Comme plusieurs « terriens » je me suis inscrit au
compte Twitter de Chris Hadfield pendant sa mission à bord de la Station
Spatiale internationale (SSI) qui
a duré 5 mois et qui s’est terminé le 16 mai dernier dans les steppes du Kazakhstan
à bord d’une minuscule capsule Soyouz,
confortable comme une Lada à l’époque de l’URSS ! Les trois occupants ont été extirpés
de cette boule de métal carbonisée un à un, Chris Hadfield a été sortie le dernier, manifestement assez affligé
par son retour à la pleine gravité.
Mais si notre champion astronaute peut maintenant se glorifier de faire
partie des marathoniens de l’espace, il est encore loin du rêve de coloniser la Lune ou de visiter Mars.
En utilisant les modes actuels de propulsion, un voyage vers Mars prendrait
entre 12 et 18 mois. Or le record mondial
d’endurance en microgravité est de 14 mois, réalisé par le
cosmonaute Russe Valeri Poliakov en 1994-95 à bord de la défunte
station MIR. Comme Valeri
Poliakov, Chris Hadfield demeure un cobaye pour la science de l’espace, car les
réactions du corps humain face à l’absence
de gravité, au rayonnement cosmique ou au confinement dans un environnement
complètement artificiel demeurent encore aujourd’hui très préoccupantes. À elle seule l’absence de gravité
prolongée provoque chez la plupart des voyageurs de l’espace une pléthore
de problèmes de santé qui vont de la perte de la masse musculaire et osseuse aux altérations cardio-vasculaires en
passant par la formation de calculs rénaux. Bref, personne ne sort vraiment
indemne d’un long séjour dans l’espace !
Chris Hadfield - alors commandant de la SSI (NASA) |
Que l’on soit du clan « Star Trek » ou « Star Wars » ou comme moi un baby-boomer
qui dès son enfance a été plongé dans l’aventure spatiale par les premières
missions habitées russes et américaines, il y a de quoi déchanter. Il me semble que le rêve
d’atteindre le prochain système stellaire en dépassant la vitesse de la
lumière s’éloigne de nous à la même vitesse ! Imaginez seulement, la sonde Voyageur I qui a été lancée en
1977 pour explorer les planètes géantes Jupiter et Saturne vient à peine
d’atteindre en 2012 l’héliopause, c’est-à-dire la limite de notre système
solaire avant l’espace interstellaire... 35 ans à voyager non pas pour
atteindre la prochaine galaxie près de chez nous, mais simplement pour se
rendre au bout de notre propre terrain de jeux ! Je ne vous parle pas des dimensions de notre galaxie ou de
l’ensemble de l’univers visible, car la démesure est au rendez-vous à une
échelle qui n’a vraiment plus rien
d’humain. Au cinéma on a pourtant réussi à maîtriser la gravité (vous aviez
remarqué: personne ne flottait dans le Faucon Millenium de Han Solo ou dans
l’Enterprise du capitaine Kirk), à dépasser la vitesse de la lumière sans
percuter d’étoiles au passage et communiquer avec sa base en temps réel, même à
100 années-lumière de distance !
Mais dans la réalité ordinaire du XXIe siècle, les navettes spatiales
ont été mises au rancard, car elles étaient trop complexes, trop dangereuses pour leurs équipages et
trop coûteuses à opérer... On n’est donc encore loin de L’Enterprise
ou du Faucon Millenium !! La
NASA revient même en arrière pour ses prochaines missions habitées en
développant une nouvelle capsule (Orion)
qui s’inspire de celle du projet Apollo....retour sur terre en parachutes
et « splashdown » dans
l’océan ! Même la
fusée lunaire de Tintin faisait mieux en revenant à sa base avec un puissant moteur nucléaire de descente.
La sonde robotisée Curiosity sur Mars (vision d'artiste NASA) |
Sans être
pessimiste, je crois donc que la conquête de l’espace par l’humanité a déjà
atteint son ultime frontière, pour paraphraser le capitaine Kirk. Bien sûr nous irons probablement sur
Mars (l’échéance est constamment repoussée cependant) comme nous avons été sur la Lune,
c’est-à-dire simplement pour ajouter un trophée sur le mur et quelques connaissances
à celles que les robots Spirit, Opportunity,Curiosity et tous les autres ont déjà fait parvenir
à la terre. Notre connaissance actuelle de l’univers tient d’ailleurs beaucoup
plus au progrès de l’observation par les grands télescopes et les sondes
automatiques (de plus en plus « intelligentes ») qu’à nos quelques acrobaties
en apesanteur. Je suis d’accord,
les astronautes nourrissent notre imaginaire et les prouesses, comme les voyages à la Lune, ont été de puissants moteurs pour le développement technologique. Mais au bout du chemin,
un constat s’impose : nous ne sommes pas faits pour vivre à l’extérieur de
notre « niche écologique » et nous ne pouvons espérer, à l’intérieur
d’une seule vie, atteindre une
autre planète qui nous offrira les conditions dont nous avons besoin pour
survivre...d’où la nécessité de se préoccuper d'abord de notre environnement, car malheureusement
il n’y a pas de terre de remplacement dans la banlieue immédiate du système
solaire !
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