jeudi 15 août 2013

De la 401 à la 20...















Après avoir exploré la région de Niagara, nous avons mis le cap sur Toronto en nous « tapant » à nouveau le réseau autoroutier de la Ville Reine.  Bon, avant de me lancer sur la 401 je me répétais intérieurement que je n’avais pas à stresser, puisque j’avais déjà conduit une voiture sur le périphérique de Paris et que j’avais même contourné l’Arc de triomphe en pleine heure de pointe !  Dans ma tête, il ne pouvait pas y avoir pire sur la surface de la Terre comme épreuve de conduite!  Après réflexion, je me suis rappelé un court arrêt à Mexico où la circulation automobile pouvait être un brin plus cauchemardesque qu’à Paris, mais je n’ai pas pris le volant lors de ce voyage... C’est une impression seulement !   Mais cette fois je devais affronter la circulation avec un « train routier », petit sans doute, mais qui demeure un peu plus encombrant qu’une berline 4 portes ! J’avais déjà eu un aperçu de la densité de la circulation, lorsque nous approchions de Toronto par le nord via l’autoroute 400 pour emprunter par la suite l’autoroute à péage 407 en direction de Niagara.  D’abord à 2 voies, l’autoroute est devenue à 5 voies au niveau de Vaughan et le nombre d’entrées et de sorties se sont densifiées à un point tel que la pauvre Charlotte, la voix féminine de notre GPS,  a eu de la difficulté à suivre le rythme, elle en bégayait parfois !

Le pire finalement ce n’est pas tant la largeur des autoroutes ni le nombre des entrées-sorties, mais plutôt le comportement de trop nombreux camionneurs et automobilistes, qui comme au Québec ne respectent pas les règlements de la route à moins de faire face à une « menace réelle » comme un radar photographique ou une voiture de patrouille.  Je suis d’un naturel prudent et la roulotte  m’a imposé ses propres limites durant le voyage, elle  m’a obligé notamment à éviter les manœuvres trop brusques,  à surveiller un peu plus mes angles morts lors d’un changement de voie ou à prévoir une distance de freinage plus importante.  Mais sur la route, où la délinquance semble pour plusieurs une vertu ou l’expression de leur machisme (mon « char » va bien plus vite que le tien !),  mon comportement prudent n’a fait qu’exacerber cette perception, pour le moins discutable.  À plusieurs reprises des tracteurs avec leur remorque de 53 pieds (16 mètres) m’ont dépassé à une vitesse que j’estime supérieure à 130 km/h.  Un camionneur, sans doute irrité de suivre une « maudite-roulotte-qui-respecte-la-limite-de-vitesse » (je roulais très près du 100 km/h à ce moment) , nous a même dépassé en utilisant l’accotement à notre droite juste avant une entrée sur l’autoroute 401, une manœuvre hautement risquée qui a permis à ce conducteur irresponsable de gagner 3 misérables places dans la circulation, car peu après son dépassement un bouchon a ramené la vitesse de tous les véhicules à 10 km/h sur une bonne vingtaine de kilomètres. Je pourrais disserter longuement sur le comportement des automobilistes et des camionneurs qui me semble pire à l’est qu’à l’ouest du Canada...Mais bon, à quoi bon faire monter ma pression pour de parfaits imbéciles ! Un fait demeure, des villes comme Toronto, Montréal, Paris ou Mexico vous font prendre conscience que le parc automobile/camion  et le réseau autoroutier qui le supporte ont atteint un niveau  développement qui n’a plus rien de très raisonnable, bref qui défi le bon sens !  J’assume par ailleurs mes propres contradictions avec « mon auto » et « ma roulotte » (petit format toutefois), je pourrais bien sûr faire du vélo-tourisme et limiter mes déplacements et ainsi contribuer à réduire la pression sur le réseau autoroutier et mes émissions de GES...mais à l’orée de mes 60 ans, j’avoue manquer un peu de courage et d’énergie pour me lancer sur la Transcanadienne en risquant d’être écrabouillé par un automobiliste distrait par la lecture sur  son téléphone intelligent ! 
Notre périple sur la 401 a été ponctué d’un arrêt de 24 heures dans le quartier de Scarborough au parc de la Rivière Rouge, non loin du Zoo de Toronto.  Le seul camping du secteur, Glen Rouge, nous a accueillis pour deux nuits.  Nous avons rapidement su que nous n’étions plus à la campagne, car lors de notre inscription au camping qui n’a duré que 5 minutes (nous avions réservé notre site)  un voleur a profité d’une portière non verrouillée  de notre véhicule pour nous subtiliser notre GPS... à l’endroit où nous en avions le plus besoin ! ...Un après-midi de perdu pour retrouver le même modèle dans le Future Shop du coin ...bienvenue à Toronto !  Le lendemain, en bons citoyens écoresponsables nous avons décidé d’utiliser le « Go Train » pour nous rendre au centre-ville de Toronto, une ballade agréable d’une quarantaine de minutes entre la station Hill Rouge et la Gare Union près de la tour du CN.  Le Day Pass du Go Train nous a coûté un gros 11$ , pas cher pour oublier le stress de l’autoroute et de chercher des stationnements au centre-ville dont le coût est prohibitif !  Nous avons fait le même parcourt que de nombreux touristes en explorant à pied les rues autour de la Gare Union (en rénovation) et bien sûr en montant au sommet de la tour du CN,  dont  apercevions déjà la silhouette de l’autre côté du lac Ontario lorsque nous étions à Niagara-on-the-Lake .  Nous avons d’ailleurs dîné au restaurant de la tour, au menu un excellent poulet aux chanterelles avec en prime une vue sur le lac Ontario, la marina et l’aéroport Bishop.  En après-midi nous avons marché jusqu’au St-Lawrence Market  pour revenir souper à la marina juste en face de la tour du CN.  Une journée qui nous a vraiment fait oublier la précédente !


