mardi 6 octobre 2015

La Maison de la littérature...de L'Institut Canadien de Québec

Il m’arrive peu souvent d’être nostalgique en pensant à mon ancienne vie de directeur général de L’Institut Canadien de Québec et sur mon implication dans le milieu des bibliothèques publiques. Je crois bien que c’est la toute première fois d’ailleurs que je fais référence si directement dans ce blogue à mes 34 ans d’expérience comme bibliothécaire, dont 22 ans, à titre de D.G. de cet OBNL de la culture. L’annonce de l’ouverture officielle de la Maison de la littérature (www.maisondelalitterature.qc.ca) cette semaine, vient brasser chez moi une telle gamme d’émotions que je sentais le besoin d’écrire au moins quelques lignes sur le sujet. 

La "Salle de L'Institut"  en 2011( jadis l'église Wesley construite en 1848 ) avant le
début des travaux d'aménagement de la Maison de la littérature.  

D’abord imaginé au sein de l’équipe de direction de L’Institut, avant fermeture de la Salle de L’Institut en 1999, ce projet avait rapidement obtenu l’adhésion du conseil d’administration de L’Institut et du milieu littéraire de la Capitale, mais il aura fallu un peu plus d’une décennie pour convaincre les pouvoirs publics d’investir dans la reconversion du Temple Wesley en Maison de la littérature. Il faut bien l’avouer, le projet était loin de soulever un enthousiasme populaire, car il n’y avait aucun véritable exemple connu pour bien faire comprendre sa portée réelle, de plus la fusion municipale de 2002 devait reléguer la Maison de la littérature au dernier rang des priorités de la nouvelle Ville de Québec.   Malgré tout, il apparaissait évident que l’on devait maintenir une vocation culturelle pour ce lieu qui pendant un peu plus de 50 ans avait été au cœur de la vie culturelle de la ville de Québec. Par ailleurs, en raison de la nature même de l’immeuble (un temple méthodiste à l’origine) et de son emplacement au cœur du Vieux-Québec (voisin du Morrin Center), il aurait été impensable d’envisager pour ce bâtiment une vocation commerciale ou résidentielle sans en altérer profondément le caractère patrimonial. La présence de la bibliothèque du Vieux-Québec au rez-de-chaussée a également été au centre de la réflexion, car le maintien d’une bibliothèque publique dans le Vieux-Québec apparaissait alors comme incontournable. En effet, le Vieux-Québec qui fut à une certaine époque le Quartier latin de la Capitale et le haut lieu du commerce du livre avec ses quatre librairies (une seule subsiste aujourd’hui) a perdu de nombreux services et commerces pendant que la clientèle touristique progressait. La bibliothèque de quartier devait donc demeurer le noyau du projet de la Maison de la littérature, un peu à l’image de la Maison du livre de Bruxelles (lamaisondulivre.be) que j’avais eu la chance de découvrir en 1998 et qui fut l’un de nos premiers modèles. De fait, ce projet a eu plusieurs sources d’inspiration, mais la Maison qui ouvre ses portes cette semaine est unique à la fois par la somme des services qu’elle regroupe et par la synergie qu’elle développera entre les auteurs et leurs lecteurs.



Avant ma retraite en 2012, j’ai eu la chance de voir enfin la mise en chantier de ce bâtiment réinventé et aménagé avec respect et créativité par la firme Chevalier Morales architectes. Je tiens à souligner ici le travail de quatre personnes qui sans être sous les projecteurs aujourd’hui ont joué un rôle déterminant dans l’avènement de la Maison : Mme Marie Goyette, ma collègue à la direction qui la première a esquissé les services de la Maison et a élaboré son premier plan d'affaires; Mme Marie Leclerc, la présidente de L’Institut en 1999, qui a soutenu le projet dès le départ et qui a affronté avec courage une « arrière-garde » qui s’opposait publiquement à la fermeture de la salle de spectacles qui pourtant ne rencontrait plus les normes exigées pour ce type d’équipements depuis des années alors que la région était déjà en suroffre dans le créneau occupé par la salle (confirmé dès 1985 par le rapport L’Allier sur les salles de spectacles); Mme Gisèle Dussault et M. Alain Beaulieu qui au sein du conseil d'administration et des comités de la Maison n'ont jamais baissé la garde pour défendre et promouvoir le projet.  Bien sûr, j’oublie plein de gens volontairement ou non (entre autres les membres du comité de réflexion de la Maison) et d’événements (notamment la création de la résidence d’écrivain en 2005 et l’étude de faisabilité de M. Bernard Gilbert qui assume actuellement la direction de l’établissement) qui furent également déterminants pour la mise au monde de cette Maison de la littérature... mais à la retraite nos souvenirs percolent à travers le temps qui passe, ceux qui émergent sont heureusement les plus agréables! La véritable histoire de la Maison restera donc à écrire... par un autre que moi.

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