dimanche 30 mars 2014

La faune de mon arrière-cour


Le jaseur boréal, un oiseau très "design" qui raffole des fruits du sorbier des oiseaux.

Chaque hiver, depuis un peu plus de trente ans, nous installons dans notre arrière-cour deux mangeoires à oiseaux. Pendant toutes ces années nous avons reçu un nombre équivalent d’espèces d’oiseaux, certaines comme les mésanges à tête noire, reviennent fidèlement chaque année, alors que d’autres, comme les gros-becs errants,  ne furent que de passage pendant deux ou trois hivers.  Je l’avoue bien humblement, avant l’installation de notre première mangeoire, je croyais qu’il n’y avait que deux espèces d’oiseau qui fréquentaient les hauteurs de Courville* : le moineau domestique et le merle d’Amérique! Imaginez seulement ma surprise lorsqu’une bande de gros-becs errants est apparue dans la mangeoire quelques heures après son installation ! Persuadé que nous étions en présence d’une espèce d’oiseaux exotiques dont la boussole interne était dérégulée, j’ai donc emprunté à ma bibliothèque le guide des oiseaux de l’Amérique du nord de Roger Tory Peterson, le bon vieux « Peterson » pour les intimes de l’ornithologie. Un monde venait de s’ouvrir à nous !  Il y avait dans notre environnement immédiat une faune aviaire dont nous ne soupçonnions même pas l’existence. En moins de six mois, j’ai appris plus de noms d’oiseaux que dans toute mon existence précédente. Après avoir renouvelé quelques fois le prêt du guide Peterson à ma bibliothèque, je l’ai finalement acheté afin de l’avoir constamment sous la main, non seulement pour identifier les oiseaux de notre arrière-cour, mais également pour accompagner nos balades en forêt et au bord de la mer avec les enfants.



Le gros-bec errant...une allure d'oiseau exotique ! (plus haut avec la femelle) 



La mésange à tête noire, la plus fidèle de notre mangeoire.


Le sizerin flammé fréquente la mangeoire en bande !


Notre première mangeoire est sortie de mon atelier,  car pour le bricoleur que je suis il n’était pas question d’acheter un bidule en plastique dans un magasin. J’ai donc « bricolé » un truc assez approximatif, car je ne connaissais rien dans la « science » de nourrir  les oiseaux.  Cette première mangeoire était donc accessible à tous les oiseaux, mais également à plusieurs petits animaux terrestres dont une horde d’écureuils noirs qui en quelques heures pouvaient en vider le contenu. Une deuxième version nettement plus esthétique et moins accessible remplaça la première après  quelques années. Cette mangeoire en cèdre était hexagonale avec une belle toiture en pointe, j’avais utilisé le plan d’un livre que j’avais  également emprunté à ma  bibliothèque. Fixée au bout d’un tuyau à 2 mètres du sol, elle fut hors de portée de la faune terrestre pendant quelques années, le temps que les arbres que nous avions plantés dans notre arrière-cour finissent par surplomber la mangeoire fournissant du même coup de véritables tremplins aux écureuils pour atteindre la toiture de la mangeoire.  Fabriqué en cèdre blanc, un bois tendre et imputrescible, ma pauvre mangeoire qui avait si bien résisté aux assauts de Dame nature pendant plusieurs hivers, fut finalement grignoté par les incisives des écureuils chapardeurs en deux hivers à peine.  C’est donc la mort dans l’âme que j’ai finalement remplacé la mangeoire de bois, par une mangeoire du commerce en métal.  Cette mangeoire est dotée d’un ingénieux mécanisme de fermeture des orifices d’alimentation pouvant  être calibré afin d’exclure les indésirables en fonction de leur poids, les écureuils bien sûr, mais également les étourneaux sansonnet dont l’appétit vorace peut vider une mangeoire et faire fuir tous les autres oiseaux.