 
La station Rouge Hill du Go Train, à moins de 10  minutes de notre camping, Glen Rouge.



 Le merveilleux Go Train, à toutes les 30 minutes, le 2e étage est une "quite zone" aux heures de pointe...pas de bruit svp, cool ! 


Plutôt génial ce stationnement couvert pour les vélos avec caméras de surveillance !


Incontournable comme la tour Eiffel à Paris... un peu dispendieuse l'ascension au sommet, 32$ pour un adulte et un rabais de 15%  si vous achetez votre billet en ligne.



Le petit aéroport Billy Bishop vue de la tour du CN et la marina un peu plus bas.


Le coeur de Toronto, Bay street et  Young Street et les tours à bureaux où se brassent bien des affaires.


La cathédrale anglicane Saint-James... dans le même style que  l'église Saint-Matthew à Québec...mais à une toute autre échelle !!!...pas très loin du Ste-Lawrence Market, le marché Jean-Talon de Toronto.

La tour du CN entre les buildings de Bay Street.

L'art public est omniprésent à Toronto.

La marina de Toronto, un bel endroit pour un repas sur une terrasse en fin de journée...




...et voir les avions atterrir sur le petit aéroport Billy Bishop.  

Le lendemain nous avons repris la fameuse 401 en direction du Parc Presqu’Île à 126 km à l’est de Toronto. À partir de Scarborough, la 401 devient un peu plus « civilisée »  le nombre de voies devenant progressivement à deux dans chaque direction et la circulation étant plus fluide au fur et à mesure que l’on quitte la grande banlieue de Toronto.  Le parc de Presqu’Île est aux  portes de la région Prince Edward,  une région agricole et viticole où l’on retrouve également le Parc provincial de Sandbank qui comme son nom l’indique est réputé pour ses dunes et ses plages de sable.  Le camping de Sandbank est très achalandé, au point où je n’ai jamais été en mesure d’y réserver un site même 6 mois avant notre passage. C’est donc au camping de Presqu’Île que nous avions établi notre « camp de base »  pour explorer la région Prince Edward et son chef-lieu,  Picton à 60km.  La région se démarque notamment par les efforts des agriculteurs pour mettre en valeur les produits locaux. Les kiosques de fruits et légumes abondent un peu partout sur les routes secondaires de la région qui forme une grande presqu’île au bord du lac Ontario.  La rue principale de Picton est très animée, on y retrouve une bonne variété de petits commerces et de restos, mais rien de comparable à la « Main » de Niagara-on-the-Lake. Une bonne amie m’avait recommandé un petit resto à Picton dont la spécialité est le fish and ship :  le Schooners' Fish & Chips (un schooner est un type de goélette de commerce qui naviguait sur les Grands Lacs jusqu’au début du XXe siècle) .  Effectivement plusieurs commerçants de Picton m’ont confirmé la réputation de ce petit resto situé en face de l’épicerie Metro du coin ...Mais comme j’avais déjà « fait le plein »  de Fish and Chips dans un autre resto à Canmore (le Georgetown) , nous avons plutôt essayé le  «Painted Peppercorn » , situé au 9 Elizabeth street. Une agréable surprise nous y attendait, car tout était excellent et fait maison comme l’annonçait l’affiche du resto « creative home cooking » ,  même la bière locale rousse (dont j’ai malheureusement oublié le nom)  en apéritif  était pleine de saveur.  Si  l’extérieur du resto n’annonçait rien de formidable a priori, de l’intérieur nous avons eu accès à une petite terrasse à l’ombre et loin des clameurs de la rue...Vraiment ce resto valait le détour.




Notre site au camping du parc provincial de Presqu'Île... beaucoup d'espace, de beaux  arbres et à quelques pas des berges du Lac Ontario. Camping presque parfait, mais sans buanderie...d'où la corde à linges à gauche !

A la brunante sur le Lac Ontario...en face de notre site.


La "Main" à Picton.

La charmante bibliothèque publique "old style" de Picton.

