mercredi 26 juin 2019

Brouette pour enfants




Le lègue de la brouette….

Il est difficile d’imaginer qu’un outil aussi essentiel que la brouette soit apparu si tardivement dans l’histoire de l’humanité! En effet, cet outil de transport sur de courtes distances serait apparu bien après la construction des pyramides d’Égypte, soit au premier siècle après Jésus-Christ, quelque part en Chine. La brouette repose sur une technologie simple et efficace : une roue, un châssis (servant de levier), des pieds et une cuve pouvant contenir une charge. Le mot brouette serait un dérivé du latin « birota » qui signifie véhicule à deux roues. Bien qu’il existe encore aujourd’hui des brouettes à deux roues, la majorité d’entre elles n’en ont qu’une seule située au centre et à l’avant du châssis. Si l’histoire de la brouette vous intéresse, il y a un très bon article sur Wikipedia:https://fr.wikipedia.org/wiki/Brouette.

Mais pourquoi cet intérêt soudain pour… la brouette ! En fait, c’est encore une histoire de famille. Ma tante Aline qui a maintenant 101 ans m’a donné une vieille brouette en bois que son père (mon grand-père maternel) lui avait construite lorsqu’elle était enfant. La brouette était bien sûr adaptée à la taille d’un enfant avec une roue de 10’’ de diamètre et une hauteur de 16’’ au niveau des pieds. La pauvre brouette centenaire (ou presque !) était  dans un bien piteux état, puisque dans ses dernières années elle servait de boîte à fleurs, accélérant la putréfaction de ses pièces. En la récupérant, un des pieds a d’ailleurs cassé, miné par la pourriture. Ma tante Aline aurait souhaité que je la lègue à ma petite-fille, mais son état avancé de dégradation interdisait toutes formes de restauration.  

Châssis de la version originale (circa 1930)

Les pieds se prolongent au-dessus

du châssis  pour supporter les
côtés de la cuve.
La cuve a servi de boîte à fleurs dans les dernières années.


Une roue un peu mince pour les terrains accidentés !
Remarquez la tige de métal au-dessus de la roue, elle 
s'attache sur les côtés pour contreventer la cuve.


Pour que ce patrimoine artisanal ne tombe pas complètement dans l’oubli, j’ai donc décidé de fabriquer une nouvelle version de la brouette, en respectant la structure de celle de mon grand-père. La nouvelle version a donc la même longueur (48’’) la même largeur au niveau des poignés (19’’) et la même largeur au niveau de l’essieu de la roue (11’’). Comme dans la version originale, les pieds de la nouvelle version se prolongent au-dessus du châssis pour supporter les côtés de la cuve, cette dernière est ouverte à l’arrière et fermée à l’avant par un panneau incliné à 15 o. 

La version originale était probablement entièrement en pin, un bois facile à travailler, mais avec une faible capacité structurelle et une faible résistance à la pourriture. Si cette brouette a traversé le temps, c’est sans doute en raison du fait qu’elle fut conservée dans un bâtiment une bonne partie de son existence et qu’elle a été repeinte périodiquement. Tirant des leçons de la première version, j’ai donc décidé d’utiliser le chêne rouge pour le châssis et le cèdre de l’ouest pour la cuve. Si le cèdre peut bien vieillir à l’extérieur, il en va autrement du chêne rouge qui malgré ses grandes qualités structurelles finira par se dégrader à l’extérieur sans une protection adéquate. J’ai donc choisi d’appliquer un vernis marin sur l’ensemble du châssis. Pour la cuve, j’ai choisi d’appliquer une teinture à base d’huile sur le cèdre, surtout pour qu’il conserve une belle couleur et pour le rendre hydrofuge.

L’assemblage des 2 traverses aux 2 longerons du châssis a été réalisé par tenons/mortaises collés à la colle uréthane, résistante à l’humidité. La même colle a servi à laminer les planches de cèdre qui composent le fond, les côtés et l’avant de la cuve. Les pieds de la brouette ont été réunis au châssis par un boulon, une rondelle et un écrou autobloquant de 1/4’’ en acier inoxydable. Toutes les pièces de la cuve ont été vissées au cadre et entre elles par des vis à bois en acier inoxydable (la version d'origine était simplement clouée et les clous ont rouillé contribuant également à la dégradation du bois).




La roue demeure bien sûr l’élément essentiel de la brouette. La version d’origine comportait une petite roue à rayons de 11’’ de diamètre avec un pneu plein de 3/4’’ de largeur. L’étroitesse de la roue limitait cette brouette à rouler sur des surfaces dures ou à transporter de faible charge. Pour cette raison et même si la nouvelle version est destinée à mes petits enfants, j’ai décidé de la rendre un peu plus tout-terrain puisque le terrain de jeu de mes petits-enfants est à la campagne dans un espace de plusieurs acres parsemés de petits sentiers, de ruisseaux, de boisés et de dénivelés variables. J’ai donc acquis un pneu de diable de 10’’ de diamètre et de 3 1/2’’ de largeur. Le pneu comporte une jante en acier montée sur un essieu de 5/8’’ de diamètre. J’ai taillé l’essieu (11’’ de long) dans une tige d’acier et j’ai percé des trous de 3/16’’ de diamètre de part et d’autre de l’axe central de la jante afin d’y insérer deux goupilles pour que la roue demeure bien au centre du châssis de la brouette (essentiel pour son équilibre!). L’essieu est attaché au châssis de la brouette avec des boulons en U de 5/8’’, du solide !!!



