suscita une curiosité planétaire...C'est malheureusement le triste sort de plusieurs autres sites naturels sur la planète !


    La chute "canadienne" dite du "fer à cheval".

    Les chutes américaines.


Vous aurez beau visionner un film IMAX 3D sur les chutes du Niagagra, la meilleure impression c'est sur place que vous l'aurez. Aucun panoramique ne sera assez large pour saisir l'étendue de ce déversoir qui fut créée il y a 50 000 ans lors de la fonte du glacier Wisconsin (voir larticle sur Wikipédia pour plus de détails sur la géologie  des chutes: http://fr.wikipedia.org/wiki/Chutes_du_Niagara) .  En fait, c'est toute la section en amont et en aval de la chute que personnellement j'ai trouvé aussi spectaculaire que les trois chutes les deux Américaines (le voile de la mariée et les chutes américaines) et la Canadienne dites du fer à cheval  (depuis quand une chute a une nationalité ? voir mon topo précédent sur la propriété des Rocheuses). Selon moi, le meilleur moyen pour découvrir la Niagara et ses chutes c'est en vélo,  en empruntant la piste cyclable (Niagara River Recreational) qui borde la rivière depuis Niagara-on-the-lake jusqu'à  Fort Erie, pour un total de 56 km. La section la plus intéressante se situe entre le Fort George et  Chippawa Parkway, cette section fait un peu plus de 20 km... mais comme c'est une piste linéaire, il faut donc revenir à son point de départ ce qui fait une randonnée de 40km au total, mais avec en prime la possibilité de visiter plusieurs viticulteurs, car la piste qui longe la rivière d'un côté longe également la route des vins de l'autre côté...Mais attention de ne pas abuser des dégustations, car la piste cyclable est parfois très achalandée et demande toute votre attention.  La piste est asphaltée sur toute sa longueur et ne comporte qu'une montée importante dans la section qui précède la fameuse  "clock flower" qui comme son nom l'indique est une horloge géante dont le cadran est recouvert de plantes ornementales. On peut obtenir le plan, en format pdf,  de l'ensemble des pistes cyclables de la région du Niagara à l'adresse suivante:  http://bonjourniagara.com/documents/routes_velo_FRs.pdf. Il y a plusieurs stationnements gratuits tout au long du parcours ce qui permet de choisir le segment de piste qui vous intéresse le plus.


    La rivière Niagara juste au-dessus du gouffre.

La balade en vélo permet également de découvrir le Jardin botanique de Niagara et le "Butterfly conservartory" une serre géante au climat tropical qui permet d'observer plusieurs espèces de papillons.  Un peu plus loin, toujours en direction des chutes, le parcours de la rivière Niagara change de direction abruptement, un virage à 90 degrés   avec une pente où l'eau s'engouffre avec puissance et donne naissance à des rapides et des tourbillons géants (Niagara Whirlpool).  Encore une fois les vendeurs du temple sont là pour tirer avantage du site en vous proposant des tours en jet boat dans les rapides ou un tour en téléphérique au-dessus du gouffre...Mais la ballade en vélo est de loin plus relaxante pour découvrir ce très beau site naturel !

    Niagara-on-the-lake sur "Main street".
    La "clock flower" un bon repère près de la piste cyclable. 
    Les "jet boats" qui affrontent les tourbillons de la rivière.... une pollution inutile !!!
    Les tourbillons de la rivière Niagara et le téléphérique qui le surplombe...aussi inutile!
    Le jardin botanique de Niagara associé à l'école d'horticulture.


Pour revenir sur la hauteur des chutes ce ne sont ni les chutes du Niagara ou celle de Montmorency qui sont les plus hautes au Canada. Les plus hautes,  les chutes Della (440 mètres) sont situées sur l’Île de Vancouver et la deuxième en hauteur,  que nous avons également visitée lors de notre périple dans louest,  sont situées en Colombie-Britannique dans le parc National Yoho (près de la frontière de lAlberta). Takakkaw signifie cest merveilleux en langage Cri.  Les chutes Takakkaw s’élèvent à 384 mètres et nont surtout rien à envier aux chutes de lEst du pays, car en plus d’être spectaculaires elles ont conservé leur côté sauvage, sans pop corn et sans éclairage artificiel !


Les chutes Takakkaw dans le parc Yoho en Colombie-Britannique.

Takakkaw, signifie "c'est merveilleux" en langue Cri...384 mètres de hauteur
    C'est l'eau de fonte du Glacier Daly qui alimente les chutes Takakkaw.