Après avoir exploré la région de Niagara, nous avons mis le cap sur Toronto en nous « tapant » à nouveau le réseau autoroutier de la Ville Reine. Bon, avant de me lancer sur la 401 je me répétais intérieurement que je n’avais pas à stresser, puisque j’avais déjà conduit une voiture sur le périphérique de Paris et que j’avais même contourné l’Arc de triomphe en pleine heure de pointe ! Dans ma tête, il ne pouvait pas y avoir pire sur la surface de la Terre comme épreuve de conduite! Après réflexion, je me suis rappelé un court arrêt à Mexico où la circulation automobile pouvait être un brin plus cauchemardesque qu’à Paris, mais je n’ai pas pris le volant lors de ce voyage... C’est une impression seulement ! Mais cette fois je devais affronter la circulation avec un « train routier », petit sans doute, mais qui demeure un peu plus encombrant qu’une berline 4 portes ! J’avais déjà eu un aperçu de la densité de la circulation, lorsque nous approchions de Toronto par le nord via l’autoroute 400 pour emprunter par la suite l’autoroute à péage 407 en direction de Niagara. D’abord à 2 voies, l’autoroute est devenue à 5 voies au niveau de Vaughan et le nombre d’entrées et de sorties se sont densifiées à un point tel que la pauvre Charlotte, la voix féminine de notre GPS, a eu de la difficulté à suivre le rythme, elle en bégayait parfois !
Le pire finalement ce n’est pas tant la largeur des
autoroutes ni le nombre des entrées-sorties, mais plutôt le comportement de
trop nombreux camionneurs et automobilistes, qui comme au Québec ne respectent
pas les règlements de la route à moins de faire face à une « menace réelle »
comme un radar photographique ou une voiture de patrouille. Je suis d’un naturel prudent et la roulotte
m’a imposé ses propres limites
durant le voyage, elle m’a obligé notamment
à éviter les manœuvres trop brusques,
à surveiller un peu plus mes angles morts lors d’un changement de voie
ou à prévoir une distance de freinage plus importante. Mais sur la route, où la délinquance
semble pour plusieurs une vertu ou l’expression de leur machisme (mon
« char » va bien plus vite que le tien !), mon comportement prudent n’a fait qu’exacerber cette
perception, pour le moins discutable. À plusieurs reprises des tracteurs avec leur remorque de 53
pieds (16 mètres) m’ont dépassé à une vitesse que j’estime supérieure à 130
km/h. Un camionneur, sans doute
irrité de suivre une
« maudite-roulotte-qui-respecte-la-limite-de-vitesse » (je roulais
très près du 100 km/h à ce moment) , nous a même dépassé en utilisant
l’accotement à notre droite juste avant une entrée sur l’autoroute 401, une
manœuvre hautement risquée qui a permis à ce conducteur irresponsable de gagner
3 misérables places dans la circulation, car peu après son dépassement un bouchon
a ramené la vitesse de tous les véhicules à 10 km/h sur une bonne vingtaine de kilomètres.
Je pourrais disserter longuement sur le comportement des automobilistes et des
camionneurs qui me semble pire à l’est qu’à l’ouest du Canada...Mais bon, à
quoi bon faire monter ma pression pour de parfaits imbéciles ! Un fait demeure,
des villes comme Toronto, Montréal, Paris ou Mexico vous font prendre conscience
que le parc automobile/camion et
le réseau autoroutier qui le supporte ont atteint un niveau développement qui n’a plus rien de très
raisonnable, bref qui défi le bon sens !
J’assume par ailleurs mes propres contradictions avec « mon auto »
et « ma roulotte » (petit format toutefois), je pourrais bien sûr
faire du vélo-tourisme et limiter mes déplacements et ainsi contribuer à
réduire la pression sur le réseau autoroutier et mes émissions de GES...mais à
l’orée de mes 60 ans, j’avoue manquer un peu de courage et d’énergie pour me
lancer sur la Transcanadienne en risquant d’être écrabouillé par un automobiliste
distrait par la lecture sur son
téléphone intelligent !
