jeudi 29 janvier 2015


(4e partie)

KAYAK DE MER 
Hiloire et sablage.... beaucoup de sablage... et encore un peu plus!  


En fait, je crois que le sablage dun kayak en bois latté est sans doute l’étape qui mobilise le plus de temps, car il faut sabler autant les surfaces de bois que la couche de résine époxy que lon va appliquer sur la fibre de verre. Nous y reviendrons un peu plus tard, car pour le moment nous allons aborder la réalisation du trou dhomme (cockpit en anglais... honnêtement jaime mieux ce terme que « trou dhomme », mais jai fait la promesse de respecter la terminologie française du kayak!) et de lhiloire qui vient le ceinturer. Au moment de latter le pont, on doit couvrir en partie lespace qui sera occupé par le trou dhomme, car il est plus facile (et plus précis) de découper les contours du trou que de latter en délimitant son espace. Pour assurer un découpage précis, on imprime dabord un patron du trou dhomme que lon colle (avec de la colle en aérosol ou du ruban-cache au pourtour du patron) sur la surface du pont. Jai dessiné le patron du trou dhomme, comme celui des profils de la coque, avec laide dun logiciel graphique (Corel Draw) et de limpression en mosaïque. Le patron délimitait un espace plus large que celui du trou dhomme proprement dit, car je souhaitais réaliser un contour en noyer.


Découpage du trou d'homme, le contour avait d'abord été marqué à l'aide d'un patron en papier.


Découpage du trou d'homme complété.  Le découpage est un peu plus large que requis afin d'insérer  des lattes de  noyer noir autour du trou d'homme.


Pour latter le contour du trou dhomme, on doit changer de technique par rapport au reste du pont, car le contour ne sappuie pas sur le moule. Fini les agrafes et les serre-joints, chaque petit bout de latte sera collé avec un pistolet à colle chaude (« glue gun » en anglais) dabord sur lextrémité et sur le chant. Comme la colle du pistolet durcie assez rapidement, les mains sont donc suffisantes pour tenir les lattes en place pendant le temps de prise. Il ne faut pas sinquiéter de lexcédent de colle qui sortira des joints, car une fois le lattage complété il sera facile de couper les bourrelets de colle avec un ciseau à bois bien aiguisé et de faire disparaître toutes les traces de colle au sablage. Comme pour le reste du kayak, il ne faut pas oublier que le contour du trou dhomme sera également recouvert de fibre de verre et d’époxy ce qui assurera sa véritable solidité.


Insertion de lattes de noyer noir au contour du trou d'homme. Pour le moment, les lattes sont d'une longueur approximative, car lorsqu'elles seront toutes collées, un patron de papier permettra de tailler la forme finale du trou d'homme. Les lattes sont collées à l'aide d'un pistolet à colle chaude.

Une fois le trou d'homme délimité, on colle tout autour de petites lattes verticales de 2" (5 cm) qui serviront à bâtir l'hiloire. Ces lattes verticales sont également collées au pistolet à colle chaude. Il ne faut pas s'inquiéter des bourrelets de colle, ils seront facile à éliminer avec un ciseau à bois bien aiguisé et par le sablage.


Le collage des lattes de l'hiloire se termine souvent par une latte taillée sur mesure ! 

Assez étrangement cette partie de la fabrication du kayak, sapparente au bricolage que lon fait enfant avec des bâtons de « popsicle » (bâton en bois pour sucette glacée... pour mes lecteurs européens!). Cest un travail de patience, on évolue de lavant vers larrière du trou dhomme. Jai dabord réalisé le contour en lattes de noyer, ces dernières sont collées de manière perpendiculaire aux lattes du pont (voir photo). Après cette étape, jai collé au pourtour du trou dhomme et à la verticale de petites lattes en noyer noir qui serviront à délimiter lhiloire et sur lesquelles sera collée une bande de contour en frêne. Cette bande en saillie sert surtout à retenir la bande élastique de la jupette, assurant ainsi l’étanchéité de lhiloire.