Ma deuxième mangeoire de bois (ci-haut avec une tourterelle triste)...elle a résisté quelques hivers avant d'être attaquée sauvagement  par une bande d'écureuils noirs aux incisives tranchantes. Je l'ai finalement remplacé par une mangeoire du commerce en métal et dotée d'un système "anti-chapardeurs".  


Au fil du temps nous avons aménagé notre arrière-cour pour attirer des oiseaux tout au long de l’année. Après l’hiver,  les arbres, les fleurs et le jardin aquatique contribuent à leur tour à attirer les oiseaux, du colibri qui butine les fleurs jusqu’au merle d’Amérique qui aime bien faire ses ablutions quotidiennes dans la petite cascade du jardin aquatique. Aujourd’hui, nous pourrions difficilement vivre sans la présence des oiseaux.  Sans  pratiquer sérieusement l’ornithologie comme passe-temps, nous avons éveillé notre curiosité à la diversité des espèces qui nous entourent et à leur fragilité relative face aux bouleversements que l’activité humaine fait subir à leur environnement. Notre arrière-cour n’est pas immense, mais elle reproduit à son échelle ce que la nature offre aux oiseaux : refuge, nourriture, ombre, eau.  Je sais que plusieurs ornithologues  et naturalistes ne sont pas d’accord avec cette approche, mais je sais également que le secteur où nous résidons était un petit boisé il y a à peine 40 ans et que la progression du développement  résidentiel a contribué à réduire les habitats fauniques. Je perçois donc notre initiative comme une manière de compenser en partie cette perte d’habitat. 



Le cardinal (mâle plus haut et femelle plus bas), fréquente en couple notre jardin depuis quelques années seulement.
  
Le geai bleu, un amateur de biscuit et d'arachides, pas très fidèle cependant, apparaît et disparaît aussi rapidement.

Ma "gélinotte huppée" aperçue dans le pin blanc de notre cour à l'automne 2013.


En ordre alphabétique voici les oiseaux que nous avons observés sur une période de trente ans :

  1. Bruant à couronne blanche (parmi les plus fidèles)
  2. Bruant à gorge blanche (parmi les plus fidèles)
  3. Bruant familier (parmi les plus fidèles)
  4. Canard Colvert (observé une fois dans notre piscine)
  5. Cardinal (un couple nous fréquente depuis 5 ou 6 ans)
  6. Chardonneret jaune (abonné au jardin aquatique)
  7. Colibri à gorge rubi (abonné au jardin de fleurs)
  8. Corneille d’Amérique (au sommet de la toiture au printemps)
  9. Étourneau sansonnet (fin août en bande)
  10. Geai bleu (moins présent depuis quelques années)
  11. Gélinotte huppée (observé une fois dans un pin)
  12. Grand pic (observé une fois dans un poteau électrique)
  13. Gros-bec errant (disparu avec le développement immobilier du secteur)
  14. Jaseur des cèdres (en bande l’automne dans le sorbier des oiseaux)
  15. Junco ardoisé (parmi les plus fidèles)
  16. Merle d’Amérique (abonné à notre jardin aquatique)
  17. Mésange à tête noire (la plus fidèle de toutes !)
  18. Moineau domestique (pas si présent finalement !)
  19. Paruline des pins (présence en bande au printemps)
  20. Pic chevelu (abonné aux biscuits de gras et de graines)
  21. Pic flamboyant (apparitions occasionnelles)
  22. Pigeon (apparitions occasionnelles)
  23. Quiscale bronzé (aime bien vidanger leur nid dans notre piscine)
  24. Roselin familier (parmi les plus fidèles)
  25. Roselin pourpré (parmi les plus fidèles)
  26. Sizerin flammé (présence en bande au printemps)
  27. Tourterelle triste (parmi les plus fidèles, nidifie dans une épinette)
  28. Vacher à tête brune

Le Junco ardoisé, préfère manger les graines de tournesol qui tombent au sol ou sur la neige.
Le pic chevelu aime bien les biscuits de gras et de graines.