Notre périple sur la 401 a été ponctué d’un arrêt de 24
heures dans le quartier de Scarborough au parc de la Rivière Rouge, non loin du
Zoo de Toronto. Le seul camping du
secteur, Glen Rouge, nous a accueillis pour deux nuits. Nous avons rapidement su que nous
n’étions plus à la campagne, car lors de notre inscription au camping qui n’a
duré que 5 minutes (nous avions réservé notre site) un voleur a profité d’une portière non verrouillée de notre véhicule pour nous subtiliser
notre GPS... à l’endroit où nous en avions le plus besoin ! ...Un après-midi de
perdu pour retrouver le même modèle dans le Future Shop du coin ...bienvenue à
Toronto ! Le lendemain, en bons
citoyens écoresponsables nous avons décidé d’utiliser le « Go Train »
pour nous rendre au centre-ville de Toronto, une ballade agréable d’une
quarantaine de minutes entre la station Hill Rouge et la Gare Union près de la tour
du CN. Le Day Pass du Go Train
nous a coûté un gros 11$ , pas cher pour oublier le stress de l’autoroute et de
chercher des stationnements au centre-ville dont le coût est prohibitif ! Nous avons fait le même parcourt que de
nombreux touristes en explorant à pied les rues autour de la Gare Union (en
rénovation) et bien sûr en montant au sommet de la tour du CN, dont apercevions déjà la silhouette de l’autre côté du lac Ontario
lorsque nous étions à Niagara-on-the-Lake . Nous avons d’ailleurs dîné au restaurant de la tour, au menu
un excellent poulet aux chanterelles avec en prime une vue sur le lac Ontario,
la marina et l’aéroport Bishop. En
après-midi nous avons marché jusqu’au St-Lawrence Market pour revenir souper à la marina juste
en face de la tour du CN. Une
journée qui nous a vraiment fait oublier la précédente !
Incontournable comme la tour Eiffel à Paris... un peu dispendieuse l'ascension au sommet, 32$ pour un adulte et un rabais de 15% si vous achetez votre billet en ligne.
La station Rouge Hill du Go Train, à moins de 10 minutes de notre camping, Glen Rouge.
Le merveilleux Go Train, à toutes les 30 minutes, le 2e étage est une "quite zone" aux heures de pointe...pas de bruit svp, cool !
Plutôt génial ce stationnement couvert pour les vélos avec caméras de surveillance !
Le petit aéroport Billy Bishop vue de la tour du CN et la marina un peu plus bas.
Le coeur de Toronto, Bay street et Young Street et les tours à bureaux où se brassent bien des affaires.
La cathédrale anglicane Saint-James... dans le même style que l'église Saint-Matthew à Québec...mais à une toute autre échelle !!!...pas très loin du Ste-Lawrence Market, le marché Jean-Talon de Toronto.
L'art public est omniprésent à Toronto.
La marina de Toronto, un bel endroit pour un repas sur une terrasse en fin de journée...
...et voir les avions atterrir sur le petit aéroport Billy Bishop.
Le lendemain nous avons repris la fameuse 401 en direction
du Parc Presqu’Île à 126 km à l’est de Toronto. À partir de Scarborough, la 401
devient un peu plus « civilisée » le nombre de voies devenant progressivement à deux dans
chaque direction et la circulation étant plus fluide au fur et à mesure que
l’on quitte la grande banlieue de Toronto. Le parc de Presqu’Île est aux portes de la région Prince Edward, une région agricole et viticole où l’on retrouve également
le Parc provincial de Sandbank qui comme son nom l’indique est réputé pour ses
dunes et ses plages de sable. Le
camping de Sandbank est très achalandé, au point où je n’ai jamais été en
mesure d’y réserver un site même 6 mois avant notre passage. C’est donc au
camping de Presqu’Île que nous avions établi notre « camp de
base » pour explorer la
région Prince Edward et son chef-lieu, Picton à 60km.
La région se démarque notamment par les efforts des agriculteurs pour
mettre en valeur les produits locaux. Les kiosques de fruits et légumes
abondent un peu partout sur les routes secondaires de la région qui forme une
grande presqu’île au bord du lac Ontario.
La rue principale de Picton est très animée, on y retrouve une bonne
variété de petits commerces et de restos, mais rien de comparable à la
« Main » de Niagara-on-the-Lake. Une bonne amie m’avait recommandé un petit resto à Picton dont la spécialité est le fish and
ship : le Schooners' Fish & Chips
(un schooner est un type de goélette de commerce qui naviguait sur les Grands Lacs
jusqu’au début du XXe siècle) .
Effectivement plusieurs commerçants de Picton m’ont confirmé la
réputation de ce petit resto situé en face de l’épicerie Metro du coin ...Mais
comme j’avais déjà « fait le plein » de Fish and Chips dans un autre resto à Canmore (le
Georgetown) , nous avons plutôt essayé le
«Painted Peppercorn » , situé
au 9 Elizabeth street. Une agréable surprise nous y attendait, car tout était
excellent et fait maison comme l’annonçait l’affiche du resto « creative home
cooking » , même la
bière locale rousse (dont j’ai malheureusement oublié le nom) en apéritif était pleine de saveur. Si l’extérieur du
resto n’annonçait rien de formidable a priori, de l’intérieur nous avons eu
accès à une petite terrasse à l’ombre et loin des clameurs de la rue...Vraiment
ce resto valait le détour.
Notre site au camping du parc provincial de Presqu'Île... beaucoup d'espace, de beaux arbres et à quelques pas des berges du Lac Ontario. Camping presque parfait, mais sans buanderie...d'où la corde à linges à gauche !
A la brunante sur le Lac Ontario...en face de notre site.
La "Main" à Picton.
La charmante bibliothèque publique "old style" de Picton.
La plage de Sandbank... qui n'a rien à envier à celles de la Nouvelle-Angleterre et à l'eau douce en plus !
De retour sur les plages de Presqu’Île en fin d’après-midi,
une moins bonne surprise nous attendait.
Profitant du soleil et du vent qui soufflait de manière constante à plus
de 20 km/h nous avons décidé de sortir le « cerf-volant acrobatique »
que nous avions acheté il y a trois ans aux Îles de la Madeleine, question de
ne pas perdre le tour de main que nous avions déjà acquis sur l’archipel. La plage de Presqu’Île fait quelques
kilomètres de longueur et un bon 100 mètres de largeur, les baigneurs étant
concentrés sur le premier 10 mètres près de l’eau, ce qui laisse un bon 90
mètres de libres pour faire voler un cerf-volant en toute quiétude. Cet
après-midi-là, nous étions trois à
faire voler nos cerfs-volants dans le ciel de Presqu’Île, chacun étant espacé d’un
bon 200 mètres. Nous avons eu
beaucoup de plaisir pendant une bonne heure, la force du vent
permettant de faire virevolter notre cerf-volant dans tous les sens sans perdre
de vélocité ... génial !!!
Jusqu’au moment où, du coin de l’œil, j’aperçois une constable du parc s’approcher de nous d’un
air déterminé avec sa veste pare-balle et son ceinturon de patrouilleur truffé
d’équipements de répression. Sur le coup j’imagine qu’elle souhaite simplement
nous saluer et nous remercier de mettre de si belles couleurs dans le ciel, car
notre cerf-volant est vraiment beau avec sa longue queue multicolore.
Malheureusement, son discours était tout autre et presque surréaliste ; « Sir,
it is forbidden to fly a kite on this beach, a sign at the entrance indicates
it clearly. You could strike and hurt somebody with your kite! »
Après les requins, voici maintenant le cerf-volant tueur pouvant menacer l’intégrité physique des pauvres baigneurs innocents. Surpris et surtout incrédule face à ce règlement farfelu j’ai eu une réaction de soumission, manquant malheureusement de mots en anglais pour ironiser sur l’absurdité du règlement ... Sorry Officer , we stop immediately ! Je remballe le cerf-volant dans sa gaine, penaud comme un jeune enfant que l’on vient de gronder et qui retourne dans sa chambre ! Pendant ce temps la « charmante constable » se dirigea avec son armement vers les deux familles inconscientes qui comme nous menaçaient la vie des baigneurs avec leur terrible cerf-volant tueur... Pour soulager notre peine, nous décidons alors de marcher le long de la plage au milieu des baigneurs, le cerf-volant bien rangé et en ruminant des insanités contre ce foutu règlement stupide et la constable qui le fait appliquer sans aucun discernement. Jusqu’au moment ou nous apercevons trois gaillards qui jouaient au baseball au beau milieu des baigneurs, non pas avec une balle de caoutchouc et un bâton en plastique, mais avec une authentique balle de baseball avec ses coutures rouges bien apparentes et un bâton d’aluminium ... Où est la constable alors ? Elle revient du bout de la plage avec la fierté du devoir accompli, sa journée est bien remplie, car elle a sécurisé « sa plage » ! Nous la surveillons du coin de l’oeil, car elle doit passer en face de nos trois gaillards.... Rien ! Elle ne dit strictement rien, affichant même un sourire complaisant en passant à la hauteur des trois gars, car les jeux de balles sont sans doute permis sur cette maudite plage (une autre affiche que nous avons loupée à l’entrée !) , tout le monde sait qu’en frappant sur une balle de baseball un gaillard de plus de 90 kilos n’a aucun risque de propulser la balle sur un baigneur innocent suite à un mauvais frappé, alors qu’un cerf-volant acrobatique relié par deux cordes à son pilote peut à tout moment devenir hors de contrôle et percuter la tête d’un passant et lui fracasser le crâne ....Non, mais, j’hallucine !!! Cette fausse note demeure cependant l’une des rares que nous pouvons reprocher à l’organisation des parcs de l’Ontario et cela après avoir visité 4 des parcs de la province : Chutes, Pancake Bay, Killbear et Presqu’Île. Le système de réservation en ligne est simple d’utilisation et les infrastructures sont impeccables. Pancake Bay, au bord du lac Supérieur, demeure cependant notre coup de cœur, pour la beauté sauvage de sa plage et la qualité des sites.
