dimanche 20 octobre 2019

Le marchand de sable est passé !


On connaît bien cette expression associée au sommeil : le marchand de sable est passé. Cet été quand le marchand de sable est passé, nous nous étions déjà assoupis. Dans l’arrondissement Beauport, le marchand de sable a un autre nom : CSL-Loma. Très tôt au printemps, le marchand de sable a repris ses droits de propriétés sur un territoire que plusieurs d’entre-nous associaient à tort au Centre de plein air Beauport. En l’espace de quelques semaines à peine, la forêt mixte qui couvrait une bonne portion des sentiers 3 et 4 du centre a été transformée en désert de sable. Le reste de ces sentiers devraient disparaître d’ici 5 ou 6 ans, quand CSL-Loma aura terminé d’exploiter la portion actuelle (voir cartes). 
La zone plus pâle sur la photo correspond à la portion de forêt qui disparaîtra au cours des cinq prochaines
années... alors que cette forêt a pris des centaines d'années à s'établir sur un sol sableux.


On n’arrête pas le progrès, diront certains ! L’agglomération de Québec a désespérément besoin de sable pour assouvir ses besoins de croissance et la rénovation de ses infrastructures. Sacrifier une petite forêt, déjà encerclée par les sablières depuis des années, n’est pas une grosse perte, de plus notre marchand de sable a déjà tout prévu pour réhabiliter le site après son exploitation. En effet, CSL-Loma a déposé en 2016 un mémoire dans le cadre du schéma d’aménagement et de développement révisé de l’agglomération de Québec (SADR), dans lequel il prévoit l’installation de 2300 nouveaux ménages, d’un pôle technologique de pointe et bien sûr d’une ceinture verte, sans doute pour accroître l’acceptabilité sociale du projet ! Mais cette ceinture verte qui est censée représenter 45 % des espaces réhabilités ne sera plus qu’un enchaînement de bandes vertes où la diversité de la forêt aura complètement disparu. Je ne suis pas écologiste, mais la forêt qui a été arrachée par les


Il y a à peine 6 mois une forêt mixte couvrait cette zone !
La forêt qui reste, à droite sur l'image, disparaîtra dans un horizon de 5 à 6 ans.
débusqueuses cet été était sûrement le fruit d’une très lente évolution, car elle avait réussi à s’établir sur un sol sableux et pauvre en nutriments. Difficile de croire que cette zone deviendra un petit paradis vert pour jeunes familles. Pour réhabiliter le secteur, le promoteur aura besoin de déplacer des tonnes de sols organiques qu’il prendra nécessairement ailleurs sur le territoire de l’agglomération. Ce calcul environnemental me semble plutôt contestable !  

La zone en rouge est déjà déboisé et la compagnie CSL-Loma a déjà commencé à y extraire le sable (2 photos précédente).
L’exploitation des sablières à un rythme effréné soulève un autre problème : le sable est une ressource non renouvelable à l’échelle humaine. Quand notre « marchand de sable » aura épuisé en quelques années à peine le sable du secteur, il devra se tourner vers un autre gisement ou changer de secteur d’activités. Oui, selon les géologues, il y a beaucoup de sables au Québec, mais au rythme où nous le consommons il sera de plus en plus loin des villes. Encore une fois, il faut remettre en question le credo de la croissance économique qui est à l’origine de la destruction de l’environnement et du réchauffement climatique. L’urgence climatique fait en sorte que nous ne pouvons plus nous mettre la tête dans le sable et pelleter le problème aux autres générations !



mardi 8 octobre 2019

La véritable cause écologique


Notre belle jeunesse prend conscience que les changements climatiques sont la conséquence directe de l’activité humaine des générations qui l’ont précédé. Partout sur la planète elle dénonce l’utilisation massive des carburants fossiles qui transforme graduellement notre atmosphère en serre chaude. Le coupable est bien identifié, les scientifiques de la planète sont unanimes : sans une réduction significative des GES, l’humanité court à sa perte ou au mieux se réserve un avenir chaotique et totalement imprévisible. Face à ce tsunami de preuves scientifiques, s’élèvent pourtant des armées de climatosceptiques qui au nom de l’économie ou du déni sont près à déchirer tous les traités et les mesures mises en place pour simplement ralentir la catastrophe. Pour plusieurs d’entre-nous la véritable « cause écologique » c’est celle-là : mettre un terme à l’ère du pétrole le plus tôt possible et adopter des énergies renouvelables, en espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard. Mais est-ce vraiment la bonne cible ?  

Le premier levée de terre photographié par l'équipage d'Apollo 9. Une petite
boule bleue dans la noirceur du cosmos.
Le premier équipage d’astronautes (Apollo 9) qui a contourné la Lune a vite saisi que cette petite boule bleue qui apparaissait au-dessus de l’horizon lunaire était le seul et unique habitat de l’humanité. Une petite boule bleue où un événement hautement improbable se produisit il y a 3,5 milliards d’années : l’apparition de la vie. Collés sur notre quotidien, sur nos obligations de citoyens, de parents, d’employés, de patrons ou de politiciens, nous oublions que même notre propre existence est l’aboutissement d’un processus hautement complexe et d’une très grande fragilité. D’autre part, plus notre connaissance de l’Univers s’approfondit et plus nous prenons conscience de notre unicité, car même si chaque étoile de l’Univers semble accompagnée d’un cortège de planètes, très peu d’entre elles répondent à la très longue liste des conditions favorables à l’apparition de la vie et par-dessus tout à celle d’une vie intelligente et consciente de sa propre existence. Ainsi, une planète aura peu de chance de devenir un terreau favorable à la vie si elle est trop éloignée ou trop près de son étoile, recèle peu d’eau sous forme liquide, possède une gravité trop forte ou si faible qu’elle ne peut retenir une atmosphère et plus on creuse la question et plus la liste s’allonge, même la présence ou l’absence d’une lune ou la vitesse de rotation de la planète feraient également partie des critères essentiels ! Certes, vu l’immensité de l’univers avec ses milliards de Galaxies, il est possible qu’un autre système planétaire puisse répondre à l’ensemble des critères et que la vie puisse s’y épanouir, mais force est de constater que nos voisins galactiques seront toujours très éloignés de nous, tellement loin qu’un simple signal électromagnétique prendra des siècles pour les atteindre. Comme les lois de la physique sont les mêmes d’un bout à l’autre de l’Univers, on doit également admettre que les voyages interstellaires vont demeurer confinés au rêve et au cinéma. Cinquante ans
Apollo 11 le premier débarquement de l'humanité sur la Lune.
après l’alunissage d’Apollo 11, les voyages dans l’espace demeurent limités à notre voisinage immédiat. Même la conquête de Mars ne semble pas pour demain, car plus on se rapproche de l’objectif plus on prend conscience des risques énormes associés à une telle odyssée et aux ressources gigantesques à mettre en œuvre pour y parvenir… et pourquoi y aller au juste? Mars est visiblement une planète hostile à la vie et si certains rêvent encore de « terraformation » pour cette dernière, rien n’est aussi démesuré ou improbable. Mars ne pourra jamais devenir un vaisseau de secours pour l’humanité, au mieux cette planète deviendra un sommet à atteindre pour quelques astronautes en mal de défi, comme le fut la conquête de l’Everest à une autre époque. 


Mars ne sera jamais un vaisseau de sauvetage pour l'humanité.
Le constat est troublant : La Terre est unique, à la loterie interstellaire elle a tiré toutes les combinaisons gagnantes (vraiment !!!), on n’a beau tendre l’oreille et scruter les profondeurs du cosmos, nos improbables voisins demeurent muets. Serions-nous seuls alors ? En fait, la réponse a plus ou moins d’importance, car un fait demeure : Pour éviter que la Terre devienne le cimetière de sa propre biodiversité, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Il n’y a pas dans notre banlieue immédiate une planète de rechange ou une civilisation extraterrestre disposée à réparer notre gâchis ou à nous héberger en cas d’urgence climatique. 