Le roselin familier, un autre habitué du jardin et de la mangeoire.



Et les drôles d’oiseaux...


Le plus sympathique des chapardeurs de mangeoires : l'écureuil roux d'Amérique.
Mignon tout de même !





























Une liste de nos chapardeurs: 

  1. Écureuil noir (très fidèle tout au long de l’année)
  2. Écureuil roux d’Amérique (très fidèle tout au long de l’année)
  3. Mulot (sous la neige l’hiver)
  4. Marmotte (plusieurs qui ont fait des ravages au jardin)
  5. Moufette (présence occasionnelle)
  6. Porc-Épic (un seul vilain qui a bouffé l’écorce de notre pin blanc)
  7. Rat (un seul, mais un gros qui a fini dans une trappe !)
  8. Tamia rayé (présence du printemps à l’automne)
* Autrefois une ville autonome, Courville est maintenant un secteur de l’arrondissement    Beauport de la Ville de Québec.

  

dimanche 9 mars 2014

Diderot le romantique - Lettres à Sophie Volland

"Adieu, ma Sophie, adieu, chère femme! je brûle du désir de vous revoir, et je suis à peine éloigné de vous. (...) Ah! si j’étais à côté de vous, combien je vous aimerais encore! Je me meurs de passion. Adieu, adieu." 

Dans ce cours extrait, la passion amoureuse de Denis Diderot pour sa maîtresse ne laisse aucun doute Je viens de terminer sa biographie et la curiosité m’a amené à explorer le web à la recherche de sa correspondance avec « Sophie » Volland. Comme je le présumais, plusieurs sources offrent un accès à l’ensemble de ses lettres, libre de droits depuis fort longtemps! Une version HTML des lettres est même disponible sur Wikisource à l’adresse suivante :


 La relation épistolaire de Diderot avec sa maîtresse est très abondante, plus de 553 lettres dont 187 seulement ont été retrouvées. Malheureusement aucune des lettres écrites par Sophie Volland à Diderot ne sont parvenues jusqu’à nous, pas plus qu’une représentation d’elle par un peintre. Contrairement à ce que je croyais, après la lecture de la biographie de Jacques Attali, la relation épistolaire de Diderot avec sa maîtresse n’est pas qu’une longue tirade romantique. Faute d’avoir accès au cellulaire ou à la messagerie électronique, le grand homme utilisait un moyen de son époque pour maintenir un « contact discret » avec sa maîtresse et lui faire part de tous ses états d’âme, si bien que ses authentiques élans amoureux sont souvent entremêlés de ses propos philosophiques ou de ses récits d’événements. Bref, il faut fouiller un peu pour retrouver des passages, qui encore aujourd’hui, pourraient faire fondre bien des cœurs. Bien sûr, depuis Diderot la langue française a évolué et les mots de l’amour aussi. Ainsi, dire « adieu » plusieurs fois à sa maîtresse dans la même lettre correspondrait aujourd’hui à l’expression d’une rupture définitive plutôt qu’à un déferlement de passion! Le style épistolier du XVIIIe siècle avait ses propres conventions, il faut donc lire la correspondance de Diderot avec les lunettes de l’époque, si j’ose dire! 

Diderot par Louis-Michel van Loo, 1767 (Musée du Louvre)


Si Diderot avait envoyé des textos à sa maîtresse plutôt que des lettres (numérotées de surcroît!), nous n’aurions pas aujourd’hui le sublime plaisir de déguster cette prose empreinte de passion! On peut donc présumer qu’il se perd dans les méandres de notre monde câblé des petits bijoux de romantisme que quelques amants auront partagé brièvement, le temps d’un gazouillis. L’éternité tient parfois à peu de choses : un papier, un peu d’encre et la volonté de conserver ce qui semble n’appartenir qu’au quotidien.

