vendredi 31 mai 2013

Une histoire de cochon...


Tu dois enlever ton anti-sway sur ton cochon avant d’reculer ? C’est par cette phrase colorée et totalement incompréhensible  que le gentil conseiller technique du concessionnaire de roulottes tentait de me dire que je devais impérativement retirer la barre antiroulis de la queue de cochon avant d’effectuer une manœuvre à reculons avec ma roulotte. Bienvenue dans le merveilleux monde du caravaning !  Comme pour la voile, le caravaning possède sa propre terminologie qui emprunte aussi à la langue anglaise. La « queue de cochon » dont faisait référence le gentil conseiller technique, est une composante de l’attelage.  Cette composante termine l’attelage de la voiture et c’est à cet endroit que l’on retrouve la fameuse « boule » de remorquage  et les points d’encrage des barres de torsion et de la barre antiroulis ou « anti-sway » en anglais.  Pour moi une attache remorque se limitait à une boule, 2 chaînes de sécurité et une prise électrique pour faire fonctionner les feux de signalisation de la remorque.  C’était le cas du moins lorsque je louais des remorques pour trimbaler de la terre ou des branches d’arbres. Avec une roulotte, j’ai vraiment l’impression d’avoir gradué de la ligue pee-wee à celle du Midget AAA en matière d’attaches remorques. 
La "queue de cochon" ou "cochon" pour les intimes, est une pièce compact d'acier
 de 18kg.  Au centre la boule qui se fixe au timon de la roulotte. À droite la"petite boule"
pour attacher la barre antiroulis et en dessous les deux points d'attache des barres de torsion qui
permettent de répartir le poids entre la roulotte et le véhicule tracteur.

La "queue de cochon" à "vol d'oiseau" ! à droite la tige carrée
de 2"  qui entre dans la section qui est  fixée après la voiture (hidden hitch)


La fameuse « queue de cochon » est une pièce de métal si massive qu’il faut forcer en « cochon »  pour l’installer sur l’attache remorque de la voiture...mais ce n’est sûrement pas l’origine de ce mot qui est aussi utilisé ailleurs dans la francophonie.  Le truc étrange c’est que la forme de cette pièce d’équipement n’a pourtant rien en commun avec celle du cochon, c’est-à-dire qu’elle n’a rien de tirebouchonné.  Je peux comprendre l’utilisation du mot  queue, car cette pièce termine l’attache remorque sur la voiture comme la queue d’un avion ... mais que vient faire le cochon dans cette histoire ?  Est-ce en relation avec la pièce de ferronnerie ornementale spiralée du même nom, ou du crochet spiralé servant à remorquer des véhicules sur de courtes distances ? Outre le fer ces objets n’ont pourtant rien en commun  avec « ma »  queue de cochon ...je vous entends rire ne faites surtout  pas de rapprochements inappropriés !

Je devrai sans doute me résoudre à ne jamais connaître le fin mot de cette histoire de cochon, à moins que l’un de mes lecteurs ait déjà exploré les méandres de cette énigme étymologique... histoire à suivre donc !

mardi 28 mai 2013

L'inaccessible étoile...

Comme plusieurs « terriens » je me suis inscrit au compte Twitter de Chris Hadfield pendant sa mission à bord de la Station Spatiale internationale (SSI)  qui a duré 5 mois et qui s’est terminé le 16 mai dernier dans les steppes du Kazakhstan à bord d’une minuscule capsule Soyouz,  confortable comme une Lada à l’époque de l’URSS !  Les trois occupants  ont été extirpés de cette boule de métal carbonisée un à un, Chris Hadfield a été sortie  le dernier, manifestement assez affligé par son retour à la pleine gravité.  Mais si notre champion astronaute peut maintenant se glorifier de faire partie des marathoniens de l’espace, il est  encore loin du rêve de coloniser la Lune ou de visiter Mars. En utilisant les modes actuels de propulsion, un voyage vers Mars prendrait entre 12 et 18 mois. Or le record mondial  d’endurance en microgravité est de 14 mois, réalisé par le cosmonaute  Russe Valeri Poliakov en 1994-95 à bord de la défunte station MIR.  Comme Valeri Poliakov, Chris Hadfield demeure un cobaye pour la science de l’espace, car les réactions  du corps humain face à l’absence de gravité,  au rayonnement cosmique  ou au confinement dans un environnement complètement artificiel demeurent encore aujourd’hui très préoccupantes.  À elle seule l’absence de gravité prolongée provoque chez la plupart des voyageurs de l’espace une pléthore de problèmes de santé qui vont de la perte de la masse musculaire et osseuse  aux altérations cardio-vasculaires en passant par la formation de calculs rénaux. Bref, personne ne sort vraiment indemne d’un long séjour dans l’espace !

