jeudi 10 avril 2014

Table de lit



Il y a des projets que l’on remet constamment au lendemain, car ils n’arrivent jamais à se hisser jusqu’au sommet de la pile. C’est le cas de celui-ci qui était inscrit depuis des années dans ma liste de projets à réaliser, pourtant rien de très complexe à concevoir et à fabriquer : une petite table de lit. C’est en regardant un épisode de Downton Abbey où la comtesse de Grantham se faisait servir le petit-déjeuner au lit, sur une petite table portative de style victorien, que j’ai décidé de passer à l’acte! Pas question de laisser à la seule noblesse anglaise l’usage exclusif d’un tel accessoire, si représentatif du confort et de l’opulence. Il est vrai qu'au début du siècle dernier, il y avait aussi une armée de domestiques pour préparer le petit-déjeuner de madame la comtesse et pour lui livrer à sa chambre à l’instant même où elle commençait à s’étirer dans son plumard. Rien de tel aujourd’hui, mais il est tout de même agréable de déguster son petit dej au lit même si pour y parvenir on doit d’abord en sortir pour le préparer. De temps en temps on peut également faire plaisir à sa conjointe ou à son conjoint en reprenant le rôle de M. Bates ou de Mme O’Brien... mais avec le sourire en plus!


La table de lit complété, pour manger ou pour lire. 

Aujourd’hui l’usage de la « table de lit » n’est plus réservé exclusivement pour manger au lit, on l’utilise de plus en plus pour y installer un portable ou une tablette pour travailler, flâner sur le web, regarder une web-série ou lire un roman en format numérique. La table de lit portative n’est donc plus une œuvre d’art destinée à recevoir la porcelaine de Chine et l’argenterie, mais un objet fonctionnel et ergonomique que l’on peut ranger facilement après usage. C’est dans cet esprit que j’ai conçu ma propre table de lit en m’inspirant encore une fois des centaines de modèles que l’on retrouve sur le web. Aucune révolution ici, ma table est semblable à plusieurs autres, mais avec les dimensions et les matériaux de mon choix. J’ai retenu le principe d’un plateau divisé 60/40, la partie la plus large étant inclinable pour y placer un portable ou une tablette et la plus étroite demeurant fixe pour y placer une tasse de café ou une souris sans fil! Les pattes de la table se rabattent sous la ceinture de la table pour en faciliter le rangement sous le lit ou dans une armoire. J’ai réalisé la table avec trois matériaux : l’érable à sucre pour la ceinture et les pattes, la fibre de bois pour le plateau que j’ai recouvert de stratifié afin d’en assurer l’imperméabilité et la résistance.

La portion la plus large du plateau s'incline à différents angles. Pratique pour écrire avec un portable, ou visionner un film sur une tablette.




Pour permettre à une section du plateau de s’incliner, il a été nécessaire de placer sous le plateau une ceinture afin d'y loger deux crémaillères parallèles et un petit bras articulé sur penture retenant le plateau à l’angle désiré. Ce système est d’une solidité à toute épreuve, car au bout du bras sur penture deux goujons de 1/4’’ (6 mm) de diamètre viennent s’encastrer dans les fentes des crémaillères parallèles (voir illustration plus bas). Les fentes de la crémaillère ont été réalisées à la toupie grâce à un petit gabarit et une mèche droite de 3/8’’ (9,5 mm) de diamètre (voir 2e et 3e photo plus bas). La ceinture a été fabriquée avec une planchette d’érable de ½’’ (13 mm) d’épaisseur et de 1 ½’’ (38 mm) de largeur et les angles ont été jointé en queue d’aronde pour en accroître la stabilité.

Une double crémaillères reçoit les goujons placés à l'extrémité du bras articulés fixés sous le plateau.

Grâce à ce petit gabarit et à un guide à copier fixer à la toupie, il est relativement simple de réaliser les 2 crémaillères simultanément, il suffit de refendre la planche au cendre une fois l'opération complétée.

Mèche demi-ronde 3/8'' (9,5mm)
Les deux sections du plateau sont recouvertes d’un stratifié collé à la colle contact. J’ai bordé chaque section avec une moulure d’érable de 3/8’’ (9,5 mm) d’épaisseur, afin de retenir le café déversé accidentellement et pour servir de barre de retenue pour le portable ou la tablette. J’ai réalisé cette moulure sur le banc de toupie avec une mèche demi-ronde de 3/8’’ (9,5 mm) de diamètre (voir photo à droite).

Les pattes de la table se rétractent en pivotant autour d’axes percés de part et d’autre de la ceinture. Les pattes sont réunies deux par deux par un goujon de ½’’ (13 mm) de diamètre et retenues dans l’axe de la ceinture par une vis chromée à tête plate de ¼’’ (6 mm) de diamètre (à fente hexagonale). Un écrou autobloquant, un ressort compressible et une rondelle retiennent chaque vis dans leur axe, la présence du ressort compressible évite simplement que l’écrou se dévisse à chaque fois que l’on rétracte les pattes sous le plateau (par effet de levier) tout en maintenant une pression latérale sur chaque patte (voir photo plus bas).



Toutes les pièces en bois de la table ont reçu trois couches de vernis à base d’eau en sablant légèrement (papier 320) entre les couches 1 et 2.

Un petit projet, mais qui comporte plusieurs étapes et un coefficient moyen de difficultés.