mardi 28 mai 2013

L'inaccessible étoile...

Comme plusieurs « terriens » je me suis inscrit au compte Twitter de Chris Hadfield pendant sa mission à bord de la Station Spatiale internationale (SSI)  qui a duré 5 mois et qui s’est terminé le 16 mai dernier dans les steppes du Kazakhstan à bord d’une minuscule capsule Soyouz,  confortable comme une Lada à l’époque de l’URSS !  Les trois occupants  ont été extirpés de cette boule de métal carbonisée un à un, Chris Hadfield a été sortie  le dernier, manifestement assez affligé par son retour à la pleine gravité.  Mais si notre champion astronaute peut maintenant se glorifier de faire partie des marathoniens de l’espace, il est  encore loin du rêve de coloniser la Lune ou de visiter Mars. En utilisant les modes actuels de propulsion, un voyage vers Mars prendrait entre 12 et 18 mois. Or le record mondial  d’endurance en microgravité est de 14 mois, réalisé par le cosmonaute  Russe Valeri Poliakov en 1994-95 à bord de la défunte station MIR.  Comme Valeri Poliakov, Chris Hadfield demeure un cobaye pour la science de l’espace, car les réactions  du corps humain face à l’absence de gravité,  au rayonnement cosmique  ou au confinement dans un environnement complètement artificiel demeurent encore aujourd’hui très préoccupantes.  À elle seule l’absence de gravité prolongée provoque chez la plupart des voyageurs de l’espace une pléthore de problèmes de santé qui vont de la perte de la masse musculaire et osseuse  aux altérations cardio-vasculaires en passant par la formation de calculs rénaux. Bref, personne ne sort vraiment indemne d’un long séjour dans l’espace !

Chris Hadfield - alors commandant de la SSI (NASA)
Que l’on soit du clan « Star Trek » ou « Star Wars » ou comme moi un baby-boomer qui dès son enfance a été plongé dans l’aventure spatiale par les premières missions habitées russes et américaines, il y a de quoi déchanter.  Il me semble que le rêve d’atteindre le prochain système stellaire en dépassant la vitesse de la lumière s’éloigne de nous à la même vitesse ! Imaginez seulement,  la sonde Voyageur I qui a été lancée en 1977 pour explorer les planètes géantes Jupiter et Saturne vient à peine d’atteindre en 2012 l’héliopause, c’est-à-dire la limite de notre système solaire avant l’espace interstellaire... 35 ans à voyager non pas pour atteindre la prochaine galaxie près de chez nous, mais simplement pour se rendre au bout de notre propre terrain de jeux !  Je ne vous parle pas des dimensions de notre galaxie ou de l’ensemble de l’univers visible, car la démesure est au rendez-vous à une échelle qui n’a vraiment  plus rien d’humain. Au cinéma on a pourtant réussi à maîtriser la gravité (vous aviez remarqué:  personne ne flottait dans le Faucon Millenium de Han Solo ou dans l’Enterprise du capitaine Kirk), à dépasser la vitesse de la lumière sans percuter d’étoiles au passage et communiquer avec sa base en temps réel, même à 100 années-lumière de distance !  Mais dans la réalité ordinaire du XXIe siècle, les navettes spatiales ont été mises au rancard, car elles étaient  trop complexes, trop dangereuses pour leurs équipages et trop coûteuses  à opérer...  On n’est donc encore loin de L’Enterprise ou du Faucon Millenium  !!  La NASA revient même en arrière pour ses prochaines missions habitées en développant une nouvelle capsule (Orion)  qui s’inspire de celle du projet Apollo....retour sur terre en parachutes et « splashdown » dans  l’océan !  Même la fusée lunaire de Tintin faisait mieux en revenant à sa base avec un puissant  moteur nucléaire de descente.



La sonde robotisée Curiosity sur Mars   (vision d'artiste NASA)

Sans être pessimiste, je crois donc que la conquête de l’espace par l’humanité a déjà atteint son ultime frontière, pour paraphraser le capitaine Kirk.  Bien sûr nous irons probablement sur Mars (l’échéance est constamment repoussée cependant)  comme nous avons été sur la Lune, c’est-à-dire simplement pour ajouter un trophée sur le mur et quelques connaissances à celles que les robots Spirit, Opportunity,Curiosity et tous les autres ont déjà fait parvenir à la terre. Notre connaissance actuelle de l’univers tient d’ailleurs beaucoup plus au progrès de l’observation par les grands télescopes et les sondes automatiques (de plus en plus « intelligentes ») qu’à nos quelques acrobaties en apesanteur.  Je suis d’accord, les astronautes nourrissent notre imaginaire et les prouesses, comme les voyages à la Lune,   ont été de puissants moteurs pour le développement technologique. Mais au bout du chemin, un constat s’impose : nous ne sommes pas faits pour vivre à l’extérieur de notre « niche écologique » et nous ne pouvons espérer, à l’intérieur d’une seule vie,  atteindre une autre planète qui nous offrira les conditions dont nous avons besoin pour survivre...d’où la nécessité de se préoccuper d'abord de notre environnement, car malheureusement il n’y a pas de terre de remplacement dans la banlieue immédiate du système solaire !

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