Chris Hadfield - alors commandant de la SSI (NASA)
Que l’on soit du clan « Star Trek » ou « Star Wars » ou comme moi un baby-boomer qui dès son enfance a été plongé dans l’aventure spatiale par les premières missions habitées russes et américaines, il y a de quoi déchanter.  Il me semble que le rêve d’atteindre le prochain système stellaire en dépassant la vitesse de la lumière s’éloigne de nous à la même vitesse ! Imaginez seulement,  la sonde Voyageur I qui a été lancée en 1977 pour explorer les planètes géantes Jupiter et Saturne vient à peine d’atteindre en 2012 l’héliopause, c’est-à-dire la limite de notre système solaire avant l’espace interstellaire... 35 ans à voyager non pas pour atteindre la prochaine galaxie près de chez nous, mais simplement pour se rendre au bout de notre propre terrain de jeux !  Je ne vous parle pas des dimensions de notre galaxie ou de l’ensemble de l’univers visible, car la démesure est au rendez-vous à une échelle qui n’a vraiment  plus rien d’humain. Au cinéma on a pourtant réussi à maîtriser la gravité (vous aviez remarqué:  personne ne flottait dans le Faucon Millenium de Han Solo ou dans l’Enterprise du capitaine Kirk), à dépasser la vitesse de la lumière sans percuter d’étoiles au passage et communiquer avec sa base en temps réel, même à 100 années-lumière de distance !  Mais dans la réalité ordinaire du XXIe siècle, les navettes spatiales ont été mises au rancard, car elles étaient  trop complexes, trop dangereuses pour leurs équipages et trop coûteuses  à opérer...  On n’est donc encore loin de L’Enterprise ou du Faucon Millenium  !!  La NASA revient même en arrière pour ses prochaines missions habitées en développant une nouvelle capsule (Orion)  qui s’inspire de celle du projet Apollo....retour sur terre en parachutes et « splashdown » dans  l’océan !  Même la fusée lunaire de Tintin faisait mieux en revenant à sa base avec un puissant  moteur nucléaire de descente.



La sonde robotisée Curiosity sur Mars   (vision d'artiste NASA)

Sans être pessimiste, je crois donc que la conquête de l’espace par l’humanité a déjà atteint son ultime frontière, pour paraphraser le capitaine Kirk.  Bien sûr nous irons probablement sur Mars (l’échéance est constamment repoussée cependant)  comme nous avons été sur la Lune, c’est-à-dire simplement pour ajouter un trophée sur le mur et quelques connaissances à celles que les robots Spirit, Opportunity,Curiosity et tous les autres ont déjà fait parvenir à la terre. Notre connaissance actuelle de l’univers tient d’ailleurs beaucoup plus au progrès de l’observation par les grands télescopes et les sondes automatiques (de plus en plus « intelligentes ») qu’à nos quelques acrobaties en apesanteur.  Je suis d’accord, les astronautes nourrissent notre imaginaire et les prouesses, comme les voyages à la Lune,   ont été de puissants moteurs pour le développement technologique. Mais au bout du chemin, un constat s’impose : nous ne sommes pas faits pour vivre à l’extérieur de notre « niche écologique » et nous ne pouvons espérer, à l’intérieur d’une seule vie,  atteindre une autre planète qui nous offrira les conditions dont nous avons besoin pour survivre...d’où la nécessité de se préoccuper d'abord de notre environnement, car malheureusement il n’y a pas de terre de remplacement dans la banlieue immédiate du système solaire !

lundi 27 mai 2013

Petites retouches à la Grenouille...