Attention !!! cette chose est une arme redoutable pouvant menacer la vie des baigneurs... notre cerf-volant photographié ici aux Iles de la Madeleine.
Après les requins, voici maintenant le cerf-volant tueur pouvant menacer l’intégrité physique des pauvres baigneurs innocents. Surpris et surtout incrédule face à ce règlement farfelu j’ai eu une réaction de soumission, manquant malheureusement de mots en anglais pour ironiser sur l’absurdité du règlement ... Sorry Officer , we stop immediately ! Je remballe le cerf-volant dans sa gaine, penaud comme un jeune enfant que l’on vient de gronder et qui retourne dans sa chambre ! Pendant ce temps la « charmante constable » se dirigea avec son armement vers les deux familles inconscientes qui comme nous menaçaient la vie des baigneurs avec leur terrible cerf-volant tueur... Pour soulager notre peine, nous décidons alors de marcher le long de la plage au milieu des baigneurs, le cerf-volant bien rangé et en ruminant des insanités contre ce foutu règlement stupide et la constable qui le fait appliquer sans aucun discernement. Jusqu’au moment ou nous apercevons trois gaillards qui jouaient au baseball au beau milieu des baigneurs, non pas avec une balle de caoutchouc et un bâton en plastique, mais avec une authentique balle de baseball avec ses coutures rouges bien apparentes et un bâton d’aluminium ... Où est la constable alors ? Elle revient du bout de la plage avec la fierté du devoir accompli, sa journée est bien remplie, car elle a sécurisé « sa plage » ! Nous la surveillons du coin de l’oeil, car elle doit passer en face de nos trois gaillards.... Rien ! Elle ne dit strictement rien, affichant même un sourire complaisant en passant à la hauteur des trois gars, car les jeux de balles sont sans doute permis sur cette maudite plage (une autre affiche que nous avons loupée à l’entrée !) , tout le monde sait qu’en frappant sur une balle de baseball un gaillard de plus de 90 kilos n’a aucun risque de propulser la balle sur un baigneur innocent suite à un mauvais frappé, alors qu’un cerf-volant acrobatique relié par deux cordes à son pilote peut à tout moment devenir hors de contrôle et percuter la tête d’un passant et lui fracasser le crâne ....Non, mais, j’hallucine !!! Cette fausse note demeure cependant l’une des rares que nous pouvons reprocher à l’organisation des parcs de l’Ontario et cela après avoir visité 4 des parcs de la province : Chutes, Pancake Bay, Killbear et Presqu’Île. Le système de réservation en ligne est simple d’utilisation et les infrastructures sont impeccables. Pancake Bay, au bord du lac Supérieur, demeure cependant notre coup de cœur, pour la beauté sauvage de sa plage et la qualité des sites.
Après trois nuits à Presqu’Île, il est maintenant temps pour nous de mettre fin à notre
périple de 63 jours et de regagner le Québec. La 401 devient l’autoroute 20 et
après un arrêt d’une nuit chez mon frère à l’île Perreault , un dernier segment de route de 280 km nous amène enfin chez nous à Québec, la tête pleine de beaux souvenirs et
de moments uniques.
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