Une simple jacinthe d'eau peut incarner à elle-seule la beauté et la complexité
de la vie sur terre.
Devant l’agilité d’un dauphin surgissant devant la proue d’un navire ou d’une fleur ouvrant ses pétales à l’aube, nous sommes admiratifs… mais pas suffisamment ! En fait, si nous prenions conscience que ce dauphin et cette fleur n’existent que sur la Terre et que dans un rayon de plusieurs milliers d’années-lumière le vivant n’existe probablement que sous des formes très primitives, je crois que nous changerions d’attitude. Le saccage des grandes forêts et des milieux humides témoigne, entre autres, de notre absence de sensibilité face au vivant et à ce qu’il représente vraiment. Il y a bien sûr un contexte historique qui explique notre attitude. Pendant des siècles nous avons crus que notre intelligence et notre conscience nous plaçaient au sommet de la « création » et au fil des siècles nous avons renforcé cette perception en nous forgeant des croyances religieuses qui n’ont fait que nous conforter dans notre rôle de propriétaire terrien ayant un droit de vie et de mort sur l’ensemble du vivant, incluant sur nos semblables. Nous avons même imaginé que le paradis n’était pas sur Terre, comme si l’apparition et le développement de la vie n’étaient pas suffisamment grandioses à nos yeux, il devait donc y avoir mieux ailleurs ! Notre vision à courte vue, limitée par la brièveté de notre propre existence, ne nous a pas permis de réaliser toute la profondeur et la complexité de l’évolution de la vie.

Fragile, fragile... prière de manipuler avec soin ! 
Nous sommes en face d’une équation difficile à résoudre : nos économies exigent une croissance perpétuelle alors que les ressources de la Terre sont forcément limitées, pire encore le « vivant », dont nous sommes une composante, repose sur des interactions complexes qui sont mises en péril par la croissance débridée de notre activité économique. Alors que faire ? Renoncer au « progrès » et redevenir des chasseurs-cueilleurs, ou presser le citron jusqu’à la disparition de l’humanité et du vivant ? La véritable « cause écologique » se situe à ce niveau : pour préserver le vivant, nous devons diminuer rapidement la pression sur l’ensemble des niches écologiques de la planète ! Pour y parvenir, nous devrons cesser de courir après « la richesse » et accepter de vivre dans un monde ou la simplicité deviendra une valeur universelle. La révolution industrielle qui a façonné nos sociétés à compter du XIXe siècle, nous a plongés dans un matérialisme débridé tout en nous éloignant de la nature dont nous sommes pourtant issus. 

La difficulté principale du virage vers la simplicité réside dans le fait que nous vivons dans un monde profondément asymétrique où les valeurs individuelles et collectives évoluent de manière parallèle. Difficile dans ce contexte de rêver d’un monde égalitaire et respectueux du vivant et des ressources de la planète. De plus il faut composer avec tous les travers de la nature humaine et parmi ceux-ci il y a : la tricherie. La tricherie est sans doute le plus grand travers de la nature humaine, car elle s’oppose à toutes les structures, à tous les lois et règlements et à toutes les bonnes intentions. La tricherie est partout dans l’activité humaine comme : Dépasser les limites de vitesse au mépris de la sécurité des autres, cacher ses revenus pour ne pas payer d’impôt, truquer les émissions de GES des voitures pour répondre aux exigences des gouvernements, interner ou éliminer des journalistes qui scrutent d’un peu trop près les activités des états ou de groupes industriels, rejeter dans les lacs et rivières des polluants, se droguer pour gagner une compétition sportive en fait la liste est infinie et chacun d’entre-nous a utilisé, à différents niveaux, une forme de tricherie pour parvenir à ses fins. La tricherie est même glorifiée ! Tricher démontre sa débrouillardise et sa capacité à dépasser les autres, seuls les gens naïfs ou les timides obéissent aux règles aveuglément, les « gens malins » eux n’hésiteront pas à contourner lois et règlements pour parvenir à leurs fins, incluant pour devenir chefs d’État ! Les journaux et les livres d’histoire sont d’ailleurs remplis d’exemples ! Lorsque les « gens malins » versent en plus dans le copinage, le népotisme, la corruption ou la collusion, la planète n’est jamais gagnante : des forêts disparaissent, des milieux humides sont asphaltés, des lacs deviennent des réservoirs d’eau acide et des terres agricoles sont transformées en quartier de bungalows, rien de réjouissant bref !