En gros, notre roulotte (alias la Grenouille) correspond bien à nos besoins, mais en bon bricoleur j'ai finalement identifié quelques petites améliorations que le manufacturier américain aurait pu inclure dans son produit simplement en l'utilisant en conditions réelles (!) ou en lisant son propre forum de discussions sur la R-Pod ( http://www.rpod-owners.com/forum ). Ce forum est très instructif, car les utilisateurs partagent entre eux  leurs expériences et les améliorations qu'ils apportent à leur caravane au fil des ans.  Ok,  il est en anglais, mais ce nest pas un forum de philosophie ! La terminologie du « caravaning » est plutôt simple à traduire, et plusieurs interventions sont accompagnées de photographies. Bref, un truc assez essentiel pour tous les novices qui comme moi souhaitent améliorer leur compréhension de « la bête » et en corriger les petites lacunes.

Si  l'enfer est dans les détails, l'excellence est également dans le souci du détail ! Des exemples me dites-vous ?  En voici un très simple: sous l'une des banquettes de la dînette, il y a un espace de rangement assez grand pour loger bien des choses. Pour y accéder, vous devez dabord retirer le coussin du dossier et celui du siège et finalement soulever un couvercle en contre-plaqué. Or ce fameux couvercle qui est encastré dans la base de la banquette ne comporte aucune poignée ou trou pour y glisser les doigts et une fois ouvert aucun crochet ou mécanisme de retenus ne permet de tenir cette trappe ouverte...pratique nest-ce pas pour y déposer ou y chercher des objets  !  En ajoutant une simple ganse de tissus sur la trappe et en fixant un aimant sur la paroi de la dînette, j'ai pourtant réglé ce petit irritant pour la somme de 2 $. Même chose pour le panneau d'armoire situé immédiatement au-dessus du bloc-cuisine, aucun mécanisme de retenue nété prévu pour ce panneau qui s'ouvre pourtant vers le haut !  Comme la poignée de l'armoire est en acier il ma suffi d'ajouter un petit aimant au plafond du bloc-cuisine (section amovible de la roulotte ou  « slide out » ) pour y retenir panneau.
Le couvercle avec sa poignée de tissus

Un petit aimant retient le couvercle.




Parmi les suggestions d’améliorations des participants au forum R-Pod, l’une d’entre elles revenait à quelques reprises. Pour accroître la surface de travail dans la section cuisinette, certains ont ajouté un couvercle ou une planche à découper en bois par-dessus les deux ronds au propane. Cette  nouvelle surface est idéale pour couper les légumes ou préparer un plat.  Comme dans plusieurs roulottes, il est également possible de recouvrir le lavabo d’un couvercle de plastique (fourni avec la R-Pod), mais cette option est beaucoup moins intéressante, car on n’a souvent besoin d’eau avant de faire cuire les aliments !! J’ai donc décidé de retenir la suggestion des participants au forum, mais en y ajoutant mon grain de sel !  Comme l’espace et le poids sont comptés dans une roulotte, j’ai donc décidé de donner une double vocation à ce fameux couvercle. Ainsi, en y ajoutant 4 pattes,  mon couvercle se transforme en petite table basse... pratique pour prendre le thé d’après-midi « avec classe »  à l’extérieur de la roulotte. L’assemblage est très simple :  aux 4 coins,  sous le couvercle,  il y a un bloc de 1 ½’’ d’épaisseur avec une cavité d’un pouce de diamètre dans laquelle vient s’emboîter une patte du même diamètre (voir la photo plus bas). Au fond de chaque cavité il y a un petit aimant qui retient la patte, elle-même munie d’une petite plaque métallique à son sommet, sans rien visser ou serrer les pattes demeurent donc bien en place.



Une autre suggestion qui revenait souvent concerne l’ajout de petites tablettes dans la section cuisinette. Là aussi j’ai retenu l’idée en ajoutant sous une tablette un distributeur à essuie-tout. Je n’ai pas osé visser mes deux nouvelles tablettes (réalisé en pin pour la légèreté) sur les parois de la cuisinette, car ces parois correspondent à la section qui coulisse vers l’extérieur de la roulotte (slide out).  J’ai donc utilisé un ruban collant à double face de bonne qualité (3M en mousse grise conçus pour l’extérieur), pour fixer les tablettes... qui de toute manière n’auront pas à supporter de très lourdes charges (épices, tasse à mesurer, etc.).