Les échanges de « Denis » et de « Sophie » n’ont rien de sulfureux, à vrai dire, ils sont même plutôt pudiques (oubliez le marquis de Sade !). Il apparaît évident que Diderot idéalisait sa maîtresse si différente de « sa Toinette » (Anne-Toinette son épouse avec laquelle il aura 4 enfants, dont un seul, Angélique, se rendra à l’âge adulte). Leur amour n’aura rien d’un feu de paille! en effet leur correspondance s’étend sur vingt ans et laisse entrevoir une relation pleine de tendresse et de vertu! Voici deux extraits qui me semblent assez révélateurs de la nature de leur relation :

"Ordonnez-moi ce qu’il vous plaira; mais ne m’ordonnez pas d’avoir autant d’esprit que vous. Réchauffez mon esprit et mes sens, et j’oserai alors vous obéir."

"Avec vous, je sens, j’aime, j’écoute, je regarde, je caresse, j’ai une sorte d’existence que je préfère à toute autre. Si vous me serrez dans vos bras, je jouis d’un bonheur au-delà duquel je n’en conçois point. Il y a quatre ans que vous me parûtes belle; aujourd’hui je vous trouve plus belle encore; c’est la magie de la constance, la plus difficile et la plus rare de nos vertus".

Comme je ne suis pas un spécialiste de l’œuvre de Diderot, ni du Siècle des Lumières et de sa littérature, je laisse à d’autres le soin d’interpréter avec verve et science le contenu de la correspondance de Diderot avec « mademoiselle » Volland. Je me contenterai de me laisser séduire par de courts extraits qui malgré le temps qui a passé demeurent aussi actuels que l’amour qui peut unir deux êtres. Voici donc d’autres extraits « cueillis » dans le désordre dans ce jardin :


« Mon amie, si par quelque enchantement je vous retrouvais tout à coup à côté de moi, il y a des moments où j’en pourrais mourir de joie. Il est sûr que je ne connais ni bienséance, ni respect qui puisse m’arrêter. Je me précipiterais sur vous, je vous embrasserais de toute ma force, et je demeurerais le visage attaché sur le vôtre, jusqu’à ce que le battement fût revenu à mon cœur, et que j’eusse recouvré la force de m’éloigner pour vous regarder. Je vous regarderais longtemps avant que de pouvoir vous parler : je ne sais quand je retrouverais la voix, et quand je prendrais une de vos mains et que je la pourrais porter à ma bouche, à mes yeux, à mon cœur. J’éprouve, à vous entretenir de ce moment et à l’imaginer, un frissonnement dans toutes les parties de mon corps, et presque la défaillance. Ah! chère amie, combien je vous aime, et combien vous le verrez lorsque nous serons rendus l’un à l’autre! »

« Je suis chez mon ami, et j’écris à celle que j’aime. Ô vous, chère femme, avez-vous vu combien vous faisiez mon bonheur ! Savez-vous enfin par quels liens je vous suis attaché? Doutez-vous que mes sentiments ne durent aussi longtemps que ma vie? J’étais plein de la tendresse que vous m’aviez inspirée quand j’ai paru au milieu de nos convives; elle brillait dans mes yeux; elle échauffait mes discours; elle disposait de mes mouvements; elle se montrait en tout. »

« Vous vous portez bien, vous pensez à moi, vous m’aimez, vous m’aimerez toujours. Je vous crois; me voilà tranquille, je renais; je puis jouer, me promener, causer, travailler, être tout ce qui vous plaira. Ils ont dû me trouver, ces deux ou trois derniers jours, bien maussade. Non, mon amie, votre présence même n’aurait pas fait sur moi plus d’impression que votre première lettre. Avec quelle impatience je l’attendais! Je suis sûr qu’en la recevant mes mains tremblaient, mon visage se décomposait, ma voix s’altérait; et que si celui qui me l’a remise n’est pas un imbécile, il aura dit : Voilà un homme qui reçoit des nouvelles ou de son père, ou de sa mère, ou de celle qu’il aime. Au même moment je venais de faire partir un billet où vous aurez vu toute mon inquiétude. Tandis que vous vous amusiez, vous ne saviez pas tout ce que mon âme souffrait. »

