mardi 12 juillet 2016

Banc/coffre pour patio



Lorsque j’ai démoli mon ancien patio, je m’étais bien juré d’intégrer un grand banc de bois dans notre nouveau patio.  Le banc de bois est un classique des jardins anglais. Généralement construit en teck ou dans d’autres essences exotiques imputrescibles (comme l’ipé) le banc est généralement placé sous un arbre ou près d’un plan d’eau pour permettre aux visiteurs de se reposer ou simplement pour mieux contempler le paysage.  


C’est donc en m’inspirant de ce classique des jardins que j’ai conçu mon propre banc, mais en y associant une autre fonction bien pratique pour un patio, c’est-à-dire un coffre pour ranger les coussins de chaises et certains accessoires de piscine.  Comme l’ensemble du patio a été réalisé en cèdre rouge, j’ai donc décidé de concevoir mon banc/coffre dans le même matériau. Je dois avouer cependant que ce choix est également économique, car le prix d’un bois exotique, comme le teck,  aurait facilement fait quadrupler le prix du projet. Le cèdre rouge est plus abordable et  demeure relativement imputrescible, il faut cependant le teindre, car il se décolore rapidement au soleil et sous la pluie. Une teinture à base d’huile sera plus durable et permettra également d’imperméabiliser le bois, mais de manière périodique il sera nécessaire de donner des couches d’entretien.




Le plan du banc, comme celui de l’ensemble du patio, a été dessiné avec le logiciel de modélisation 3D Sketchup 8.0.  La portion « coffre » du projet a été conçue comme un meuble traditionnel, un assemblage tenon-mortaise où les pièces de coin se prolongent pour former les pattes, ces pièces servent également à réunir traverses et longerons. Un lambris de planches embouvetées à mi-bois s’encastre dans des rainures taillées dans les traverses et longerons.  Le collage des pièces a été réalisé avec une colle à l’uréthane résistante à l’eau. Le couvercle du coffre, qui est également  le siège du banc, a été réalisé en laminant des planches de 5/4'' x  5’’ renforcées en dessous par 5 traverses vissées.  Quatre charnières  assurent  l’ouverture du couvercle.  Pour garantir l’étanchéité du couvercle, j’ai appliqué trois méthodes :
  1. Collage au pourtour de l’ouverture d’une bande de calfeutrage en mousse
  2. Débordement du couvercle sur trois faces (impossible à réaliser du côté des charnières sans réduire l’angle d’ouverture)
  3. Taille d’une rainure « goutte-d’eau » sous le débordement du couvercle. Cette petite rainure de 1/8 ‘’ de largeur est suffisante pour empêcher l’eau de ruisseler jusqu’à l’intérieur du coffre.



Ces trois méthodes ont démontré leur efficacité, car malgré des pluies fortes, parfois poussées par le vent, l’intérieur est demeuré totalement sec.


Comme le banc était encadré par deux poteaux de soutien de la pergola qui recouvre le patio, j’ai utilisé ceux-ci pour fixer le dossier du banc  (incliné à 9o) qui est donc structurellement indépendant du coffre.  Pour ajouter au confort du banc, j’ai demandé à un rembourreur de fabriquer deux coussins de 2’’ d’épaisseur dans un matériel résistant à l’eau. 

mercredi 23 mars 2016

Toupie et hélice de bois



Comme mes petits-enfants habitent dans les lointaines Rocheuses, j’ai peu d’occasions de les rencontrer. Chaque rencontre devient donc une fête et un moment pour leur réserver quelques surprises. Comme grand-père bricoleur, j’aime toujours leur fabriquer un petit quelque chose. Cette année j’ai décidé de revisiter un vieux classique du jouet pour enfant : la toupie. Quand j’avais l’âge de mon petit-fils (6 ans) j’avais une toupie en métal que l’on pouvait faire tourner avec une tige centrale torsadée terminée par une petite poignée rouge. En poussant et tirant sur cette tige la toupie tournait en prenant de la vitesse à chaque aller-retour de la tige. Cette toupie était un jouet industriel très répandu et bien connu par les gens de ma génération. On sait toutefois que la toupie jouet existait en Chine il y a plus de 4000 ans, des toupies en poterie ont été retrouvées dans des sites archéologiques. Dans des tableaux anciens en Europe on retrouve parfois des enfants qui font tourner des toupies de bois.