Les ronds au propane de la cuisinette ...
...avec le nouveau  couvercle de bois...
...qui se transforme en petite table à l'heure du thé !

Les pattes sont maintenues en place par des aimants.


Les autres améliorations que j’ai apportées demeurent relativement mineures, mais je suis convaincu qu’après notre périple dans l’ouest je reviendrai avec plein d’autres idées en tête. Pas simple de réprimer le bricoleur en moi ! 







mardi 21 mai 2013

Des navires de guerre dans le port de Québec !


Je suis toujours dans l’exploration des archives photographiques de mon père. Je crois l’avoir déjà dit j’ai une passion pour les photographies anciennes, elles sont comme autant de fenêtres ouvertes sur le passé. En observant attentivement les détails contenus dans une seule photographie, on peut arriver à tirer de précieux renseignements sur l’époque où elle a été prise.  Par bonheur mon père a été initié à la photographie par l’un de ses bons amis au début des années 40.  Même si la ville de Québec était éloignée des principaux théâtres opérationnels de la Seconde Guerre mondiale, elle vivait au rythme du conflit notamment par son port qui accueillait régulièrement des navires de guerre. Sans doute fasciné par ces navires et l’effervescence qui régnait dans le port, mon père a baladé son « Kodak » sur les quais captant parfois des navires qui ont marqué l’imaginaire du conflit. Plutôt curieux de nature je le soupçonne même d’avoir bravé certains interdits de circulation pour capter de bons clichés !

L’un des tristement célèbres U-boats  allemands qui chassaient en meute sur l’Atlantique Nord  et qui ont coulé tant de navires, a déjà accosté au port de Québec, mais il portait alors les couleurs de la Marine Royale Canadienne. En fait, à la capitulation de l’Allemagne, en mai 1945, les sous-marins allemands ont été sommés de se rendre aux forces alliées. C’est ainsi que l’équipage du U-190 s’est rendu en plein Atlantique à la frégate canadienne HMCS Victoriaville sous la gouverne du capitaine Lester Hickey.  Le U-190 a été amené par la suite dans les ports de Saint-John’s, Halifax et finalement Québec où Louis Payeur l’immortalisa.  Après une très courte carrière dans la marine canadienne , le U-190 fut utilisé comme cible en 1947 lors d’un exercice et coulé au large de Terre-Neuve non loin de l’endroit où le sous-marin avait lui-même envoyé par le fond le dragueur de mines canadien HMCS Esquimalt, le dernier navire canadien à avoir été coulé par une action ennemie lors de la Deuxième Guerre mondiale. Une manère de se venger sans doute !

Le U-boat U-190 dans le port de Québec en 1945 sous pavillon canadien. (photo Louis Payeur)


Le S/S Pasteur, en gris clair..
...à Québec en 1945
Deux autres clichés d’un autre bâtiment ont retenu mon attention. Un navire qui à première vue avait les allures d’un paquebot de croisière, mais peint complètement en gris pâle et équipé de deux canons à la poupe et de mitrailleuses antiaériennes sur le pont.  Le nom du navire avait été peint de la même couleur que la coque, comme si on avait voulu masquer son identité.  En zoomant sur le nom du navire je découvre qu’il s’agit du « Pasteur », avec un nom pareil je n’avais pas de doute sur la nationalité du navire.  Mes recherches sur le web ont tôt fait de donner des résultats, car le S/S Pasteur est un navire de légende pour la France. Lancée comme paquebot de croisière le 15 févirer 1938 à Saint-Nazaire,  le Pasteur fut réquisitionné  par la Royal Navy britannique dès septembre 1939, où il est repeint et armé. C’est en juin 1940 qu’il fait route pour la première fois vers le Canada pour transporter vers Halifax une partie des réserves d’or de la Banque de France, question de les mettre à l’abri à la Banque du Canada.  Mon père l’a photographié en 1945 dans le port de Québec, il provenait alors du port de Southampton en Angleterre et ramenait des soldats après la victoire des forces alliés.  Après la guerre le S/S Pasteur a navigué à nouveau sous pavillon français et  a participé comme transport de troupes pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie.