Alors que faire ? Instaurer une dictature verte pour contraindre les « gens malins » à entrer dans le rang et devenir des apôtres de la simplicité volontaire? Utopie ! L’histoire nous apprend que toutes les dictatures, même les plus angéliques, conduisent aux pires excès et finissent inévitablement par disparaître ! En fait il n’y a qu’une avenue possible pour sauver la planète : l’éducation ! Acquérir une sensibilité face au vivant ne s’improvise pas et c’est donc dès l’enfance que cette acquisition doit se faire. Les marches pour sauver la planète ne régleront rien si dans la vie de tous les jours nous foulons du pied la diversité biologique par la somme de nos actions et de nos inactions. Malgré l’optimisme de certains, il faut voir la vérité en face : la transition sera longue, très longue, probablement sur quelques générations, car elle nous oblige à abandonner une partie de notre confort matériel et à évoluer vers une forme de gouvernance planétaire qui permettra de coordonner toutes les actions visant à corriger les erreurs du passé et éviter celles de demain ! D’ici là, nous aurons à subir la colère de la Terre. Espérons que nos enfants et arrières petits enfants vont acquérir la sagesse qui nous fait si cruellement défaut et qu’ils auront la volonté de mettre en œuvre toutes les mesures qui s’imposent pour redresser le climat et sauver les espèces en péril, incluant la nôtre !


Jean Payeur

jeudi 8 août 2019

Bouclier médiéval





Il y a une trentaine d’années, j’avais fabriqué pour mon fils une épée et un bouclier de bois. Si l’épée a survécu à trois décennies, le bouclier est disparu sans laisser de trace. J’ai restauré l’épée et je l’ai offerte en cadeau à mon petit-fils, mais un chevalier sans bouclier demeure vulnérable aux assauts de l’ennemie ! J’ai donc décidé de refaire le bouclier, mais avec trente années d’expérience de plus je me disais que je pouvais sûrement améliorer le modèle. En effet, la première version avait été taillée dans une feuille de contreplaqué de 1/4’’ d’épaisseur, que j’ai courbé du mieux que je pouvais en utilisant les 2 membrures courbes qui servaient à supporter la poignée du bouclier. Le résultat était moyen, car le contreplaqué était trop rigide pour bien épouser la forme des membrures, et ce, même si j’avais pratiqué des rainures à mi-bois pour l’assouplir.


Pour réaliser la version 2.0 du bouclier, j’ai décidé de m’inspirer de la technique pour fabriquer un kayak en lattes de bois. J’ai donc construit un moule ayant la même courbure (le bouclier a 16’’ de largeur et le rayon de courbure est de 3’’) que le bouclier et j’ai préparé des lattes en pin de 3/8’’ d’épaisseur, de 3/4’’ de largeur et de 24’’ de longueur que j’ai ensuite collés (colle PVA extérieur) par les chants en les appliquant sur le moule. Le moule a été découpé dans un panneau de MDF de 1/2’’ d’épaisseur, des trous de 1’’ de diamètre ont été percés à espacement fixe près de la courbe afin d’y insérer les mors fixes des serre-joints. Une fois les lattes collées entre-t-elle j’ai taillé à la scie à découper la forme caractéristique en écu (rectangle se terminant en pointe vers le bas) du bouclier. Au moyen-âge le mot « écu » désignait d’ailleurs un bouclier !




Comme je l’ai mentionné précédemment, la poignée du bouclier se compose de deux membrures sur laquelle est fixé un goujon de 3/4’’ de diamètre et une courroie en cuir ou en fibres tissées. Le « chevalier » glisse son bras sous la courroie et vient saisir avec la main le goujon servant de poignée. Cette configuration permet d’avoir un bon contrôle du bouclier. Les membrures ont été taillées dans des planches de cèdre (bois léger) d’un pouce d’épaisseur, elles ont été collées (colle PVA extérieur) et clouées à la surface interne du bouclier. J’ai collé un coussinet (en minicell) sous le goujon pour protéger les jointures du chevalier !