La toupie est un jouet simple, avec un tour de potier ou un tour à bois, il est relativement simple d’obtenir une forme équilibrée qui pourra tourner autour de son axe et sur une pointe fine qui réduira la friction avec la surface de contact. La forme de la toupie aura bien sûr un effet sur sa durée de rotation, ainsi plus la masse principale sera basse (près de la surface de contact) et éloignée de l’axe central de la toupie, plus cette dernière tournera longtemps. Les toupies les plus simples sont lancées en tournant rapidement la tige entre le pouce et l’index, mais pour atteindre des vitesses de rotation supérieure et augmenter ainsi la durée de rotation, certaines toupies sont lancées à partir d’un lanceur qui est constitué d’un manche et d’un embout qui reçoit la tige de la toupie, un petit trou dans l’axe permet d’y enfiler une corde qui s’enroulera autour de l’axe. En tenant fermement la poignée du lanceur et en tirant rapidement sur la corde, la toupie se dégagera du lanceur, animée d’une grande vitesse de rotation. C’est ce modèle de toupie que j’ai donc décidé de réaliser.



Comme il est difficile de refaire la roue, je n’ai donc pas cherché à réinventer la toupie! Mes recherches m’ont toutefois amené à combiner 2 fonctions pour le lanceur, en plus de faire tourner la toupie il sert également à propulser dans les airs une petite hélice fixée au bout d’une tige. La tête du lanceur est donc percée sur deux axes pour lui permettre de lancer la toupie sur un plan horizontal et l’hélice à la verticale, vers le ciel. Comme pour la toupie, le lanceur est réalisé en grande partie sur le tour à bois. J’ai débuté par une pièce carrée de 1 ¼ »’x 1 ¼ »’x 6’’ (32mmx32mmx152mm) et j’ai délimité au crayon la poignée de la tête du lanceur. Comme il est plus facile de percer une surface plane qu’une surface courbe, j’ai donc percé l’orifice d’accès à la tige de la toupie et à l’hélice avec la perceuse à colonne avant de tourner la pièce. J’ai également percé les 2 trous de l’axe horizontal, mais pas celui de l’axe vertical, car ce dernier correspondait à la position exacte de la pointe de la poupée mobile du tour à bois, ce trou a donc été percé une fois que la pièce complète a été tournée. Pour percer le trou de l’axe vertical avec précision j’ai laissé à la base de poignée (du côté de la poupée fixe) une pièce de ¼''(6mm) d’épaisseur et d’un diamètre 1 1/8'' (29mm) cette plateforme a permis de stabilisé le lanceur sur le plateau de la perceuse à colonne. Une fois le trou percé, j’ai détaché, à l’aide d’une scie japonaise, la pièce qui a servi de base et avec une lime et du papier abrasif j’ai fait disparaître sur la poignée le point de contact.






J’ai choisi de tourner la toupie dans un laminage de bois (une pièce de 1 ¾ »’x 1 ¾ »’ x 2 1/2 » / 44mmx44mmx64mm), du chêne et du satiné rubané pour y ajouter une touche de couleur. La densité de ces 2 bois garantit un bon poids à la toupie et donc l’inertie nécessaire pour prolonger la stabilité et la durée de la rotation. J’ai tourné la toupie “en l’air” c’est-à-dire sans l’assistance de la poupée mobile du tour. La pièce d’ébauche a été retenue à la poupée fixe à l’aide d’un mandrin à quatre mors. Avec une gouge j’ai façonné la toupie d’une forme assez classique, c’est-à-dire en forme de betterave ou d’oignon un peu à l’image des pignons de la cathédrale Saint-Basile de la Place Rouge. On retrouve cette forme de toupie dans certaines œuvres du peintre brabançon Pieter Brughel l’ancien, notamment dans celle intitulé “jeux d’enfants” datant de 1560. Sans ce tableau, des enfants lancent des toupies à fouet (ce genre de toupies est lancé en enroulant une corde autour de la toupie, la corde est elle-même fixée au bout d’une tige de bois) sous le portique de bâtiment. Une fois la forme obtenue j’ai percé un trou sur le dessus de la toupie pour y insérer la tige (un goujon de ¼''(6mm) de diamètre en érable) et j’ai percé un trou de 1/8’’(3mm) sur la pointe pour y insérer une petite tige de nylon (en fait, c’est une simple vis de nylon à laquelle j’ai coupé la tête) pour réduire la friction de la toupie avec le sol.


Fragment de l'oeuvre "jeux d'enfants" de Pieter Brueghel l'ancien réalisée en 1560, où l'on peut voir un groupe d'enfants qui font tourner des "toupies à fouet". La toupie est un jouet qui a bien traversé les siècles ! 

La toupie a été tournée "en l'air" c'est-à-dire sans utiliser la poupée mobile du tour.


Si le tournage de la toupie est relativement simple à réaliser, la fabrication de l’hélice demande un peu plus d’attention, car si elle n’est pas parfaitement équilibrée elle volera de manière erratique, sans prendre de l’altitude. L’équilibre de l’hélice doit bien sûr être parfait entre les deux pales, mais également entre l’hélice et la tige. En effet, le poids de la tige permet de stabiliser les mouvements oscillatoires de l’hélice, avec une tige trop légère et trop courte l’hélice oscillera fortement au lieu de tourner de manière régulière autour de son axe, ce qui l’empêchera également de prendre de l’altitude. J’ai taillé l’hélice avec un jeu de limes (voir plan plus bas) dans une pièce de cèdre de 3/8’’(9,5mm) d’épaisseur, de 7/8’’(22mm) de largeur et de 7’’(178mm) de longueur, alors que pour la tige j’ai utilisé un goujon en bouleau jaune de ¼''(6mm) de diamètre et de 6’’(152mm) de longueur. J’ai dû faire quelques essais avant de trouver les proportions idéales entre l’hélice et sa tige. Bien sûr, si vous réalisez l’hélice avec un bois plus léger que le cèdre (ex. du balsa) ou plus lourd que le bouleau jaune vous devrez nécessairement ajuster les proportions du plan. On peut facilement tester l’hélice en faisant rouler la tige entre ses deux mains (les mains glissant rapidement l’une sur l’autre en sens opposé) et en relâchant le tout rapidement.





lundi 15 février 2016

Support à fartage en bois


Lorsque mon fils était inscrit en ski-étude, à la fin des années 90, j’avais conçu un premier modèle de support à fartage pour ses skis de fond. Construit en pin ce modèle avait plusieurs petits défauts, mais jusqu’à tout récemment c’est encore avec ce support qu’il fartait ses skis. Comme plusieurs pièces du support commençaient à lâcher et à nuire à sa stabilité, mon fils m’a donc demandé d’en concevoir un nouveau en m’inspirant de différents modèles qu’il avait repérés sur la grande toile. La compagnie Swix propose un support qui est devenu une référence dans le milieu des skieurs de fond sérieux. Ce qui le rend intéressant ce sont les formes avant et arrière qui coulissent sur une tige d’aluminium pour s’adapter au profil et à la longueur de chaque ski de classique ou de pas patin. En m’inspirant de ce principe, j’ai donc développé mon propre modèle en bois.






Tout le support repose sur une solive d’érable de 33 mm de large, 55 mm d’épaisseur et de 1525 mm de longueur. La solive a été tirée d’une pièce d’érable (érable à sucre) brut de 6/4 que j’ai dégauchi et raboté avec précision. Une rainure centrale permet de positionner l’attache du ski et les formes avant et arrière. La rainure centrale a été machinée à la toupie avec une mèche spéciale afin d’y faire coulisser des boulons en T, ces derniers permettent de fixer fermement les formes en position qui en plus, sont dotées d’une languette de bois pour éviter qu’ils ne pivotent autour de l’axe du boulon. Chaque forme est recouverte d’une bande de caoutchouc (récupération de chambre à air de vélo) pour éviter que le ski glisse sur la forme lors de sa préparation.





Le support peut être fixé dans l’étau d’un petit établi portatif (voir photo ci-haut) ou fixé à n’importe quelle table avec l’aide de deux serre-joints en F ou en C (voir illustration (ci-haut), deux trous de 19 mm dans la solive permettent de passer la tête des serre-joints.