Aucun doute sur l'identité du navire.

Dernière curiosité, la photographie de deux bâtiments de guerre américains, dont l’un, est équipé d’une catapulte de lancement sur laquelle on retrouve un avion de reconnaissance aux ailes repliées. Cet appareil assez étrange avec un seul flotteur sous sa carlingue (et deux petits sous les ailes, invisibles sur l'image) est un Curtiss SC-1 Seahawk destiné d’abord à la reconnaissance en mer.  Mis en service en 1944, il marqua à sa manière l’histoire de la US Navy, car ce fut le dernier appareil de reconnaissance embarqué à être construit pendant la Deuxième Guerre mondiale.  Des versions du même appareil avec train d’atterrissage ont également été fabriquées pendant le conflit par son constructeur Curtiss-Wright Corp. (source: Encyclopédie Mondiale des avions militaires de 1914 à aujourd'hui, Paris, CELIV, 1989 p. 331)

Un avion de reconnaissance Curtiss SC-1 Seahawk sur sa catapulte.


samedi 18 mai 2013

Le Louis-Jolliet... du temps où il traversait le fleuve


Un simple petit clin d’œil :   l’échouement du Louis-Jolliet, à la pointe de Sainte-Pétronille cette semaine,  m’a rappelé que dans les archives de mon paternel il y avait au moins deux clichés du Louis-Jolliet à l’époque où il était un traversier entre Québec et Lévis.  Sur les clichés on reconnaît bien le profil de sa coque et de son unique cheminé (au lieu de 2 aujourd’hui) , mais le Louis-Jolliet a été passablement modifié lorsqu'il fut transformé en navire d'excursion en 1976.

Les hublots de la timonerie ont été modifiés et une deuxième cheminée a été ajoutée.

Le pont inférieur a été protégé par une paroi continue fenêtrée pour le confort des excursionnistes. 

mercredi 15 mai 2013

Mon grand-père Philippe Grenier


Les vieux négatifs ont remplacé les cigarettes

Dans les fameuses boîtes de cigarettes en métal « Sportsman » et « Sweet Caporal » où mon père conservait ses négatifs, j’ai également retrouvé des clichés qui appartenaient à ma mère et qui ont été prises à différentes époques avant le mariage de mes parents. Parmi les photos les plus anciennes, certaines pourraient avoir été prises avant la naissance de ma mère au début des années 20, mais le peu de repères chronologiques dans les images ou sur la pellicule elle-même ne permet pas de dater ces photos avec certitude. Mais peu importe, j’ai retrouvé avec bonheur des photographies inédites de mon grand-père et de ma grand-mère maternelle et bien sûr de ma mère et de mes tantes à l’époque de leur enfance et de leur adolescence.

Philippe Grenier au deuxième rang à droite, à gauche son meilleur ami Émile Laplante, journée au camp de pêche avec Monsieur le curé. 