« Adieu, ma tendre, ma respectable amie; je vous aime avec la passion la plus sincère et la plus forte. Je voudrais vous aimer encore davantage, mais je ne saurais. »

« Je ne vous verrai point encore aujourd’hui, à moins que ce ne soit sur le soir. S’il faisait un temps bien orageux, bien pluvieux, bien noir, je me jetterais dans un fiacre, et j’arriverais. Puisse-t-il faire ce temps! puissé-je voir mon amie! Dites-moi pourquoi je vous trouve plus aimable de jour en jour. Ou me cachiez-vous une partie de vos qualités, ou ne les apercevais-je pas? Je ne saurais vous rendre l’impression que vous fîtes sur moi pendant le petit moment que nous passâmes ensemble avant-hier. C’est, je crois, que vous m’aimez davantage. »

« Bonsoir, ma Sophie, je m’en vais plein de joie, la plus douce et la plus pure qu’un homme puisse ressentir. Je suis aimé, et je le suis de la plus digne des femmes. »


Seule la mort mettra un terme définitif à leur relation, Diderot meurt en juillet 1784, à peine cinq mois après Sophie.

vendredi 7 mars 2014

Banc de salle de bain



 Notre salle de bain est très fonctionnelle, mais un peu étroite, si bien qu’il est difficile d’y laisser une chaise standard sans nuire un peu à la circulation. Une chaise ou un banc dans une salle de bain c’est pourtant très pratique, ne serait-ce que pour y déposer un martini lors d’un long bain relaxant! J’ai donc décidé de concevoir un banc sur mesure qui pourrait se ranger facilement entre le comptoir et le bain, un espace qui fait 16’’ x 14’’. Pour maximiser son utilité, j’ai également décidé d’ajouter sous le siège une tablette pour y glisser des serviettes enroulées. Ce banc est très classique dans sa facture, il existe plusieurs modèles similaires proposés par le commerce ou par d’autres ébénistes sur le web. Je ne prétends donc pas avoir réinventé le banc de salle de bain, mais de l’avoir adapté à l’espace dont je disposais et d’avoir utilisé une essence de bois déjà présente dans ma salle de bain : le noyer noir.


Illustration 1 : modélisation sketchup et rendu Kerkythea


Après une recherche de styles sur le web, j’ai retenu le principe d’un siège légèrement courbé et d’un piètement incliné à 10 o question d’accroître à la fois la stabilité et l’esthétisme du banc. Généralement le siège de ce type de banc est ajouré pour permettre à l’eau de s’écouler rapidement, si l’on décide de s’y asseoir après un bain! Pour y parvenir, on peut réaliser un quadrillé ou un lattage, cette dernière technique s’apparente à celle utilisée pour le mobilier extérieur d’un patio et c’est celle que j’ai retenue. Après un premier dessin rapide à la main, j’ai modélisé le banc avec sketchup 8 et j’ai effectué un rendu photographique avec Kerkythea (voir illustration 1) pour valider le design avant de passer à la fabrication.

Comme dans la plupart des projets de sièges, le défi de fabrication de ce banc se situe au niveau de son assemblage à angle. En effet, il y a peu de joints à angle droit et le recours à des gabarits s’avère nécessaire pour assurer la précision des assemblages. Il y a également plusieurs joints de type tenon-mortaise, 34 pour être précis, plutôt surprenant pour un si petit meuble! Mais pour une chaise ou un banc, il y a peu de raccourcis possibles, l’assemblage doit être solide, car c’est une pièce de mobilier qui sera souvent déplacé et qui doit supporter le poids d’un adulte en toute sécurité. Pour sauver un peu de temps, le recours à la mortaiseuse constitue un avantage indéniable pour la réalisation ce projet. Personnellement, j’utilise une mortaiseuse qui s’adapte à ma perceuse à colonne.