La bande de contour en frêne est en fait un laminage de plusieurs bandelettes (moins de 1/8e de pouce ou 3 mm d’épaisseur). Le frêne est le bois idéal pour cette composante puisquil se plie sans rompre ou former des éclisses. Jai utilisé 5 bandelettes (pour une épaisseur totale de 5/8e de pouce ou 16 mm) pour former la bande de contour. Elles ont été collées à l’époxy et retenues en place avec de nombreux serre-joints, en fait un à chaque deux pouces. Jai dû utiliser tout mon inventaire de serre-joints afin de massurer que la bande adhère parfaitement au contour de lhiloire (voir illustration). Cest une opération délicate, heureusement que le temps de prise de l’époxy que jai utilisé était suffisamment long pour me permettre de progresser à mon rythme de larrière jusqu’à lavant de lhiloire. Les bandelettes se rejoignent en face de lhiloire et sont coupées à angle égal de part et dautre pour assurer un joint sans espace. Comme pour le reste de la coque cette bande sera par la suite recouverte de fibre de verre et d’époxy.


Pour compléter l'hiloire une bande de bois de 1/2" x 1/2"  (13mm x 13mm) est collée directement sur les lattes verticales. Cette bande servira à retenir la jupette en place. En réalité elle est composée de 4 bandes laminées en frêne de  1/8" (3mm) d'épaisseur, les bandes sont collées à la résine d'époxy et on doit utiliser de nombreux serre-joints durant la prise de la résine... j'ai utilisé l'ensemble des serre-joints de mon atelier !!!

Une fois bien collée, la bande de frêne sera arrondie à la vastringue et à la lime et recouverte de résine d'époxy.

Une fois lhiloire complétée, jai entrepris la très longue étape du sablage de la coque qui précède celle de la fibre de verre et de l’époxy. Sans exagérer, je dirais que le sablage dun kayak doit facilement représenter un peu plus de 50 % du temps de fabrication dun kayak de bois si jinclus le sablage des couches d’époxy et entre les couches de vernis. Si vous naimez pas sabler, oubliez ce projet, dautant plus quune grande partie de ce travail doit être réalisé à la main avec différents accessoires pour respecter les courbes de la coque et du pont, côté intérieur et extérieur. Le sablage dun kayak sapparente beaucoup au travail que réalise un débosseleur sur une carrosserie dautomobile. Il faut éviter de sabler de manière trop « pointu », il faut sabler de « longue main » pour ne pas créer des creux et des bosses non désirés sur la surface, car une fois vernis tous ces creux et ses bosses brilleront au soleil vous rappelant constamment vos erreurs de sablage! Laccessoire le plus utile pour sabler lextérieur de la coque demeure une simple planche denviron ¼ de pouce d’épaisseur (6 mm) par 14 pouces de longueur (35 cm) et 2 pouces de largeur (5 cm) à laquelle on fixe deux poignés à chaque extrémité, le papier abrasif est simplement collé sur la planche avec de la colle en aérosol (voir illustration). Pour sabler lintérieur de la coque, un papier abrasif enveloppant un contenant cylindrique en plastique (exemple : une bouteille deau de 4 litres) fera merveille pour lisser les courbes concaves.  


Une planche à sabler:  très utile pour sabler l'extérieur du pont et de la coque du kayak.



Le sablage dun kayak est un art, un mauvais sablage peut facilement ruiner le travail précédent. On ne peut apprécier la qualité dun sablage uniquement avec ses yeux, cest dabord en passant ses mains sur la surface que lon peut sassurer de la régularité des courbes où à linverse de déceler les bosses et les creux. Le sablage du bois brut ou des couches de résine nest pas très bon pour les voies respiratoires et certaines essences de bois (comme le cèdre de louest) ont même développé au fil des millénaires des huiles essentielles qui les protègent des agressions des champignons et des insectes et qui peuvent provoquer chez lhumain une gamme étendue de réactions, de la simple allergie jusquau cancer du poumon. Il est donc important de bien ventiler lespace de travail durant le sablage, de porter un masque filtrant ou de disposer dun système de dépoussiérage efficace.