Monsieur le Maire dans son champ !
Mon grand-père Philippe Grenier était pour moi un personnage plus grand que nature. Le passage du temps n’a fait que magnifier et embellir  mon souvenir de cet homme que j’ai peu connu. En effet,  je n’avais pas 10 ans lorsqu’il décéda en 1962 à l’âge de 82 ans.  Il faut l’avouer, j’avais également  peur de cet homme au visage sévère, à la tignasse blanche immaculée et à la forte corpulence. Jusqu’à 7 ans,  je l’ai côtoyé de très près puisque nous habitions dans le logement qu’il avait aménagé pour mes parents à l’étage de sa belle maison ancestrale du Chemin Royal à Villeneuve. Villeneuve qui fut d’abord Beauport Est (avant 1951), puis avec les fusions municipales devint Beauport (en 1976)  et maintenant Québec (en 2002).  Mon grand-père fut d’ailleurs le maire de Beauport Est en 1931et 1932 et de 1939 à 1944. C’était un touche-à-tout, mais il était d’abord menuisier de métier. Derrière la maison familiale, il y avait un hangar au parement de tôles grises qui ne payait pas de mine, mais qui exerçait une véritable fascination pour le jeune enfant que j’étais. C’était le repère de mon grand-père !  Au rez-de-chaussée du bâtiment on retrouvait un véritable bric-à-brac d’outils de jardinage, de vieux meubles et d’objets de toutes sortes, près de l’entrée il y avait un escalier abrupt  qui aboutissait sur une trappe que l’on devait pousser pour atteindre le repère du grand-père à l’étage. C’est en effet au premier que se trouvait son atelier où trônait au centre l’impressionnant « banc de scie » et son énorme moteur électrique qui une fois lancé faisait trembler les planches du vieil édifice de même que mes petites jambes d’enfant.  Je me souviens que l’un des murs de son atelier était couvert de rabots, de bouvets, de vastringues et bien sûr de varlopes ! Je me souviens de l’avoir aperçu par l’une des  fenêtres à carreau en train d’aiguiser ses égoïnes avec ses petites limes triangulaires, un travail de patience que la plupart des menuisiers d’aujourd’hui ont délaissé au profit des scies  circulaires portatives  aux lames en carbure quasi inusables...  on n’arrête pas le progrès ! Malheureusement mon grand-père est décédé avant de me transmettre sa connaissance du travail du bois, mais sans le vouloir il m’a transmis sa propre passion,  simplement en vivant à mes côtés.



Le patriarche dans sa maison 
Avalé par les grandes villes,  il reste peu de choses de Villeneuve, ce « petit bourg charmant »  qui a été labouré au nom du « progrès ». Dès  les années 50 les ciments du Saint-Laurent ont débuté l’exploitation d’une gigantesque carrière de calcaire au bout des terres de mon grand-père afin d’alimenter la tristement célèbre cimenterie de Montmorency  qui a empoisonné l’existence de ses citoyens pendant quelques décennies. Ensuite,  à la fin des années 60 l’autoroute 40 a littéralement divisé Villeneuve en deux  en plus de faire disparaître de belles maisons ancestrales sur le Chemin Royal. Finalement la baisse de la ferveur religieuse a eu également raison l’église de Villeneuve qui a disparu sous le pic des démolisseurs en 2012, laissant place à un énorme complexe immobilier. Ce n’était pas un chef-d’œuvre d’architecture, mais c’était l’un des rares monuments publics à rappeler la mémoire de Villeneuve et de son unique paroisse,  Saint-Thomas. On densifie le territoire, c’est maintenant le mot d’ordre de la grande ville carburant au progrès  !!!  Il reste bien sûr de belles maisons ancestrales sur le Chemin Royal pour rappeler ce que nous avons été et la rue Philippe-Grenier de l'arrondissement Beauport  pour honorer la mémoire de ce maire qui fut mon grand-père.


mardi 14 mai 2013

De vieilles images du passé...




Eastman Kodak à soufflet format 116
Je fais une pause dans la préparation du voyage dans l’ouest pour vous parler de ma passion pour la photographie et les vieilles images. Ma passion pour la photographie me vient sans contredit de mon père Louis qui a acquis son premier appareil photo dans les années 40, un appareil Kodak à soufflet qui utilisait des rouleaux de pellicules au format 116 qui produisaient des négatifs  si grands (2 ½ x 4 ¼) que l’on pouvait facilement se contenter d’un tirage par contact. Ce que fit mon père, car la majorité des positifs que j’ai retrouvés dans ses archives avait la même taille que les négatifs, aucun agrandisseur n’était donc requis  !  À ma naissance, dans les années 50, mon père utilisait toujours le bon vieux Eastman Kodak à soufflet,  mes premières années de vie ont d’ailleurs été immortalisées par cet appareil. Plus tard,  au début des années 60,  la diapositive couleur s’imposera et mon père délaissa le format 116 pour le format 127 avec un appareil plus compact  doté d’un flash amovible  à ampoule :  le fameux Kodak Brownie Starmatic qui capta  tous les grands moments de notre vie de famille ! 
Kodak Brownie Starmatic format 127