J'ai éliminé la tige de contreventement de
la version originale en utilisant un 
panneau de façade  plus épais que les
côtés (vissés après la façade) 



Les 2 longerons et les 2 traverses du châssis

 ont été assemblés avec des tenons et mortaises
(avec un angle de 5o)

Une petite brouette qui a un petit côté décoratif, mais elle ne doit pas servir de boîte à fleurs !


En apparence très simple, ce projet soulève cependant quelques défis au niveau des angles, car rien n’est vraiment à angle droit dans une brouette ! Le châssis d’abord, qui est de forme triangulaire, les pieds qui se prolongent au niveau de la cuve et qui donne un angle de 5 o aux côtés et finalement toutes les pièces de la cuve qui s’incline également de 5 o. Il faut donc être vigilant au moment du découpage des pièces ! Comme une brouette est également un outil de levage, sachez qu’il y a de belles équations mathématiques pour optimiser la longueur et l’angle des bras du châssis, le diamètre de la roue, l’emplacement de la cuve et de sa charge sur le châssis, etc. Mais comme il s’agit plutôt d’une brouette pour s’amuser, je dois admettre que j’ai suivi l’instinct de menuisier de mon grand-père pour la réaliser ! 

mercredi 12 juin 2019

Planche à découper pour roulotte




Ce nouveau projet visait à répondre à un besoin spécifique lié à l’utilisation de notre nouvelle roulotte, mais il peut facilement s’adapter à d’autres roulottes qui ont le même type de cuisinière encastré au propane avec (ou non) couvercle. Cette surface à découper en bois lamellé permet d’agrandir l’espace de travail du comptoir lorsque la cuisinière n’est pas utilisée, pendant la préparation des repas et après, pour laver la vaisselle ! Si vous êtes un habitué de ce blogue, vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’avec mes nombreux projets j’accumule après chacun des chutes de bois de différentes essences. Comme les quantités et les longueurs varient, il est parfois difficile de reclasser ces chutes dans un autre projet. La fabrication de petits objets en bois constitue donc la meilleure manière de faire baisser cet inventaire. Compte tenu du prix de ces essences, vous conviendrez que ce serait un véritable sacrilège d’utiliser les chutes comme bois d’allumage pour le foyer !




En fouillant dans mon inventaire, j’ai retrouvé suffisamment de noyer noir, de cerisier tardif et d’érable ondulé pour me fabriquer une planche à découper en lamellé de 15 3/4’’ de profondeur par 20’’ de largeur. Cette dimension me permet de recouvrir entièrement la cuisinière à 2 ronds au propane de marque Domotic. Pour alléger la planche, j’ai décidé d’en limiter l’épaisseur à 5/8’’, car le poids dans une roulotte demeure une préoccupation constante afin d’en respecter les capacités de charge. La planche est bien sûr un peu plus large et un peu plus profonde que la cuisinière, car elle doit prendre appui sur la surface du comptoir adjacent. Comme la cuisinière est légèrement plus haute que la surface du comptoir, j’ai décidé d’installer sous le contour de la planche à découper des butés en silicone. Ces butés sont vissés aux quatre coins de la planche. Normalement ces butés servent pour amortir la fermeture de portes sur un mur (disponible dans les bonnes quincailleries [voir photo]. En plus de soulever la planche de 1/2’’ par rapport au comptoir ils servent également à la stabiliser puisqu’ils sont antidérapants, très pratiques également pendant les déplacements de la roulotte.





Le lamellé de bois n’est pas très complexe à réaliser par un ébéniste amateur, mais une certaine précision est de rigueur pour s’assurer d’un jointage de qualité. Après avoir passé le chant de chaque planche sur la dégauchisseuse, j’ai découpé les pièces de 3/4’’ du lamellé au banc de scie. Avec une lame bien affûtée, il est possible d’obtenir des pièces qui seront directement utilisables pour le collage. À ce stade, les pièces sont aussi épaisses que larges, car la planche complète devra être passée à la raboteuse d’épaisseur pour assurer un nivelé parfait. Comme ma raboteuse a une capacité en largeur de 12 1/2’’ [et la planche : 15 3/4’’] j’ai donc choisi de procéder en collant deux moitiés de planche, de les raboter séparément puis de les coller ensemble. Il est plus simple d’aligner au collage 2 moitiés de 8’’ que 20 pièces de 3/4’’ !!! Pour le collage, j’utilise des serre-joints tuyaux et des compresseurs de surface artisanaux [voir illustration ci-haut].



La finition se compare à celle de toutes planches à découper, un chanfrein de contour taillé à la toupie, un sablage [grade 120 puis 220] et une bonne saturation de la surface avec une huile minérale de grade alimentaire [personnellement j’utilise l’huile Skydd de Ikea, au début il faut donner 2 couches à 24 heures d’intervalle puis au besoin en fonction de l’usage].