Photo 1  - Mortaiseuse installée sur la perceuse à colonne. Ici je taille les mortaises pour les languettes de la tablette.

J’ai pris la décision de débuter par la fabrication du siège, car la ceinture du piètement devra s’y adapter parfaitement en raison de sa courbe. J’ai d’abord réalisé un gabarit (en MDF de 1/4’’,  voir photo 1a) des traverses avant et arrières du siège. Pour y parvenir, j’ai imprimé deux patrons identiques en papier (réalisés avec Illustrator) que j’ai collés (avec de la colle en aérosol) sur le MDF et sur une pièce de noyer de 1 ½" ’ d’épaisseur. J’ai découpé (à la scie à ruban) le contour du patron sur la pièce de MDF avec une grande précision en terminant par un sablage fin pour éliminer toutes marques de lame, car ce patron servira à guider le roulement à bille de la mèche à copier de la toupie. J’ai découpé la pièce de noyer en suivant la ligne du patron de papier, mais en laissant une marge de 1/16e, cette marge sera éliminée par la mèche à copier de la toupie (voir photo 2) qui du coup fera disparaître toutes les marques laissées par la scie à ruban.


Photo 1a
Photo 2



Photo 3
Les mortaises des traverses du siège sont réalisées en utilisant d’abord une mèche de ½" pour éliminer le gros du matériel (voir photo 3) et évidé avec un ciseau à mortaiser de 1/2". Les tenons des traverses latérales ont été découpés à la main avec une scie japonaise Dozuki et ajustés en épaisseur avec un guillaume. Finalement une rainure de ¼" de largeur et de 3/8 » est taillée à la toupie sur les traverses avant et arrière du siège (voir iphoto 3a), cette rainure recevra les tenons des lattes qui composeront le siège.

Photo 3a - Découpe de la rainure qui doit recevoir les lattes du siège. La toupie suit la courbe extérieure du montant du siège grâce au guide parallèle fixé à sa base. 


Les lattes du siège, au nombre de 11, ont 1 pouce de largeur et 3/4" d’épaisseur. Les lattes ont un angle de 5 o de chaque côté pour compenser la légère courbure du siège (elles ont donc un profil trapézoïdal). Elles comportent à chaque extrémité un tenon pleine largeur de 1/4 » d’épaisseur qui va s’insérer dans la rainure des traverses avant et arrière. La découpe des tenons se fait entièrement au banc de scie (voir photo 4). Entre chaque latte une petite pièce de bois de 3/16 » de largeur et de 3/8 » de profondeur est insérée pour maintenir l’espacement entre les lattes, un travail de précision! Le même genre de latte est utilisé pour la tablette (9 lattes avec un profil rectangulaire) du bas, mais cette fois des mortaises sont taillées à la mortaiseuse avec un espacement de 3/16 » entre chacune (voir photo 1). Après le collage du siège, les deux traverses latérales sont arrondies à la toupie avec une mèche demi-ronde.