Depuis un peu plus d’un an j’ai entrepris une tâche de moine, celle de numériser le patrimoine photographique de mon père et ce, autant pour les négatifs  et positifs noir et blanc que pour les diapositives.  Pour les diapositives  et les positifs noir et blanc, j’ai pu utiliser un petit numériseur Epson  (modèle Perfection 1660 photo) qui peut à la fois numériser des positifs et des négatifs. Mais au-delà du format 127, j’ai dû utiliser une autre stratégie, car les négatifs de format 116 ne tenaient pas dans le support du numériseur et débordaient de la zone prévue pour l’éclairage par transparence. J’ai  donc phototographié  ces grands négatifs en utilisant un reflex numérique Canon (T2-i avec objectif macro),  un trépied avec la tête inversé et un iPad en guise de boîte lumineuse (recouvert d’une pellicule blanche pour diffuser les pixels de l’écran) . Une petite application gratuite permet en effet de transformer l’écran d’un  iPad en source lumineuse (cherchez « lumière gratuite » sur apps store). Le résultat obtenu est très satisfaisant. Bien sûr les retouches sur Photoshop et lightroom étaient nécessaires, d’abord pour inverser l’image en positif  des négatifs et réparer les outrages du temps occasionnés le plus souvent par de mauvaises conditions de conservation. Imaginez ! Mon père entreposait ses négatifs empilés les uns sur les autres  dans de vieilles  boîtes de cigarettes en métal (des pièces de collection en soit !), par bonheur certains d’entre eux étaient en excellent état, mais d’autres demandaient jusqu’à 30 minutes de retouches,  simplement pour faire disparaître les égratignures ou les taches sur l’émulsion.  Il faut bien sûr le faire ce travail avec doigté pour ne pas altérer le contenu des images. Bref, plusieurs heures de plaisir !!!

Louis Payeur au Lac Jourdain en 1947
L’effort en valait la chandelle toutefois, car non seulement j’ai retrouvé des photographies inédites de notre famille, mais d’autres qui témoignent de la « petite histoire » du Québec. Jeune adulte mon père a photographié son milieu de vie et certains événements marquants. À la fin de la Deuxième Guerre mondiale il avait 19 ans, trop jeune pour faire la guerre il  a fait partie de l’armée de réserve, quelques photos en témoignent. Son appareil photo l’a toujours suivi dans ses déplacements dans les rues de Québec, mais également à Sainte-Anne-de-la-Pérade et au nord de Dolbeau au lac Jourdain où l’espace d’un hiver il a été magasinier dans un camp de bûcheron. Les photographies prises au lac Jourdain sont d’ailleurs tout à fait remarquables et témoignent d’un mode d’exploitation forestière que la mécanisation a fait complètement disparaître.  





















Le cuisinier du camp de bûcheron...l'homme le plus important !!! 

samedi 11 mai 2013

Vivement le moteur à fusion nucléaire !


Nous sommes officiellement entrées dans la période des derniers préparatifs à notre traversée du Canada.   Depuis le mois de mars, j’ai planifié les différentes étapes de ce voyage et j’ai même réservé la majorité des terrains de camping.  Le bibliothécaire en moi (c’était ma profession avant la retraite) n’aime pas vraiment l’improvisation !!!  Au total nous allons parcourir 4069 kilomètres entre la Ville de Québec et celle de Canmore en Alberta.  Notre itinéraire comporte 8 étapes pour 11 jours de voyage, car nous allons nous attarder un peu plus à Ottawa, à Pancake Bay (sur la rive du Lac Supérieur) et à Winnipeg.  Nous allons parcourir 508 kilomètres par étape en moyenne. Notre plus petite étape sera entre Medecine Hat et Canmore  (390 km) et la plus longue entre Thunder Bay et Winnipeg (685 km). Il faut tenir compte du fait que nous tirons une roulotte de 1135 kilos et que nous devrons faire un arrêt à la pompe à tous les 300 kilomètres environ. Normalement notre Toyota Rav-4 v6 peut parcourir près de 550 kilomètres avec un seul  plein, mais notre expérience récente à Montmagny nous a démontré que la masse que nous tirons fait grimper la consommation d’essence de manière significative. Il faut donc prévoir entre  14 et 17  pleins d’essence jusqu’à destination. Si le prix de l’essence peut se maintenir à son niveau actuel (1,30$ le litre), le budget carburant pour l’aller seulement devrait donc atteindre ou légèrement dépasser les 1000 $.  Ce constat m’amène à regretter que le moteur à fusion nucléaire de la Deloreane modifiée, qui fonctionnait avec un fond de bière et quelques déchets domestiques dans le film de Robert Zemeckis « Back to the Future »,  ne soit pas encore disponible chez un  « Mister Fusion » au coin de la rue.  Bon, à la limite je pourrais me satisfaire d’un simple moteur à hydrogène ou électrique alimenté par une pile à combustible performante, mais les lobbys du pétrole sont sans doute encore trop fort pour favoriser les investissements requis dans la recherche et le développement de ce genre d’énergie renouvelable et peu polluante. Il faudra sans doute attendre que le dernier puits de pétrole ait suinté sa dernière goutte pour qu'un « Mister Fusion » puisse commencer à offrir des franchises de son entreprise !  

