Il m’arrive peu souvent d’être nostalgique en pensant à mon
ancienne vie de directeur général de L’Institut Canadien de Québec et sur mon
implication dans le milieu des bibliothèques publiques. Je crois bien que c’est
la toute première fois d’ailleurs que je fais référence si directement dans ce
blogue à mes 34 ans d’expérience comme bibliothécaire, dont 22 ans, à titre de D.G.
de cet OBNL de la culture. L’annonce de l’ouverture officielle de la Maison de
la littérature (www.maisondelalitterature.qc.ca) cette semaine, vient brasser chez moi une telle gamme d’émotions
que je sentais le besoin d’écrire au moins quelques lignes sur le sujet.
La "Salle de L'Institut" en 2011( jadis l'église Wesley construite en 1848 ) avant le début des travaux d'aménagement de la Maison de la littérature. |
D’abord imaginé au sein de l’équipe de direction de
L’Institut, avant fermeture de la Salle
de L’Institut en 1999, ce projet avait rapidement obtenu l’adhésion du
conseil d’administration de L’Institut et du milieu littéraire de la Capitale, mais il aura fallu un peu plus d’une décennie pour convaincre les pouvoirs
publics d’investir dans la reconversion du Temple Wesley en Maison de la
littérature. Il faut bien l’avouer, le projet était loin de soulever un
enthousiasme populaire, car il n’y avait aucun véritable exemple connu pour bien
faire comprendre sa portée réelle, de plus la fusion municipale de 2002 devait
reléguer la Maison de la littérature au dernier rang des priorités de la
nouvelle Ville de Québec.
Malgré tout, il apparaissait évident que l’on devait maintenir une
vocation culturelle pour ce lieu qui pendant un peu plus de 50 ans avait été au
cœur de la vie culturelle de la ville de Québec. Par ailleurs, en raison de la
nature même de l’immeuble (un temple méthodiste à l’origine) et de son
emplacement au cœur du Vieux-Québec (voisin du Morrin Center), il aurait été
impensable d’envisager pour ce bâtiment une vocation commerciale ou résidentielle
sans en altérer profondément le caractère patrimonial. La présence de la
bibliothèque du Vieux-Québec au rez-de-chaussée a également été au centre de la
réflexion, car le maintien d’une bibliothèque publique dans le Vieux-Québec
apparaissait alors comme incontournable. En effet, le Vieux-Québec qui fut à
une certaine époque le Quartier latin de la Capitale et le haut lieu du
commerce du livre avec ses quatre librairies (une seule subsiste aujourd’hui) a
perdu de nombreux services et commerces pendant que la clientèle touristique
progressait. La bibliothèque de quartier devait donc demeurer le noyau du
projet de la Maison de la littérature, un peu à l’image de la Maison du livre
de Bruxelles (lamaisondulivre.be) que j’avais eu la chance de découvrir en 1998
et qui fut l’un de nos premiers modèles. De fait, ce projet a eu plusieurs
sources d’inspiration, mais la Maison qui ouvre ses portes cette semaine est
unique à la fois par la somme des services qu’elle regroupe et par la synergie
qu’elle développera entre les auteurs et leurs lecteurs.
Avant ma retraite en 2012, j’ai eu la chance de voir enfin la
mise en chantier de ce bâtiment réinventé et aménagé avec respect et créativité
par la firme Chevalier Morales architectes. Je tiens à souligner ici le travail
de quatre personnes qui sans être sous les projecteurs aujourd’hui ont joué un
rôle déterminant dans l’avènement de la Maison : Mme Marie Goyette,
ma collègue à la direction qui la première a esquissé les services de la Maison
et a élaboré son premier plan d'affaires; Mme Marie Leclerc, la présidente de L’Institut en 1999, qui
a soutenu le projet dès le départ et qui a affronté avec courage une « arrière-garde »
qui s’opposait publiquement à la fermeture de la salle de spectacles qui
pourtant ne rencontrait plus les normes exigées pour ce type d’équipements
depuis des années alors que la région était déjà en suroffre dans le créneau
occupé par la salle (confirmé dès 1985 par le rapport L’Allier sur les salles
de spectacles); Mme Gisèle Dussault et M. Alain Beaulieu qui au sein du conseil d'administration et des comités de la Maison n'ont jamais baissé la garde pour défendre et promouvoir le projet. Bien sûr, j’oublie plein de gens volontairement ou non (entre
autres les membres du comité de réflexion de la Maison) et d’événements
(notamment la création de la résidence d’écrivain en 2005 et l’étude de
faisabilité de M. Bernard Gilbert qui assume actuellement la direction de
l’établissement) qui furent également déterminants pour la mise au monde de
cette Maison de la littérature... mais à la retraite nos souvenirs percolent à
travers le temps qui passe, ceux qui émergent sont heureusement les plus
agréables! La véritable histoire de la Maison restera donc à écrire... par un
autre que moi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire