Je suis toujours dans l’exploration des
archives photographiques de mon père. Je crois l’avoir déjà dit j’ai une
passion pour les photographies anciennes, elles sont comme autant de fenêtres
ouvertes sur le passé. En observant attentivement les détails contenus dans une
seule photographie, on peut arriver à tirer de précieux renseignements sur
l’époque où elle a été prise. Par
bonheur mon père a été initié à la photographie par l’un de ses bons amis au début
des années 40. Même si la ville de
Québec était éloignée des principaux théâtres opérationnels de la Seconde Guerre
mondiale, elle vivait au rythme du conflit notamment par son port qui
accueillait régulièrement des navires de guerre. Sans doute fasciné par ces navires et
l’effervescence qui régnait dans le port, mon père a baladé son
« Kodak » sur les quais captant parfois des navires qui ont marqué
l’imaginaire du conflit. Plutôt curieux de nature je le soupçonne même d’avoir
bravé certains interdits de circulation pour capter de bons clichés !
L’un des tristement célèbres U-boats allemands qui chassaient en meute sur
l’Atlantique Nord et qui ont coulé
tant de navires, a déjà accosté au port de Québec, mais il portait alors les
couleurs de la Marine Royale Canadienne. En fait, à la capitulation de
l’Allemagne, en mai 1945, les sous-marins allemands ont été sommés de se rendre
aux forces alliées. C’est ainsi que l’équipage du U-190 s’est rendu en plein
Atlantique à la frégate canadienne HMCS Victoriaville sous la gouverne du capitaine
Lester Hickey. Le U-190 a été
amené par la suite dans les ports de Saint-John’s, Halifax et finalement Québec
où Louis Payeur l’immortalisa.
Après une très courte carrière dans la marine canadienne , le U-190 fut
utilisé comme cible en 1947 lors d’un exercice et coulé au large de Terre-Neuve non
loin de l’endroit où le sous-marin avait lui-même envoyé par le fond le
dragueur de mines canadien HMCS Esquimalt, le dernier navire canadien à
avoir été coulé par une action ennemie lors de la Deuxième Guerre mondiale. Une
manère de se venger sans doute !
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Le U-boat U-190 dans le port de Québec en 1945 sous pavillon canadien. (photo Louis Payeur) |
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Le S/S Pasteur, en gris clair.. |
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...à Québec en 1945 |
Deux autres clichés d’un autre bâtiment
ont retenu mon attention. Un navire qui à première vue avait les allures d’un
paquebot de croisière, mais peint complètement en gris pâle et équipé de deux canons
à la poupe et de mitrailleuses antiaériennes sur le pont. Le nom du navire avait été peint de la
même couleur que la coque, comme si on avait voulu masquer son identité. En zoomant sur le nom du navire je
découvre qu’il s’agit du « Pasteur », avec un nom pareil je n’avais
pas de doute sur la nationalité du navire. Mes recherches sur le web ont tôt fait de donner des
résultats, car le S/S Pasteur est un navire de légende pour la France. Lancée
comme paquebot de croisière le 15 févirer 1938 à Saint-Nazaire, le Pasteur fut réquisitionné par la Royal Navy britannique dès
septembre 1939, où il est repeint et armé. C’est en juin 1940 qu’il fait route pour
la première fois vers le Canada pour transporter vers Halifax une partie des
réserves d’or de la Banque de France, question de les mettre à l’abri à la
Banque du Canada. Mon père l’a
photographié en 1945 dans le port de Québec, il provenait alors du port de
Southampton en Angleterre et ramenait des soldats après la victoire des forces alliés. Après la guerre le S/S Pasteur a
navigué à nouveau sous pavillon français et a participé comme transport de troupes pendant les guerres
d’Indochine et d’Algérie.
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Aucun doute sur l'identité du navire. |
Dernière curiosité, la photographie de deux bâtiments de
guerre américains, dont l’un, est équipé d’une catapulte de lancement sur
laquelle on retrouve un avion de reconnaissance aux ailes repliées. Cet
appareil assez étrange avec un seul flotteur sous sa carlingue (et deux petits sous les ailes, invisibles sur l'image) est un Curtiss
SC-1 Seahawk destiné d’abord à la reconnaissance en mer. Mis en service en 1944, il marqua à sa
manière l’histoire de la US Navy, car ce fut le dernier appareil de reconnaissance
embarqué à être construit pendant la Deuxième Guerre mondiale. Des versions du même appareil avec train
d’atterrissage ont également été fabriquées pendant le conflit par son
constructeur Curtiss-Wright Corp. (source: Encyclopédie Mondiale des avions militaires de 1914 à aujourd'hui, Paris, CELIV, 1989 p. 331)
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Un avion de reconnaissance Curtiss SC-1 Seahawk sur sa catapulte. |
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