jeudi 9 mai 2013

À n'en perdre la boule !




Notre roulotte au camping de la Pointe-aux-Oies
Ouf !  Nous sommes enfin installés depuis quelques heures sur le site 229 du camping de la Pointe-aux-Oies à Montmagny, la température est presque trop chaude pour cette période de l'année, nous ne sommes que le 7 mai et le mercure flirt avec les 31 degrés... Nous commençons à apprécier l'environnement, le soleil plombe sur le bassin à l'embouchure de la rivière du sud, le traversier de L’Isle-aux-Grues vient de déverser son flot de voitures et de piétons sur le quai, les bourgeons des arbres commencent à éclater...bref nous sommes en état de contemplation !!!  Mais c'était loin d'être le cas ce matin à 9h au moment où nous devions accoupler la remorque à notre voiture... l'enfer !  En raison de la pente de 6 degrés de notre allée de garage, l'angle était  trop important pour permettre à la boule de l'attache remorque de s'accoupler facilement à la flèche de la roulotte... je passe les détails, mais après avoir soulevé la voiture avec un cric et réalisé plusieurs manoeuvres délicates, la fameuse boule est finalement entrée dans son logement... mais en y ajoutant un peu de lubrifiant, je m’arrête ici la description deviendrait scabreuse !   Il fallait maintenant installer les barres de torsion et le système antiroulis de la roulotte... Nous devions quitter la maison vers 9h, c'est finalement épuisés à 11h30 que nous partions en direction de Montmagny, mais après un seul coin de rue les freins électriques de la roulotte se sont actionnés, paralysant sur le champ notre folle équipée !!  Je descends de la voiture pour me rendre compte que la laisse du frein d'urgence (un minuscule câble d'acier) avait extirper la goupille de la petite boîte de contrôle qui actionne automatiquement les freins électriques de la roulotte lorsque cette dernière se détache du véhicule tracteur. Heureusement, rien de tel n'était arrivé, mais comme j'avais mal positionné la laisse elle s'est tout simplement coincée dans la tubulure de l'attache remorque lors du premier virage et a arraché la fameuse goupille ... OK !  On prend des notes sur l'ensemble de nos misères, au fond c'était le but de cette première sortie de prendre de l'expérience et de corriger les petites erreurs de parcours.



Un voilier parmi tant d'autres !
Fort heureusement le reste du trajet, incluant le désaccouplement de la roulotte au camping, a été de la guimauve! En après-midi nous nous sommes payé le luxe d'une petite sieste à l'air conditionné, car nous étions en plein décalage saisonnier, notre esprit n’arrivant pas à concilier les trente degrés ambiants avec la présence des oies des neiges et des bourgeons dans les arbres . Sortie à peine de plusieurs mois de quasi-hibernation nous avions besoin d’un petit pallier de décompression pour éviter une ivresse estivale prématurée !

À la pointe de la Pointe-aux-Oies, le soleil forme un pont d'or sur la surface du fleuve.

La soirée nous a réconciliés avec cette journée, qui par moment,  avait les allures d'une course à obstacles. Le coucher de soleil à Montmagny était tout simplement magnifique créant un pont d'or entre les deux rives du fleuve, tout cela avec des milliers d'oies qui nous entouraient... le paradis était finalement à la Pointe-aux-Oies cette soirée de mai !