J'ai d'abord collé les lattes de chaque moitié du bouclier et après j'ai collé des deux moitiés à l'aide de 2 serres à courroie. A l'aide d'un rabot et d'une sableuse j'ai rabattu les angles des lattes pour obtenir une courbe parfaite. 






Comme pour les chevaliers médiévaux, le bouclier est orné d’un signe héraldique distinctif. L’utilisation d’un signe distinctif sur le bouclier remonte à l’époque des croisades. Dans son encyclopédie médiévale, Eugène Viollet le Duc, précise que lorsque les armées occidentales partirent à la conquête du saint sépulcre, la nécessité de se distinguer de l’ennemie devint rapidement essentielle. Les croisées venant d’un peu partout en Occident, il était nécessaire d’identifier même de loin, qui était de votre côté ! Pour cette raison les signes étaient souvent simples et très colorés. Composés de figures géométriques au début des guerres saintes (triangles, croix, créneaux, damiers, etc.) les signes se sont développés au fil du temps et des animaux stylisés (aigle, dragon, canard, poisson, etc.) se sont ajoutés au vocabulaire héraldique. Pour le bouclier de mon petit-fils, j’ai choisi « l’aigle éployée » pour son lien avec les origines allemandes de ma famille (Bayer… devenu Payeur en Amérique) et surtout pour le côté flamboyant de cet aigle aux ailes grandes ouvertes ! La forme très stylisée de l’aigle avait toujours pour but d’être facile à identifier, même de très loin. 


L'aigle éployée, présentée dans le tome 1
de l'encyclopédie médiévale de Viollet le Duc
publié par Inter Livres, p.130.
Pour reproduire sur le bouclier « l’aigle éployée » que j’ai trouvée dans l’encyclopédie de Viollet le Duc, j’ai d’abord numérisé l’aigle (photo numérique en fait). Par la suite, j’ai utilisé Photoshop pour redimensionner l’image à la dimension souhaitée et l’imprimer en mosaïque sur 2 feuilles 11’’ x 17’’. Sur une planche à découper de la même dimension que mon image d’aigle, j’ai collé des bandes de papiers cache sur l’ensemble de la surface. J’ai ensuite fixé l’image sur la surface de papier cache. À l’aide d’une lame « exacto » j’ai fait le contour de l’aigle en m’assurant de découper à la fois la feuille et la couche de papier cache en dessous. Une fois le contour complété, il me suffisait de retirer le papier cache à l’intérieur de l’aigle pour obtenir un pochoir. Par la suite, j’ai décollé délicatement le papier cache de la planche à découper pour le recoller directement sur le bouclier. Avec une bombe aérosol rouge, j’ai appliqué trois couches de peinture. Au préalable, j’avais vaporisé une couche de fond (gris métallique) sur toute la surface du bouclier. La face intérieure du bouclier a été peinte en blanc.


Un chevalier sans peur et sans reproche, prêt au combat !! 





mercredi 26 juin 2019

Brouette pour enfants




Le lègue de la brouette….

Il est difficile d’imaginer qu’un outil aussi essentiel que la brouette soit apparu si tardivement dans l’histoire de l’humanité! En effet, cet outil de transport sur de courtes distances serait apparu bien après la construction des pyramides d’Égypte, soit au premier siècle après Jésus-Christ, quelque part en Chine. La brouette repose sur une technologie simple et efficace : une roue, un châssis (servant de levier), des pieds et une cuve pouvant contenir une charge. Le mot brouette serait un dérivé du latin « birota » qui signifie véhicule à deux roues. Bien qu’il existe encore aujourd’hui des brouettes à deux roues, la majorité d’entre elles n’en ont qu’une seule située au centre et à l’avant du châssis. Si l’histoire de la brouette vous intéresse, il y a un très bon article sur Wikipedia:https://fr.wikipedia.org/wiki/Brouette.

