mardi 21 mai 2013

Des navires de guerre dans le port de Québec !


Je suis toujours dans l’exploration des archives photographiques de mon père. Je crois l’avoir déjà dit j’ai une passion pour les photographies anciennes, elles sont comme autant de fenêtres ouvertes sur le passé. En observant attentivement les détails contenus dans une seule photographie, on peut arriver à tirer de précieux renseignements sur l’époque où elle a été prise.  Par bonheur mon père a été initié à la photographie par l’un de ses bons amis au début des années 40.  Même si la ville de Québec était éloignée des principaux théâtres opérationnels de la Seconde Guerre mondiale, elle vivait au rythme du conflit notamment par son port qui accueillait régulièrement des navires de guerre. Sans doute fasciné par ces navires et l’effervescence qui régnait dans le port, mon père a baladé son « Kodak » sur les quais captant parfois des navires qui ont marqué l’imaginaire du conflit. Plutôt curieux de nature je le soupçonne même d’avoir bravé certains interdits de circulation pour capter de bons clichés !

L’un des tristement célèbres U-boats  allemands qui chassaient en meute sur l’Atlantique Nord  et qui ont coulé tant de navires, a déjà accosté au port de Québec, mais il portait alors les couleurs de la Marine Royale Canadienne. En fait, à la capitulation de l’Allemagne, en mai 1945, les sous-marins allemands ont été sommés de se rendre aux forces alliées. C’est ainsi que l’équipage du U-190 s’est rendu en plein Atlantique à la frégate canadienne HMCS Victoriaville sous la gouverne du capitaine Lester Hickey.  Le U-190 a été amené par la suite dans les ports de Saint-John’s, Halifax et finalement Québec où Louis Payeur l’immortalisa.  Après une très courte carrière dans la marine canadienne , le U-190 fut utilisé comme cible en 1947 lors d’un exercice et coulé au large de Terre-Neuve non loin de l’endroit où le sous-marin avait lui-même envoyé par le fond le dragueur de mines canadien HMCS Esquimalt, le dernier navire canadien à avoir été coulé par une action ennemie lors de la Deuxième Guerre mondiale. Une manère de se venger sans doute !

Le U-boat U-190 dans le port de Québec en 1945 sous pavillon canadien. (photo Louis Payeur)


Le S/S Pasteur, en gris clair..
...à Québec en 1945
Deux autres clichés d’un autre bâtiment ont retenu mon attention. Un navire qui à première vue avait les allures d’un paquebot de croisière, mais peint complètement en gris pâle et équipé de deux canons à la poupe et de mitrailleuses antiaériennes sur le pont.  Le nom du navire avait été peint de la même couleur que la coque, comme si on avait voulu masquer son identité.  En zoomant sur le nom du navire je découvre qu’il s’agit du « Pasteur », avec un nom pareil je n’avais pas de doute sur la nationalité du navire.  Mes recherches sur le web ont tôt fait de donner des résultats, car le S/S Pasteur est un navire de légende pour la France. Lancée comme paquebot de croisière le 15 févirer 1938 à Saint-Nazaire,  le Pasteur fut réquisitionné  par la Royal Navy britannique dès septembre 1939, où il est repeint et armé. C’est en juin 1940 qu’il fait route pour la première fois vers le Canada pour transporter vers Halifax une partie des réserves d’or de la Banque de France, question de les mettre à l’abri à la Banque du Canada.  Mon père l’a photographié en 1945 dans le port de Québec, il provenait alors du port de Southampton en Angleterre et ramenait des soldats après la victoire des forces alliés.  Après la guerre le S/S Pasteur a navigué à nouveau sous pavillon français et  a participé comme transport de troupes pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie.


Aucun doute sur l'identité du navire.

Dernière curiosité, la photographie de deux bâtiments de guerre américains, dont l’un, est équipé d’une catapulte de lancement sur laquelle on retrouve un avion de reconnaissance aux ailes repliées. Cet appareil assez étrange avec un seul flotteur sous sa carlingue (et deux petits sous les ailes, invisibles sur l'image) est un Curtiss SC-1 Seahawk destiné d’abord à la reconnaissance en mer.  Mis en service en 1944, il marqua à sa manière l’histoire de la US Navy, car ce fut le dernier appareil de reconnaissance embarqué à être construit pendant la Deuxième Guerre mondiale.  Des versions du même appareil avec train d’atterrissage ont également été fabriquées pendant le conflit par son constructeur Curtiss-Wright Corp. (source: Encyclopédie Mondiale des avions militaires de 1914 à aujourd'hui, Paris, CELIV, 1989 p. 331)

Un avion de reconnaissance Curtiss SC-1 Seahawk sur sa catapulte.


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