La plage de Sandbank... qui n'a rien à envier à celles de la Nouvelle-Angleterre et à l'eau douce en plus ! 

De retour sur les plages de Presqu’Île en fin d’après-midi, une moins bonne surprise nous attendait.  Profitant du soleil et du vent qui soufflait de manière constante à plus de 20 km/h nous avons décidé de sortir le « cerf-volant acrobatique » que nous avions acheté il y a trois ans aux Îles de la Madeleine, question de ne pas perdre le tour de main que nous avions déjà acquis sur l’archipel.  La plage de Presqu’Île fait quelques kilomètres de longueur et un bon 100 mètres de largeur, les baigneurs étant concentrés sur le premier 10 mètres près de l’eau, ce qui laisse un bon 90 mètres de libres pour faire voler un cerf-volant en toute quiétude. Cet après-midi-là,  nous étions trois à faire voler nos cerfs-volants dans le ciel de Presqu’Île, chacun étant espacé d’un bon 200 mètres.  Nous avons eu beaucoup de plaisir  pendant  une bonne heure, la force du vent permettant de faire virevolter notre cerf-volant dans tous les sens sans perdre de vélocité ... génial !!!  Jusqu’au moment où, du coin de l’œil,  j’aperçois une constable du parc s’approcher de nous d’un air déterminé avec sa veste pare-balle et son ceinturon de patrouilleur truffé d’équipements de répression. Sur le coup j’imagine qu’elle souhaite simplement nous saluer et nous remercier de mettre de si belles couleurs dans le ciel, car notre cerf-volant est vraiment beau avec sa longue queue multicolore. Malheureusement, son discours était tout autre et presque surréaliste ; « Sir, it is forbidden to fly a kite on this beach, a sign at the entrance indicates it clearly. You could strike and hurt somebody with your kite! »  


    Attention !!! cette chose est une arme redoutable pouvant menacer la vie des baigneurs... notre cerf-volant photographié ici aux Iles de la Madeleine.

Après les requins,  voici maintenant le cerf-volant tueur pouvant menacer l’intégrité physique des pauvres baigneurs innocents. Surpris et surtout incrédule face à ce règlement farfelu j’ai eu une réaction de soumission, manquant malheureusement de mots en anglais pour ironiser sur l’absurdité du règlement ... Sorry Officer , we stop immediately !   Je remballe le cerf-volant dans sa gaine,  penaud comme un jeune enfant que l’on vient de gronder et qui retourne dans sa chambre ! Pendant ce temps la « charmante constable » se dirigea avec son armement vers les deux familles inconscientes  qui comme nous menaçaient la vie des baigneurs avec leur terrible cerf-volant tueur...  Pour soulager notre peine, nous décidons alors de marcher le long de la plage au milieu des baigneurs, le cerf-volant bien rangé et en ruminant des insanités contre ce foutu règlement stupide et la constable qui le fait appliquer sans aucun discernement.  Jusqu’au moment ou nous apercevons trois gaillards qui jouaient au baseball au beau milieu des baigneurs, non pas avec une balle de caoutchouc et un bâton en plastique, mais avec une authentique balle de baseball avec ses coutures rouges bien apparentes et un bâton d’aluminium ... Où est la constable alors ?  Elle revient du bout de la plage avec la fierté du devoir accompli, sa journée est bien remplie, car elle a sécurisé « sa plage » ! Nous la surveillons du coin de l’oeil, car elle doit passer en face de nos trois gaillards.... Rien ! Elle ne dit strictement rien,  affichant même un sourire complaisant en passant à la hauteur des trois gars, car les jeux de balles sont sans doute permis sur cette maudite plage (une autre affiche que nous avons loupée à l’entrée !) , tout le monde sait qu’en frappant sur une balle de baseball un gaillard de plus de 90 kilos n’a aucun risque de propulser la balle sur un baigneur innocent  suite à un mauvais frappé, alors qu’un cerf-volant acrobatique relié par deux cordes à son pilote peut à tout moment devenir hors de contrôle et percuter la tête d’un passant et lui fracasser le crâne ....Non, mais, j’hallucine  !!! Cette fausse note demeure cependant l’une des rares que nous pouvons reprocher à l’organisation des parcs de l’Ontario et cela  après avoir visité 4 des parcs de la province : Chutes, Pancake Bay, Killbear et Presqu’Île. Le système de réservation en ligne est simple d’utilisation  et les infrastructures sont impeccables.  Pancake Bay, au bord du lac Supérieur, demeure cependant notre coup de cœur, pour la beauté sauvage de sa plage et la qualité des sites.


Après trois nuits à Presqu’Île, il est maintenant  temps pour nous de mettre fin à notre périple de 63 jours et de regagner le Québec. La 401 devient l’autoroute 20 et après un arrêt d’une nuit chez mon frère à l’île Perreault , un dernier segment de route de  280 km nous amène enfin chez nous à Québec,  la tête pleine de beaux souvenirs et de moments uniques.

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