Mais pourquoi cet intérêt soudain pour… la brouette ! En fait, c’est encore une histoire de famille. Ma tante Aline qui a maintenant 101 ans m’a donné une vieille brouette en bois que son père (mon grand-père maternel) lui avait construite lorsqu’elle était enfant. La brouette était bien sûr adaptée à la taille d’un enfant avec une roue de 10’’ de diamètre et une hauteur de 16’’ au niveau des pieds. La pauvre brouette centenaire (ou presque !) était  dans un bien piteux état, puisque dans ses dernières années elle servait de boîte à fleurs, accélérant la putréfaction de ses pièces. En la récupérant, un des pieds a d’ailleurs cassé, miné par la pourriture. Ma tante Aline aurait souhaité que je la lègue à ma petite-fille, mais son état avancé de dégradation interdisait toutes formes de restauration.  

Châssis de la version originale (circa 1930)

Les pieds se prolongent au-dessus

du châssis  pour supporter les
côtés de la cuve.
La cuve a servi de boîte à fleurs dans les dernières années.


Une roue un peu mince pour les terrains accidentés !
Remarquez la tige de métal au-dessus de la roue, elle 
s'attache sur les côtés pour contreventer la cuve.


Pour que ce patrimoine artisanal ne tombe pas complètement dans l’oubli, j’ai donc décidé de fabriquer une nouvelle version de la brouette, en respectant la structure de celle de mon grand-père. La nouvelle version a donc la même longueur (48’’) la même largeur au niveau des poignés (19’’) et la même largeur au niveau de l’essieu de la roue (11’’). Comme dans la version originale, les pieds de la nouvelle version se prolongent au-dessus du châssis pour supporter les côtés de la cuve, cette dernière est ouverte à l’arrière et fermée à l’avant par un panneau incliné à 15 o. 

La version originale était probablement entièrement en pin, un bois facile à travailler, mais avec une faible capacité structurelle et une faible résistance à la pourriture. Si cette brouette a traversé le temps, c’est sans doute en raison du fait qu’elle fut conservée dans un bâtiment une bonne partie de son existence et qu’elle a été repeinte périodiquement. Tirant des leçons de la première version, j’ai donc décidé d’utiliser le chêne rouge pour le châssis et le cèdre de l’ouest pour la cuve. Si le cèdre peut bien vieillir à l’extérieur, il en va autrement du chêne rouge qui malgré ses grandes qualités structurelles finira par se dégrader à l’extérieur sans une protection adéquate. J’ai donc choisi d’appliquer un vernis marin sur l’ensemble du châssis. Pour la cuve, j’ai choisi d’appliquer une teinture à base d’huile sur le cèdre, surtout pour qu’il conserve une belle couleur et pour le rendre hydrofuge.

L’assemblage des 2 traverses aux 2 longerons du châssis a été réalisé par tenons/mortaises collés à la colle uréthane, résistante à l’humidité. La même colle a servi à laminer les planches de cèdre qui composent le fond, les côtés et l’avant de la cuve. Les pieds de la brouette ont été réunis au châssis par un boulon, une rondelle et un écrou autobloquant de 1/4’’ en acier inoxydable. Toutes les pièces de la cuve ont été vissées au cadre et entre elles par des vis à bois en acier inoxydable (la version d'origine était simplement clouée et les clous ont rouillé contribuant également à la dégradation du bois).




La roue demeure bien sûr l’élément essentiel de la brouette. La version d’origine comportait une petite roue à rayons de 11’’ de diamètre avec un pneu plein de 3/4’’ de largeur. L’étroitesse de la roue limitait cette brouette à rouler sur des surfaces dures ou à transporter de faible charge. Pour cette raison et même si la nouvelle version est destinée à mes petits enfants, j’ai décidé de la rendre un peu plus tout-terrain puisque le terrain de jeu de mes petits-enfants est à la campagne dans un espace de plusieurs acres parsemés de petits sentiers, de ruisseaux, de boisés et de dénivelés variables. J’ai donc acquis un pneu de diable de 10’’ de diamètre et de 3 1/2’’ de largeur. Le pneu comporte une jante en acier montée sur un essieu de 5/8’’ de diamètre. J’ai taillé l’essieu (11’’ de long) dans une tige d’acier et j’ai percé des trous de 3/16’’ de diamètre de part et d’autre de l’axe central de la jante afin d’y insérer deux goupilles pour que la roue demeure bien au centre du châssis de la brouette (essentiel pour son équilibre!). L’essieu est attaché au châssis de la brouette avec des boulons en U de 5/8’’, du solide !!!