Photo 4

Le piètement du banc est réalisé avec des pièces de 1 » d’épaisseur et de 1 ½ » de largeur. Il est réalisé en 2 étapes, d’abord en unissant la ceinture avant et arrière aux pattes grâce à des joints tenon-mortaise. Comme les pattes sont inclinées de 10 o par rapport au sol, il est donc nécessaire d’incliner mortaises et tenons du même angle (en inclinant le plateau de la perceuse à colonne). Pour le collage, deux petits blocs de bois inclinés d’un côté à 10 o et à angle droit de l’autre permettront de bien ajuster les serre-joints pendant la durée du collage (voir photo 5). Une fois les pattes collées à la pièce de la ceinture il est nécessaire de découper une courbe correspondant à celle du siège, car ce dernier vient s’appuyer sur cet assemblage (voir photo 6). Deux trous sont percés sous chacune des ceintures avant et arrière pour permettre de visser le siège au piètement. La 2e étape consistera à unir (par des joints tenon-mortaise), les pattes avant et arrière avec la ceinture latérale, ces 2 pièces devront être installées et collées au même moment que la tablette.
La tablette est également fixée aux pattes par quatre joints tenon-mortaise de 1/4 » de largeur et de 1/2 » de profondeur. La tablette est complètement assemblée et collée avant d’être fixée aux pattes. Le collage final permet d’assemblée les pattes avant et arrière, la tablette, les montants latéraux de la ceinture et finalement le siège qui est simplement vissé au piètement (voir photo 7).
Photo 5
Photo 6

Photo 7
La finition du banc est assez simple : après un sablage au papier 220 il a été traité à l’huile de lin pour mettre en valeur la belle couleur du noyer noir et deux couches de cire en pâte ont été appliquées et polies au chiffon. Plus bas, le banc de salle de bain complété et intégré à son décor.






mardi 4 mars 2014

Retour sur les ailes de FreezeWing - - chronique cubaine (suite et fin)


Voilà, notre séjour à Cayo Santa Maria s’achève. Nous entamons notre dernière journée à la plage, question de prendre un dernier bain d’iode dans cette mer chaude d’un bleu turquoise intense, si différente de nos lacs et rivières du Québec, aux eaux ténébreuses et glacées. La mer est calme depuis deux jours et la température oscille entre 30 o et 32 o. Entre temps, je me dirige à petite vitesse (j’ai pris le rythme cubain), jusqu’au bar de la plage : Una cerveza y un zumo de piña por favor....Un peso de pourboire à la barmaid et je reviens au même rythme, sous notre abri de rameaux de palmier face à la mer, il y a pire comme situation! Malgré tout, j’ai hâte de retrouver le froid, je n’ai rien d’un snowbird qui rêve de passer l’hiver dans un condo climatisé en Floride près d’un golf (surtout pas près d’un golf arrosé aux pesticides!). Nous profitons de notre dernier après-midi pour boucler les valises et décaper la dernière couche de crème solaire sur notre peau. Nous allons dîner une dernière fois à la grande cafétéria et du même coup faire nos adieux à Vladimir. Après le dîner nous croisons une popote mobile qui offre sur la grande place des cornets de churros. Quelle occasion unique de comparer cette production locale à la recette de churros de Ricardo, que j’avais justement expérimentée avant le voyage à Cuba. Verdict : la production locale est beaucoup trop graisseuse et moins savoureuse que celle que j’ai réalisée à partir de la recette de Ricardo, et c’est sans appel !


Le trottoir de bois qui nous a conduit à la mer à chaque jour...inspirant n'est-ce pas ?

Les abris en rameaux de palmier, encore déserts avant l'arrivée des gringos !


Mon dernier bain d'iode (snif, snif) , j'entre dans la vague tête première ! Désolé, c'est la seule photo "de playa " de moi-même que je n'ai pas censurée... le pays m'inspire sans doute !


Chauds les churros !! Mais un peu graisseux à mon goût ! Le cylindre métallique sur la photo contient la pâte que l'on comprime avec un piston à vis jusqu'à l'embouchure en forme d'étoile au bas. La pâte tombe directement dans le bac à friture. Les churros sont servis dans un cornet en papier et on peut les asperger de chocolat ou de caramel.

Notre bungalow, chacun d'eux contient 16 chambres sur deux niveaux.
Un petit message de Carmen qui a pris soin de notre chambre pendant notre séjour. 