J'ai éliminé la tige de contreventement de
la version originale en utilisant un 
panneau de façade  plus épais que les
côtés (vissés après la façade) 



Les 2 longerons et les 2 traverses du châssis

 ont été assemblés avec des tenons et mortaises
(avec un angle de 5o)

Une petite brouette qui a un petit côté décoratif, mais elle ne doit pas servir de boîte à fleurs !


En apparence très simple, ce projet soulève cependant quelques défis au niveau des angles, car rien n’est vraiment à angle droit dans une brouette ! Le châssis d’abord, qui est de forme triangulaire, les pieds qui se prolongent au niveau de la cuve et qui donne un angle de 5 o aux côtés et finalement toutes les pièces de la cuve qui s’incline également de 5 o. Il faut donc être vigilant au moment du découpage des pièces ! Comme une brouette est également un outil de levage, sachez qu’il y a de belles équations mathématiques pour optimiser la longueur et l’angle des bras du châssis, le diamètre de la roue, l’emplacement de la cuve et de sa charge sur le châssis, etc. Mais comme il s’agit plutôt d’une brouette pour s’amuser, je dois admettre que j’ai suivi l’instinct de menuisier de mon grand-père pour la réaliser ! 

mercredi 12 juin 2019

Planche à découper pour roulotte




Ce nouveau projet visait à répondre à un besoin spécifique lié à l’utilisation de notre nouvelle roulotte, mais il peut facilement s’adapter à d’autres roulottes qui ont le même type de cuisinière encastré au propane avec (ou non) couvercle. Cette surface à découper en bois lamellé permet d’agrandir l’espace de travail du comptoir lorsque la cuisinière n’est pas utilisée, pendant la préparation des repas et après, pour laver la vaisselle ! Si vous êtes un habitué de ce blogue, vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’avec mes nombreux projets j’accumule après chacun des chutes de bois de différentes essences. Comme les quantités et les longueurs varient, il est parfois difficile de reclasser ces chutes dans un autre projet. La fabrication de petits objets en bois constitue donc la meilleure manière de faire baisser cet inventaire. Compte tenu du prix de ces essences, vous conviendrez que ce serait un véritable sacrilège d’utiliser les chutes comme bois d’allumage pour le foyer !




En fouillant dans mon inventaire, j’ai retrouvé suffisamment de noyer noir, de cerisier tardif et d’érable ondulé pour me fabriquer une planche à découper en lamellé de 15 3/4’’ de profondeur par 20’’ de largeur. Cette dimension me permet de recouvrir entièrement la cuisinière à 2 ronds au propane de marque Domotic. Pour alléger la planche, j’ai décidé d’en limiter l’épaisseur à 5/8’’, car le poids dans une roulotte demeure une préoccupation constante afin d’en respecter les capacités de charge. La planche est bien sûr un peu plus large et un peu plus profonde que la cuisinière, car elle doit prendre appui sur la surface du comptoir adjacent. Comme la cuisinière est légèrement plus haute que la surface du comptoir, j’ai décidé d’installer sous le contour de la planche à découper des butés en silicone. Ces butés sont vissés aux quatre coins de la planche. Normalement ces butés servent pour amortir la fermeture de portes sur un mur (disponible dans les bonnes quincailleries [voir photo]. En plus de soulever la planche de 1/2’’ par rapport au comptoir ils servent également à la stabiliser puisqu’ils sont antidérapants, très pratiques également pendant les déplacements de la roulotte.





Le lamellé de bois n’est pas très complexe à réaliser par un ébéniste amateur, mais une certaine précision est de rigueur pour s’assurer d’un jointage de qualité. Après avoir passé le chant de chaque planche sur la dégauchisseuse, j’ai découpé les pièces de 3/4’’ du lamellé au banc de scie. Avec une lame bien affûtée, il est possible d’obtenir des pièces qui seront directement utilisables pour le collage. À ce stade, les pièces sont aussi épaisses que larges, car la planche complète devra être passée à la raboteuse d’épaisseur pour assurer un nivelé parfait. Comme ma raboteuse a une capacité en largeur de 12 1/2’’ [et la planche : 15 3/4’’] j’ai donc choisi de procéder en collant deux moitiés de planche, de les raboter séparément puis de les coller ensemble. Il est plus simple d’aligner au collage 2 moitiés de 8’’ que 20 pièces de 3/4’’ !!! Pour le collage, j’utilise des serre-joints tuyaux et des compresseurs de surface artisanaux [voir illustration ci-haut].



La finition se compare à celle de toutes planches à découper, un chanfrein de contour taillé à la toupie, un sablage [grade 120 puis 220] et une bonne saturation de la surface avec une huile minérale de grade alimentaire [personnellement j’utilise l’huile Skydd de Ikea, au début il faut donner 2 couches à 24 heures d’intervalle puis au besoin en fonction de l’usage].









dimanche 10 février 2019

Tablettes triangulaire







Ce projet n’est pas vraiment une création, l’inspiration de départ venant d’une tablette du même type que ma fille avait achetée dans un commerce de décoration intérieure. Par la suite, j’ai trouvé de nombreux exemples sur le site de Pinterest. Le projet tombait bien, car j’avais une petite balance de planches de noyer noir (d’un autre projet) qui était insuffisante pour construire un petit meuble, mais suffisante pour fabriquer de petites tablettes flottantes. A priori ce projet paraît très simple : former un triangle équilatéral avec trois planches ! La difficulté vient plutôt de l’assemblage afin de ne rien laisser paraître (l’enfer est toujours dans les détails de finition !), surtout pas des têtes-de-clou ou de vis ! La méthode la plus élémentaire consiste simplement à coller les 3 angles de 60 o en utilisant des sangles pendant que la colle durcit, mais elle est risquée, car les angles extérieurs de 120 o rendent difficile le positionnement précis des 3 joints qui auront tendance à glisser. Une autre méthode simple consiste à coller les angles et de les clouer avec une cloueuse de finition qui va noyer les têtes-de-clou, en ne laissant qu’une faible cicatrice à la surface du bois (que l’on pourra toujours faire disparaître avec une cire de remplissage de la couleur du bois). Mais là aussi, il y a des risques, car l’angle extérieur rend le positionnement de la cloueuse délicat pour que les clous ne fendent pas les planches ou ne les traversent de part en part. Bref, vous comprendrez que j’ai plutôt opté pour une méthode d’assemblage qui me permettait à la fois d’assurer une stabilité des 3 joints, sans compromettre la qualité de la finition. 




J’ai fabriqué deux tablettes, l’une simple et l’autre double (deux triangles tête-bêche et décalés l’un par rapport à l’autre, voir le plan). La tablette simple a été assemblée avec des biscuits No 10 (et de la colle bien sûr!) et des vis dissimulées sous les ailettes d’accrochage (voir plan). La tablette double a été assemblée uniquement avec des goujons rainurés de 1/4’’ de diamètre. Comme les tablettes étaient destinées à recevoir des « débarbouillettes » (pour mes cousins Français parlons plutôt de gants de toilette… elles nous manquent d’ailleurs lorsque nous visitons l’Europe !!!) les planches de noyer ont été ramenées à 5 1/2’’ de largeur ce qui permet de recevoir des débarbouillettes roulées (voir photos). Comme il est impossible de couper un angle de plus 50 o sur une scie à onglet, j’ai donc décidé de couper l’extrémité de chaque planche à 30 o ce qui m’a permis d’obtenir trois angles intérieurs de 60 o et donc un triangle équilatéral. Cette façon de faire permet aussi de faciliter l’utilisation des biscuits et des goujons puisque leur angle d’entrée est toujours de 90 o d’un côté et de 30 o de l’autre (voir illustration). 

Tablette qui ajoute un élément décoratif à une salle de bain.


La finition des deux tablettes fut assez simple : après un bon ponçage au papier 220, j’ai donné une couche d’huile de lin bouilli pour faire ressortir le caractère du noyer noir et deux couches de cire d’abeille complétées par un polissage à la main.