Voilà le moment de retourner au nord du nord. La soirée sera longue, à 17 h 30 nous devons d’abord retourner à Santa Clara à 90 minutes de Cayo Santa Maria puis attendre jusqu’à 22 h 10 que le 737-800 de SunWing se présente le bout du nez sur le tarmac de l’aéroport international Abel Santamaria (Abel Santamaria est un martyr de la révolution cubaine torturé et assassiné en prison par la police de Batista en 1953). En arrivant à l’aéroport, petite surprise sur l’écran des départs, notre vol est retardé à 23 h 45, c’est donc après 4 h du matin que nous serons de retour à Québec. Comme il y a deux autres vols qui doivent également décoller autour de cette heure, le minuscule aéroport de Santa Clara devient vite congestionné. Après l’enregistrement des bagages et le paiement de la taxe d’aéroport de 25 pesos convertibles par passager nous passons la barrière de l’immigration. Les autorités cubaines doivent sans doute s’assurer qu’aucun « contre-révolutionnaire » ne quittera le pays à la place d’un touriste, notre visa de sortie est donc comparé à notre visa d’entrée et une caméra placée devant le douanier numérise notre visage. Après avoir traversé le « petit confessionnal » du douanier nous passons à la fouille standard avant de nous retrouver dans la salle d’attente où va s’entasser près de 600 passagers pendant 3 heures, ce n’est que le début de notre « mise en conserve », car le 737-800 de SunWing que nous allons prendre utilise la configuration maximale de l’appareil soit 189 passagers dans une seule classe (la configuration minimale étant de 162 passagers).

Le mariage dans le sud  est une industrie... bien récupérée par les complexes hôteliers de Cayo Santa Maria...et d'ailleurs !  
Une autre pergola de l'amour, où l'on peut s'unir pour la vie ou un peu moins long... c'est selon !


Coucher de soleil sur le bras de mer qui sépare Cayo Santa Maria de la grande île de Cuba. La photo a été prise au travers de la vitre de l'autocar qui roule sur la jetée de 47 kilomètres  qui a été construite entre 1989 et 1999 afin de développer le tourisme sur Cayo Santa Maria.

Les sièges de la salle d’attente, très peu confortables, sont tous occupés. Plusieurs personnes font le tour des deux boutiques « duty free » qui ont peu à offrir en dehors du rhum du café et des cigares. Une microcafétéria nous permet d’acheter un sandwich jambon fromage avec les quelques pesos convertibles qu’il nous reste. Nous essayons de tuer le temps du mieux que nous pouvons en jasant avec d’autres passagers en attente et en lisant, malgré le bruit ambiant et le rappel périodique des consignes de sécurité en espagnol et en anglais. Vers 23 h un moteur d’avion se fait entendre, le nez de notre « bus de l’air » vient de se présenter en face du terminus des départs, on approche les escaliers motorisés à l’avant et à l’arrière de l’appareil et rapidement les passagers descendent. Il faudra un bon 45 minutes avant que nous puissions nous engager à notre tour sur le tarmac et gravir l’escalier jusqu’à l’appareil. Nous avions réservé nos places, mais nous nous retrouvons entre deux familles avec de très jeunes enfants dont le sommeil a été quelque peu perturbé par la longue attente et qui manifesteront leur mécontentement une bonne partie du voyage, difficile de fermer l’œil! Malgré notre destination nordique, la compagnie aérienne n’a pas changé de nom pour « FreezeWing » ! L’appareil aux couleurs du soleil se posera à Québec, un peu après 4 h, dans un paysage bleu nuit givré. Malgré l’heure hâtive, l’aéroport Jean-Lesage  (un autre aéroport qui porte le nom d’un révolutionnaire... bien tranquille celui-ci !) est plein à craquer malgré l’heure hâtive, deux autres avions se sont posés en même temps que le nôtre, trois avions qui dans quelques minutes feront le trajet en sens inverse avec autant de passagers, la semaine de relâche est proche!

Fin !

L'hibiscus blanc, rouge ,orangé et rose,   l'un des symboles du sud avec les bougainvilliers et les palmiers.